Qu’est-ce qui se passe lorsque j’appelle chez Sport’Aide?

Voici que tu prends ton courage à deux mains et que tu composes enfin le 1-833-211-AIDE(2433). Tu y réfléchissais depuis longtemps. C’est après avoir vu le numéro de Sport’Aide sur l’affiche au gymnase, sur YouTube ou sur Instagram? Peut-être est-ce depuis que tu as parlé avec un ami ou un coéquipier qui t’a conseillé d’appeler – peu importe – que tu te demandes : « Si je devrais appeler? Que vont-ils penser? Que peuvent-ils faire pour moi? Qui me répondra? ».  Toutes ces questions, elles sont légitimes, mais rassure-toi l’équipe de Sport’Aide t’ouvre sa porte à l’instant afin de te livrer son secret!

Lorsque tu appelles à la ligne sans frais de Sport’Aide, ce sera toujours un ou une intervenant(e) qui te répondra. À ce moment-là, libre à toi, tu peux te nommer ou tu peux même rester anonyme, en disant à l’intervenant que tu ne désires pas donner ton nom. Il n’y a absolument aucun problème! Cela ne change en rien la discussion que tu auras avec lui, ou avec elle.  De toute façon, tu dois savoir que tout ce qui se dit demeure confidentiel; c’est-à-dire que l’intervenant n’en parlera absolument à personne. Même si ton coach nous contacte pour savoir si tu as appelé; motus et bouche-cousue!

Cela dit, tu peux poser toutes les questions qui te viennent à l’esprit : parler de ce qui ne va pas, être fâché ou même pleurer si tu en ressens le besoin. Personne ne va te juger puisque les intervenants sont là pour toi. Disons que, nous, les intervenants, on en a déjà entendu « des vertes pis des pas mûres »! Tu n’es probablement pas la première personne qui soit gênée, dévastée, mêlée, triste, coupable ou bien mal à l’aise de parler de ce que tu vis. Tout au long de la discussion, l’intervenant te posera certainement des questions qui quelques fois ne seront pas faciles à répondre, d’autres pour lesquelles tu ne connais pas la réponse, ou parfois même des questions qui te sembleront intrusives ou « pas rapport ».  Ne t’en fais pas, c’est normal. Ces questions, l’intervenant te les pose pour mieux comprendre ta situation.

À la fin de l’appel, peut-être te sentiras-tu mieux simplement parce que tu en auras parlé. Ça se peut très bien! Et si tu souhaites aller plus loin, l’intervenant évaluera avec toi les différentes possibilités. Il te conseillera probablement d’autres organismes dans ta région où tu pourras rencontrer un intervenant en personne ou te donnera le numéro d’un psychologue afin d’avoir un suivi plus à long terme. Cet appel vers une autre ressource pourrait même être fait ensemble, si c’est plus facile pour toi.  Autrement, l’intervenant te donnera peut-être aussi le numéro de ta fédération sportive, t’expliquera pourquoi tu dois les appeler et te conseillera dans cette démarche. Il pourrait également arriver, si tu le veux, qu’il t’envoie par courriel des documents à lire pour te donner de l’info. Enfin, peut-être te fournira-t-il des solutions ou des actions à poser à court terme, comme écrire une lettre ou te confier à un adulte de confiance dans ton entourage.

Tu vois, les possibilités sont multiples! Les intervenants de Sport’Aide sont là pour toi ou tes amis et ils peuvent t’aider et t’accompagner peu importe ta situation ou ton besoin.

Alors n’hésite pas.  Allez, appelle-nous si tu as besoin!

A.J.F.

Suggestions de lectures Sport’Aide

ENVIE D’UN PEU DE LECTURE? SPORT’AIDE A PENSÉ À VOUS ET VOUS FAIT DES SUGGESTIONS…

Le manuel de l’entraîneur sportif

Linda Morency et al.

[…] Que vous soyez entraîneur débutant ou non, ou que vous gravitiez autour du domaine du sportif, vous trouverez dans Le manuel de l’entraîneur sportif des réponses à un grand nombre de questions sur le développement de l’entraîneur et de l’athlète, telles que : «Comment améliorer mon efficacité en tant qu’entraîneur? Quels sont les aliments à recommander avant une compétition? Comment gérer les relations avec les parents des athlètes? À quels défis particuliers doit faire face une entraîneure?» […]

Agressé sexuellement : de victime à résilient

Alain Fortier

[…] L’auteur lève le voile sur les agressions qu’il a subies. Il nous révèle son processus d’introspection et explique ce que les agressions ont laissé comme séquelles dans sa vie quotidienne. Il fait également la lumière sur la façon dont il a cessé d’être une victime pour redevenir maître de sa vie. […]

Open

André Agassi

[…] Andre Agassi déteste le tennis. Il a joué vingt ans, poussé par un père tyrannique, s’est battu, porté par la rage de vaincre, il a gagné souvent, échoué parfois, mais surtout il a toujours électrisé les foules. Et l’engouement du public pour l’athlète doit beaucoup à l’homme qu’il est, son charisme et sa force, sa vérité. […]

Child Sexual Abuse – Media Representations and Government Reactions

Julia C. Davidson

L’oeuvre fait une évaluation critique du développement des mesures politiques et législatives visant à contrôler les délinquants sexuels. Au cours des quinze dernières années, le gouvernement, les organismes de justice pénale, les médias et le public se sont montrés de plus en plus préoccupés par les abus sexuels commis sur des enfants. Cette inquiétude a été motivée par une série d’événements, notamment des affaires ayant attiré l’attention des médias et impliquant l’enlèvement, l’abus sexuel et le meurtre de jeunes enfants. […]

NB: Lecture anglaise
Cœur ouvert, esprit ouvert

Clara Hughes

[…] L’une des grandes olympiennes canadiennes, seule athlète de l’histoire à avoir remporté plusieurs médailles à la fois à des Jeux d’hiver et à des Jeux d’été, six au total, Clara Hughes partage pour la première fois son parcours exceptionnel. […]

La Performance… à quel prix? : encourager son enfant à se dépasser sainement

Christiane Despatie et al.

[…] Grâce à l’expertise de trois auteurs complémentaires – une coach, la mère d’un athlète olympique et une psychologue –, cet ouvrage vise à munir les parents d’une gamme d’outils pour guider leur enfant qui cherche à se dépasser, peu importe le domaine et l’objectif final. Il fournit des moyens qui favorisent le développement de l’enfant dans un contexte sain et équilibré. Les auteurs font la démonstration probante que c’est dans le plaisir que l’enfant apprend le mieux à se dépasser.

Mémoires d’un dur à cuir

Mathias Brunet

Pour accéder à la LNH, Dave Morissette a miné sa santé. L’obsession d’être gros et fort l’a poussé, comme tant d’autres, à prendre des stéroïdes, des stimulants et toutes sortes de cochonneries. Les effets secondaires? Les séquelles ? Il s’en fichait. Tout ce qui comptait, c’était de jouer dans la grande ligue. Aujourd’hui, Dave Morissette admet que le prix à payer était trop élevé : commotions cérébrales, genoux démolis, points de suture à froid, fractures du nez à répétition, black-out et brûlures d’estomac. Au moins, il a la chance d’être toujours vivant, lui… S’il s’est confié au journaliste sportif Mathias Brunet, c’est dans l’espoir que des jeunes tireront des leçons de son expérience.

Pour celles qui suivront: 50 ans d’histoire de femmes en sport au Canada

Sous la direction de Guylaine Demers, Lorraine Greaves, Sandra Kirby et Marion Lay

Cet ouvrage arrive à point avec les récits d’athlètes, de coaches, de leaders et d’activistes qui ont collaboré à une transformation remarquable de l’univers du sport. Ce mouvement a inclus une vaste gamme d’actrices et d’acteurs, allant des écolières qui luttaient pour des occasions de jouer jusqu’aux universitaires et aux politicien-ne-s qui ont jeté des bases théoriques et défini de nouvelles politiques. Ces personnes ont eu en commun le courage d’innover, de prendre des risques, de revendiquer des droits et de devenir des modèles.

Why I Didn’t Say Anything

Sheldon Kennedy

[…] L’un des talents de hockeyeur les plus prometteurs dans les ligues mineures canadiennes des deux dernières décennies, Kennedy était destiné à connaître une grande carrière au hockey. Mais après avoir été sélectionné par les Red Wings de Detroit en 1988, il a attiré plus d’attention pour ses déveines hors glace que pour ses contributions à la feuille de pointage. En proie à des rumeurs d’abus de drogue et d’alcool et à une série de blessures, Kennedy a dérivé d’une équipe à l’autre. La fin heureuse promise par les gros titres ne s’est jamais matérialisée. Encore hanté par les démons liés aux abus sexuel, la vie de Kennedy s’est échappée sans contrôle. Maintenant, il raconte son histoire et celle de son entraîneur Graham James, sorti de prison et dorénavant entraîneur de hockey en Europe.

 NB: Lecture anglaise
Unsinkable

Silken Laumann

À peine dix semaines avant les Jeux olympiques de 1992, Silken Laumann, championne du monde en aviron (couple), a subi un accident brutal qui lui a brisé la jambe droite. Les médecins doutaient qu’elle puisse de nouveau un jour atteindre les plus hauts niveaux de compétition. Mais vingt-sept jours, cinq opérations et d’innombrables heures de rééducation épuisante plus tard, Silken était de retour dans sa embarcation, prête à poursuivre son rêve. Lorsque le pistolet de départ a retenti le 2 août 1992, elle a fait le retour le plus important de l’histoire sportive canadienne, ramant jusqu’à la médaille de bronze alors que le monde entier regardait, captivée par son histoire remarquable.

NB: Lecture anglaise
Star athletes and addiction : the derailed careers of athletes

Dana Rasmussen

[…] Ce livre porte un regard sur ce que signifie être un athlète professionnel, sur les mécanismes de la toxicomanie et fournit des informations sur ces athlètes dont la carrière a été perturbée en raison de leurs problèmes de dépendance. Project Webster représente un nouveau concept de publication, permettant de classer des sources de contenu disparates dans des livres cohérents, pertinents et informatifs. […]

NB: Lecture anglaise
Flow in sports

Susan Jackson et Mihaly Csikszentmihalyi

Certains appellent cela un “high” naturel. D’autres font référence au fait d’être “dans sa zone”. Peu importe son appellation, “flow” est un état psychologique insaisissable et très recherché que les athlètes, les entraîneurs et les psychologues du sport ont essayé de comprendre, de développer et d’utiliser à leur avantage depuis que Mihaly Csikszentmihalyi l’a abordé pour la première fois au début des années 1970.

NB: Lecture anglaise
À chacun son podium

Sylvie Fréchette

[…] Qui êtes-vous? Qu’est-ce qui vous motive? Qu’est-ce qui vous empêche de réaliser vos ambitions? En vous posant ces questions essentielles et à l’aide d’exemples tirés de son parcours personnel et professionnel, la double médaillée olympique vous convaincra qu’il est à la portée de chacun de monter sur la plus haute marche de son podium.

Champion dans la tête

François Ducasse et Makis Chamalidis

[…] Ce livre, fruit d’une longue expérience du sport de haut niveau, est consacré au «mental» et au parcours de ces personnages exceptionnels que l’on appelle «champions». Remplie d’anecdotes, de citations et d’exemples, cette incursion dans l’univers sportif encouragera le lecteur à aller au bout de ses rêves et à adopter lui aussi une attitude de champion dans sa vie.

Conçu comme un parcours initiatique, Champion dans la tête ne s’intéresse pas uniquement à la performance, mais rappelle également les valeurs que devrait véhiculer le sport, entre autres la générosité, la loyauté, le sens de l’aventure, l’élégance. […]

Mind Gym: An Athlete’s Guide to Inner Excellence

Gary Mack et David Casstevens

[…] Dans Mind Gym, Gary Mack, consultant en psychologie du sport, explique comment votre esprit influence votre performance sur le terrain autant que votre habileté physique, sinon plus. Grâce à quarante leçons accessibles et à des anecdotes inspirantes d’éminents athlètes – dont beaucoup avec lesquels il a travaillé –, vous découvrirez les mêmes techniques et exercices que Mack utilise pour aider les athlètes d’élite à développer leur “muscle” mental. Mind Gym vous donnera l’avantage sur la compétition.

NB: Lecture anglaise
Désavantage numérique

Guillaume Lefrançois et Chantal Machabée

Le 1er septembre 1989, quand le Réseau des sports voit le jour, elle est la première voix que les amateurs de sport du Québec entendent. Près de 30 ans plus tard, le paysage médiatique est aujourd’hui méconnaissable, mais Chantal Machabée a traversé les modes et les époques, accumulant rencontres fascinantes et affectations prestigieuses. Le plus extraordinaire, c’est qu’elle y est parvenue en se démarquant dans un milieu outrageusement dominé par des hommes. […]

BONNE LECTURE!

Bigorexie : Quand le sport devient une addiction

Avez-vous déjà entendu parler de la bigorexie? Ce terme qui, initialement, était utilisé dans le monde du culturisme, pourrait concerner l’ensemble des activités physiques et sportives. Plus connue en Europe, particulièrement en France, la bigorexie (aussi appelée la dépendance au sport, sportoolisme ou anorexie inversée) a été reconnue, en 2011, par l’Organisation mondiale de la santé, comme faisant partie des dépendances comportementales (p.ex., dépendance aux jeux de hasard et d’argent, la dépendance aux jeux vidéo, achats compulsifs, dépendances alimentaires, dépendances sexuelles et affectives).

Cette forme de dépendance est associée aux troubles alimentaires et à la dysmorphie musculaire sans s’y limiter. Les spécialistes du Centre d’Études et de Recherches en Psychopathologie de Toulouse en ont proposé la définition suivante : « la bigorexie est un besoin irrépressible et compulsif de pratiquer régulièrement et intensivement une ou plusieurs activités physiques et sportives en vue d’obtenir des gratifications immédiates, et ce, malgré des conséquences négatives à long terme sur la santé physique, psychologique et sociale ».

Curieux paradoxe s’il en est un puisque les bienfaits de l’activité physique régulière ont été largement documentés dans la littérature (Lubans et ses collaborateurs, 2016; Warburton & Bredin, 2017). Mais comment expliquer qu’une chose si positive puisse devenir néfaste pour la santé ? D’une part, lorsque l’activité physique nuit au fonctionnement social en primant sur toutes les autres sphères de vie (famille, conjoint(e), enfants, travail, amis, etc.). D’autre part, lorsque l’on cesse d’écouter son corps en continuant à s’entrainer bien qu’épuisé, malade ou blessé. Ainsi, la bigorexie s’avère nuisible puisqu’elle amène à faire de l’exercice de manière compulsive et au-delà des limites physiques, physiologiques et psychologique de l’organisme.

Bien évidemment, toutes les personnes qui pratiquent un sport de façon intensive ne développent pas une dépendance. Pour parler de dépendance au sport, plusieurs manifestations doivent être observées. Selon Leone et ses collaborateurs (2005), les personnes souffrant de bigorexie se sentent généralement mal, voire déprimées si elles ne pratiquent pas d’activité physique tous les jours. De plus, elles organisent et planifient toutes leurs journées en fonction de leur activité physique. En outre, elles trouvent qu’elles ne s’entraînent jamais assez et sont obsédées par leur poids et leurs performances. Enfin, selon l’Association Santé et Environnement France (ASEF), la bigorexie peut présenter des risques pour la santé, au-delà des problèmes professionnels, familiaux et psychologiques comme l’épuisement généralisé, les déchirures musculaires, les atteintes tendineuses, les fractures osseuses et l’infarctus.

Les causes

Comme toutes les dépendances, les causes associées au développement de la bigorexie sont multiples et complexes. D’une part, comme l’explique l’ASEF, « la bigorexie peut avoir une origine psychologique : besoin d’augmenter l’estime de soi, de combler un vide affectif ou de modifier l’apparence corporelle qui est sous-estimée ». D’autre part, l’activité physique génère beaucoup de dopamine et d’endorphine, au même titre que la prise de drogues ou les rapports sexuels. Ces molécules agissent comme neurotransmetteurs dans le cerveau et sont associées autant sentiment de plaisir qu’au soulagement de la sensation de douleur et du stress. Ces neurotransmetteurs sont libérés par notre cerveau lors d’expériences que celui-ci associe au plaisir, lui-même reconnu pour jouer un rôle dans les processus de dépendance.

Une autre explication à considérer réside dans l’évolution de notre société occidentale contemporaine qui nous bombarde d’images irréalistes et d’idéaux corporels véhiculés par des médias très présents dans notre quotidien. Cette image idéalisée du corps contribue à développer et entretenir l’insatisfaction face à notre image corporelle, et ce, tant chez les hommes que chez les femmes. Le culte de la minceur étant une réalité assez connue, la pression « imposée » aux hommes pour changer leur apparence afin de devenir plus musclé est elle aussi pointée du doigt. Qui plus est, la valorisation accrue des exploits sportifs individuels propice au dépassement de ses limites pourrait aussi provoquer un entraînement excessif pour atteindre des sommets.

En résumé, si les causes derrière la bigorexie sont multiples, un fait demeure, les conséquences de cette dépendance sont bien réelles et nécessitent que l’on s’y attarde.

Comment s’en sortir ? 

Maintenant que nous en savons davantage sur la bigorexie, que faire pour traiter de cette dépendance ? La première étape vers le mieux-être demande une prise de conscience où parler s’avère primordial. À cet égard, discuter, poser des questions, entamer un travail avec un thérapeute spécialisé en thérapies cognitives et comportementales ou un psychologue du sport est conseillé. Ainsi, un diagnostic pourra être posé et une démarche entamée.

Les personnes qui se questionnent par rapport à leur propre rapport à l’activité physique ou qui se sentent concernées ne doivent pas hésiter à en parler à leur médecin ou tout autre professionnel de la santé et/ou des services sociaux. N’hésitez pas à contacter Sport’Aide qui pourrait être un premier pas vers une discussion, une écoute voire une prise de conscience à ce sujet.

M.-A. D.

Conséquences méconnues du COVID-19 sur les sportifs

La période de crise que traverse actuellement la planète en lien avec le COVID-19 nous affecte évidemment tous et chacun à des degrés différents. La communauté sportive n’y échappe pas. Bien entendu, on pense d’abord à toutes ces ligues professionnelles qui ont dû interrompre leurs activités, à tous ces championnats, événements et tournois qui sont annulés ou reportés… sans parler du plus grand rendez-vous sportif, les Jeux Olympiques de Tokyo qui sont officiellement reportés à 2021.

Il est facile d’éprouver de l’empathie pour les athlètes de tout niveau qui s’investissent dans la pratique de leur discipline sportive et qui risquent maintenant de manquer leurs compétitions tant attendues. Leurs performances et leurs résultats auraient probablement pu avoir une influence déterminante, d’abord sur le plaisir et la satisfaction qu’ils y auraient éprouvé, mais aussi peut-être pour la suite de leur carrière sportive.

Au-delà de ces rendez-vous manqués, ce vide soudain, ce temps libre inhabituel, cette inactivité, le manque de socialisation mais aussi les déceptions et l’incertitude induits par la situation actuelle peuvent être suffisants pour causer de l’anxiété, une certaine détresse psychologique, voire des symptômes de dépression chez nos jeunes sportifs. C’est pourquoi il est important de leur offrir un support en ces temps difficiles pour tous.

Il est important de préciser que ces symptômes ne concernent pas uniquement les athlètes de haut niveau, que tous les sportifs, notamment les plus jeunes peuvent être à risque. Pourquoi? En lien avec notre précédente réflexion sur la bigorexie, le manque d’activité physique de nos jeunes sportifs pourrait induire une sensation de manque et des comportements inhabituels tels que l’insomnie, l’irritabilité, la passivité ou encore les troubles du comportement alimentaires. En outre, nos jeunes sportifs qui sont habitués à se dépenser plusieurs heures par jour, se retrouvent en déficit de dopamine et d’endorphine, ces fameuses molécules associées au plaisir… Enfin, l’arrêt soudain et parfois complet de toute activité physique imposé par le confinement actuel les confronte peut-être au rapport particulier qu’ils entretiennent pour leur pratique sportive.

Ainsi, les athlètes de haut niveau, les jeunes sportifs mais aussi la très grande majorité d’entre nous ont dû cesser leurs activités physiques habituelles avec la fermeture des différents espaces sportifs (centres sportifs, salles d’entrainement, piscines, terrains, etc.). Les risques de subir les contrecoups de cet arrêt soudain sont bel et bien présents pour l’ensemble des sportifs, peu importe leur niveau de pratique.

Pour toutes celles et ceux qui pourraient avoir l’impression d’avoir perdu leurs repères, ne plus se reconnaitre, de ressentir un vide ou un malaise depuis le début du confinement et l’arrêt de leur pratique sportive, sachez que votre ressenti est tout à fait normal et qu’il pourrait être directement lié à l’arrêt soudain et drastique de votre activité physique.

Comment surmonter le tout?

La première étape consiste à en prendre conscience et en parler. Pour ce faire, nous tenons à vous rappeler que vous pouvez contacter nos différent(e)s intervenant(es) de Sport’Aide. Notre équipe est disponible en tout temps pour vous écouter et vous soutenir durant cette période particulière.

Sachez aussi qu’il existe plusieurs façons de maintenir un niveau d’activité physique chez soi afin de favoriser la sécrétion une quantité minimale de ces molécules créatrices et libératrices de bien-être. À ce titre, nous vous invitons à parcourir les publications de vos fédérations ou clubs respectifs qui donnent souvent des idées d’exercices à faire à la maison (ex. : Hockey Québec). Sinon, pourquoi ne pas profiter de ces périodes de repos forcé pour tenter de découvrir de nouveaux champs d’intérêt ou renouer avec une passion oubliée ou parfois négligée par manque de temps ? Finalement, bien que l’activité physique prenne une place prédominante dans la vie de tout sportif, l’occasion est bonne pour réaliser que le sport seul ne doit pas nous définir comme individu. Le sport peut être une partie de nos vies, importante peut-être, mais non pas une fin en soi.

Votre pratique sportive, vos amis ou votre équipe vous manquent et vous avez besoin d’en parler ? Contactez l’équipe de Sport’Aide.

É. M.

Sportifs et athlètes confinés – Quand les émotions et l’incertitude prennent toute la place

Le match qui oppose actuellement la communauté sportive à la pandémie de COVID-19 est plus qu’un affrontement inattendu, c’est une situation exceptionnelle engendrant méconnaissance, imprévisibilité, incertitude, ambiguïté, ainsi qu’une perte de contrôle. Ces changements brusques dans la communauté sportive la laissent dans un état de choc, d’incrédulité et de détresse et nous amène à nous poser des questions qui n’ont pas de réponse : Quand les terrains, les gymnases seront-ils à nouveau accessibles ? Quand pourrais-je retourner à l’école ? Quand vais-je recommencer à m’entraîner ?

Pour certains sportifs, cet adversaire inconnu et le contexte qu’il provoque signifie plus qu’une simple pause dans leur trajectoire sportive. Certains d’entre eux ne vivront pas leur fin de saison, leur dernier championnat secondaire ou collégial jusqu’au bout, les empêchant de boucler la boucle ou les privant d’un au-revoir nécessaire. Pour d’autres, avec l’arrivée du printemps et à l’approche de l’été, c’est l’idée de manquer le début de la prochaine saison qui les inquiète. Bref, peu importe les cas de figure, cette situation inhabituelle peut engendrer pour nos jeunes sportifs la disparition soudaine de leur identité sportive.

En plus de se trouver privés de leur activité principale, les sportifs se voient aujourd’hui, et pour une durée indéterminée, empêchés de voir leurs coéquipiers et amis. Pour certains, cette coupure peut s’avérer un choc émotionnel important et même dramatique dans certains cas.

Conseils pour mieux accepter et gérer la situation 

Malgré l’inconfort engendré par la situation, quelques pistes vous permettront de mieux la gérer.

1. Faites passer vos besoins de base en premier

Commencez par répondre à vos besoins physiologiques et de sécurité (voir la Pyramide de Maslow).

Prenez soin des besoins de base tels que la nourriture, l’eau, le logement, les vêtements, le sommeil et la santé autant que possible.

Ensuite, amusez-vous à explorer ces différents autres besoins et à réfléchir à ce que vous pouvez maintenir dans les circonstances actuelles (ex. : Quels membres de ma famille je peux côtoyer présentement ? Quelles sont mes qualités, mes habiletés et mes capacités au-delà de mon sport ?)

  1. Restez connectés à vos amis et à vos coéquipiers sous une forme qui vous aidera à vous soutenir émotionnellement

Priorisez les formes de technologie vidéo telles que FaceTimeSkypeZoom et autres plateformes de vidéoconférence. Restez connecté en général est la clé ! Notez que voir nos amis et coéquipiers (même de façon virtuelle) sera plus aidant que de maintenir un lien par messages textes.

Maintenir une communication virtuelle mais profitez aussi des personnes qui vous entourent physiquement 

  1. Parlez-en !

Identifiez les personnes en qui vous avez confiance et qui, selon vous, peuvent être des sources de soutien et d’orientation durant cette période. Parlez à vos parents de ce que vous ressentez. Restez en contact avec votre entraîneur et vos coéquipiers via vidéo et réseaux sociaux. Également, n’hésitez pas à communiquer avec un professionnel de la santé mentale ou de la performance mentale pour un soutien supplémentaire concernant vos préoccupations actuelles.

À ce titre, l’équipe d’intervenants de Sport’Aide est disponible pour vous écouter alors que d’autres organisations comme l’Institut National des sports du Québec (INS), Excellence Sportive Île-de-Montréal (ESIM), Excellence Sportive Québec Lévis, etc. proposent à leurs membres une liste de consultants en performance mentale et psychologues du sport.

  1. Souvenez-vous de votre « pourquoi » et faites honneur à qui vous êtes, au-delà du sport

Tout en gardant à l’esprit les recommandations générales, vous pouvez peut-être continuer à vous entraîner dans une certaine mesure. Discutez-en avec votre entraîneur, en révisant peut-être ensemble vos objectifs ou vos attentes. Ainsi, même sans compétition à l’horizon, réfléchir, vous souvenir et vous réengager envers votre « pourquoi » ou les raisons pour lesquelles vous vous entraînez, peut vous aider à rester positif et motivé tout en vous adaptant aux restrictions actuelles.

En dépit du contexte actuel, il importe aussi de réaliser que l’occasion vous est offerte de pouvoir bénéficier de ce nouveau temps libre pour vous consacrer à d’autres intérêts ou gérer vos engagements scolaires.

À l’image de l’arc-en-ciel de gauche, une des couleurs (votre sport) prend probablement beaucoup de place dans votre vie depuis plusieurs mois, des années. Il est normal d’être déstabilisé par le fait de ne plus pouvoir vous exprimer dans votre sport. Mais pourquoi ne pas profiter de ce temps d’arrêt pour vous questionner sur vos autres qualités, ses autres sphères de vie ? Dans quel autre domaine pourriez-vous vous accomplir en ce moment (école, musique, dessin, communication, cuisine, communauté…) ?

Gardez en tête que vous n’êtes pas qu’un sportif, mais bien un être humain avec plusieurs autres couleurs qui mériteraient toutes autant de s’exprimer !

  1. Concentrez-vous sur la forme physique et mentale

L’activité physique est un excellent moyen de gérer son stress, combattre les maladies et maintenir une bonne santé mentale. Bien que vous ne puissiez pas aller au gymnase pour vous entraîner, il existe d’autres alternatives créatives pour vous aider à rester actif. Si vous décidez de courir ou de pratiquer une activité physique à l’extérieur, assurez-vous de respecter les recommandations de distanciation sociale. Si vous choisissez de faire de l’exercice à la maison, utilisez ce que vous avez à votre disposition.

Recherchez en ligne des sources fiables offrant différentes options d’entraînement adaptées à vos intérêts et besoins. De nombreuses plateformes d’exercice en ligne renoncent actuellement aux frais d’adhésion. Si vous avez un problème de santé, assurez-vous de respecter toutes les directives fournies par votre équipe médicale.

Ce temps d’arrêt est peut-être un cadeau pour travailler des aspects que vous n’avez habituellement « pas le temps » de travailler. Vous pouvez améliorer des habiletés mentales telles que la confiance ou la visualisation en trouvant un consultant en performance mentale ou en utilisant des applications telles que Headspace, Calm, WellU, woop ou Fit Brains.

Cela peut être un excellent moment pour aller mieux et être plus fort mentalement 

Ne perdez pas de vue l’importance du repos, de la récupération et de la relaxation qui sont tout aussi importants pour vos futures performances que pour votre bien-être actuel et futur. N’hésitez pas à demander à des personnes qualifiées (enseignants de yoga certifiés, consultants en performance mentale) de vous fournir des conseils et astuces pour apprendre à méditer et à vous relaxer.

  1. Établissez une routine quotidienne :

Il est important de garder à l’esprit que vous avez le contrôle sur la façon dont vous commencez et terminez vos journées ainsi que sur les éléments que vous priorisez quotidiennement ou hebdomadairement.

Pour ce faire, il est conseillé de :

• Solidifier les routines du matin et du soir

• Dormir suffisamment

• Incorporer délibérément des activités physiques et des moments de repos aide

Ceci vous aidera à rétablir partiellement un sentiment de contrôle et de confort tout en soutenant votre santé et votre bien-être.

Rappelons enfin qu’il importe aussi de socialiser et d’organiser des moments d’échanges avec les membres de votre famille ou de vous accorder des moments pour vous adonner à des jeux de société, la lecture ou la cuisine.

Ces quelques conseils conjuguant prévention et pro action vous offrent la possibilité de « profiter » de cette pause forcée à la condition que vous preniez le temps d’y réfléchir, d’identifier et d’exprimer vos émotions et de vous organiser.  En acceptant d’adapter votre quotidien à la sanction actuelle, vous réussirez à améliorer votre bien-être psychologique et, autre élément important trop souvent ignoré, à renforcer votre système immunitaire face à cet adversaire.

Élise Marsollier, PhD

Consultante en performance mentale

Chercheure en psychologie du sport

Sources :

Ordre des Psychologues du Québec : Coronavirus (COVID-19) : conseils psychologiques et informations au grand public (accessible en ligne).

Association pour la psychologie du sport appliquée : The COVID-19 Pandemic: Tips for Athletes, Coaches, Parents, and the Sport Community.

Washington post : A psychologist’s science-based tips for emotional resilience during the coronavirus crisis – 16 mars 2020 (accessible en ligne)

Fédération Française de Natation via la Société Française de Psychologie du Sport : Quarantaine Covid-19, comprendre et gérer les impacts psychologiques.

How Student-Athletes Can Cope With the Consequences of the Coronavirus (COVID-19) Pandemic – 4 Things You CAN do to Respond to the new (Ab)Normal – Dr. Greg Cypher

Parents de sportifs confinés – Quand les émotions et l’incertitude sont décuplées

Pour la grande majorité des parents, le confinement qu’impose le COVID-19 engendre une multitude de changements soudains aux niveaux professionnel, scolaire et personnel. Ces changements ont probablement bouleversé le fonctionnement familial quotidien que chaque membre de la famille vit à sa manière (ex. : soulagement versus frustration, repos versus ennui). Pour les parents de jeunes sportifs, une autre conséquence s’ajoute : l’incertitude liée à l’arrêt prématuré de la saison de leur(s) enfant(s) ainsi que le lancement compromis des activités printanières et estivales.

Différentes réactions et émotions sont possibles face à l’interruption momentanée de vos investissements émotionnel et financier pour soutenir les aspirations sportives de votre enfant. En outre, les conséquences émotionnelles pour votre enfant, aussi différentes soient elles, peuvent s’ajouter à ce que vous devez vous-mêmes gérer.

Quelle que soit votre vécu dans cette situation, quelques conseils sont proposés pour vous permettre de prendre soin de vous, de votre famille et de vos jeunes sportifs.

Conseils pour prendre soin de vous-même

  • Respecter et soutenir les décisions prises par les différentes instances (politiques, scolaires et sportives), mais qui s’alignent avec les recommandations sanitaires actuelles. Utiliser les nouvelles informations et ces changements comme une occasion d’engager ou de poursuivre des conversations avec votre famille sur les faits, les attentes et les sentiments de chacun.
  • Prendre soin de soi – Établir sa propre routine afin de pouvoir gérer efficacement le stress et réguler ses émotions tout en soutenant sa famille. La période actuelle est peut-être un bon moment pour découvrir des activités telles que le yoga ou la méditation qui sont reconnues pour leur impact sur la gestion du stress et des émotions. Plusieurs centres de yoga offrent des activités en ligne gratuites, à contribution volontaire ou à un prix très accessible. Des séances de yoga doux, méditation, yoga famille ou yoga pour enfants sont offertes par des personnes soucieuses du bien-être des québécois (ex. : La Station Yoga, Yoga Bhavana, Espace Metta, Yoga InVivo, Namaste Yoga, etc.).
  • Offrir son soutien et ne pas hésiter aussi à en demander ! Dans une situation comme celle que nous vivons présentement, il est important de rechercher le soutien des autres. Rester virtuellement en contact avec d’autres parents, en particulier ceux qui ont des enfants d’âge similaire et / ou des parents des équipes de ses enfants, pour se soutenir mutuellement, normaliser ses sentiments et résoudre les problèmes. Discuter et partager ses questions, idées et stratégies sur la façon de répondre de manière constructive à cette situation. Ne pas hésiter à exprimer ses inquiétudes et ses émotions et parler ouvertement de ses sentiments ensemble.
  • Demander de l’aide si nécessaire – Si un enfant éprouve des difficultés et requiert un soutien supplémentaire, consulter Sport’Aide ou des organismes régionaux (ex. : Excellence Sportive Québec Lévis, Excellence Sportive Île-de-Montréal, le Centre régional d’entraînement et d’événements de la Mauricie, etc.) pour obtenir des recommandations. Envisager aussi de faire appel à un consultant certifié en performance mentale et / ou un professionnel de la santé mentale qui peut fournir des services en ligne pendant cette période particulière.

Conseils pour soutenir votre enfant durant cette période difficile et unique

  1. Soyez un modèle positif

Peu importe l’âge de vos enfants, ils se tourneront probablement vers vous pour déterminer comment réagir dans ces circonstances. C’est une belle occasion pour leur montrer comment exprimer leurs émotions de manière productive tout en gérant le stress et l’incertitude. Enseignez-leur la résilience plutôt que la panique et le désespoir.

Tristesse, déception, chagrin, dévastation, désespoir, stress, anxiété, impuissance, frustration et colère ne sont que quelques-unes des émotions qui nous peuvent nous animer en réponse à cette période d’inactivités. Conscients de ces émotions, comment devons-nous accompagner nos jeunes sportifs ?

  • Permettre à ses enfants de « se sentir mal » puisqu’une partie essentielle du développement de la maîtrise émotionnelle consiste à identifier et comprendre les émotions, qu’elles soient agréables ou non, et à apprendre à exprimer les émotions désagréables de manière saine.
  • Permettre à nos enfants de se sentir bien puisqu’il se pourrait que votre enfant se sente soulagé de la fin de la saison, souvent synonyme d’un rythme scolaire et sportif soutenu.
  • Être empathique : écouter et réfléchir à ses sentiments.
  • Ne pas essayer de résoudre le problème (il n’y a pas de solution).
  • Au fil du temps, alors que les émotions négatives commencent à s’estomper, se recentrer sur les points positifs de la saison passée et les opportunités se présentant pour la prochaine saison.
  • Mettre en évidence et valoriser leurs points forts comme sportif, mais aussi comme personne.
  • Leur faire prendre conscience des apprentissages qu’ils ont fait dans leur expérience sportive et qui pourraient leur être utiles pour traverser la situation actuelle (ex. : persévérance, gestion des émotions avant une compétition, etc.).
  • Leur demander de se concentrer sur les choses qu’ils peuvent contrôler.

Soyez ouverts et disponibles pour parler, écouter et soutenir vos enfants pour les aider à se sentir valorisés et entendus.

  1. Mettez les choses en perspective

Parce que les jeunes ont peu d’expérience de vie sur laquelle s’appuyer, ils voient leur monde de manière étroite et uniquement dans le présent et le futur immédiat. L’une des choses les plus précieuses que les parents peuvent offrir à leurs jeunes sportifs est une perspective plus globale et plus longue que celle de leurs enfants. Quelques petits conseils ?

  • Reconnaître plutôt que dévaloriser la perspective à court terme de vos enfants (c’est leur point de vue et il devrait être respecté).
  • Penser à long terme (cela peut sembler être un gros problème maintenant, mais en peu de temps il semblera moins grand ou écrasant).
  • Voir grand (car COVID-19 pose des problèmes bien plus importants dans le monde que celui d’annuler ou reporter certaines compétitions sportives).
  • Offrir des exemples de votre vie et du monde en général pour illustrer l’importance de mettre les choses en perspective.
  1. Réfléchissez aux opportunités

La capacité des jeunes athlètes et de leurs parents pour traverser cette situation de façon plus ou moins positive dépendra de leur capacité à délaisser les « pertes » et à se concentrer sur les avantages potentiels de la situation actuelle. Parmi les quelques aspects positifs, différentes possibilités s’offrent aux sportifs :

  • Ajuster leurs rêves et leurs objectifs à court, moyen et long termes.
  • Voir l’interruption de toute activité sportive comme une période de préparation prolongée pour la reprise des activités.
  • Identifier les aspects sur lesquels ils doivent travailler dans leur développement sportif et se concentrer sur l’amélioration de ces aspects (concentration, repos, relaxation, souplesse, etc.).
  • Utiliser ce temps loin de leur sport pour expérimenter un équilibre dans leur vie et accorder de l’importance à des sphères de vie et des activités délaissées (se concentrer sur l’école, profiter d’un passe-temps important mais négligé, essayer quelque chose de nouveau et différent, etc.).
  • Adopter de nouvelles structures et routines bâties et basées autour de l’école, du conditionnement physique et de la vie sociale.
  1. Encouragez l’autonomie et le temps pour soi (voir notre blog Sportif et athlète confinés – Quand les émotions et l’incertitude prennent toute la place).

Vérifier auprès de ses enfants dans quels domaines ils ont besoin de votre soutien (ex. : les travaux scolaires). En dehors de l’apprentissage et des entraînements à distance, ils ont probablement beaucoup de temps libre.

La fin soudaine de la saison pourrait être une crise d’identité potentielle pour certains athlètes. S’il est important de laisser vos enfants éprouver de tels sentiments – si c’est ce qu’ils vivent – incitez les à trouver des moyens d’être productifs et de prendre soin d’eux-mêmes physiquement et mentalement pour les aider à gérer les différentes émotions qu’ils pourraient ressentir.

Les garder occupés les aidera à éviter de concentrer leur attention sur les aspects négatifs de la pandémie tels que les reports et annulations d’événements, les fermetures d’écoles et l’isolement social qui en découle.

Garder en tête que l’ennui peut s’avérer un apprentissage de la patience et une conscience du temps qui permet de stimuler les capacités de réflexion, d’imagination tout en faisant appel à la créativité.

Apprenons à nos enfants à apprivoiser l’ennui et aidons-les à réfléchir à d’autres façons de gérer leur temps libre en leur fournissant des suggestions pour prendre soin d’eux.

  1. Déterminez ensemble des activités en famille

En dépit de la situation actuelle, il est important de :

  • Mener une vie aussi normale que possible (ex. : dîners en famille, activités quotidiennes, etc.).
  • Profiter de cette pause imposée pour définir des activités familiales quotidiennes ou hebdomadaires qui rythmeront les jours et les semaines tout en permettant de vivre des moments de qualité avec les siens. Par exemple, chaque membre de la famille pourrait, selon ses goûts et ses aspirations, déterminer une activité dans la semaine (cuisine le lundi soir, activité sportive le mardi matin, film le mercredi soir, etc.).
  • Se permettre de se distraire de la situation actuelle et faire des activités générant des émotions positives et partagées (ex. : jouer à des jeux de société, écouter de la musique, lire des livres, danser, cuisiner, etc.)

Nous espérons que ces quelques conseils vous guideront afin d’aider vos enfants et jeunes sportifs à traverser avec succès cette période particulière qui, dans le contexte, constitue un défi incontestable. Toutefois, forts de ce que certains considéreraient comme un « passage à vide », cet épisode du COVID-19 pourrait s’avérer un tournant important pour notre société et nos jeunes sportifs qui verront leur capacité d’adaptation être défiée… d’une manière qu’aucun autre adversaire ne pourra jamais le faire !!

Élise Marsollier, PhD

Consultante en performance mentale

Chercheure en psychologie du sport

Sources :

Ordre des Psychologues du Québec : Coronavirus (COVID-19) : conseils psychologiques et informations au grand public (accessible en ligne).

Association pour la psychologie du sport appliquée : The COVID-19 Pandemic: Tips for Athletes, Coaches, Parents, and the Sport Community.

Washington post : A psychologist’s science-based tips for emotional resilience during the coronavirus crisis – 16 mars 2020 (accessible en ligne)

Fédération Française de Natation via la Société Française de Psychologie du Sport : Quarantaine Covid-19, comprendre et gérer les impacts psychologiques.

Sports Meets COVID-19: What to Say, What to Do – Dr Jim Taylor

Teboul, R. (2005). Plaidoyer pour l’ennui. La lettre de l’enfance et de l’adolescence, (2), 25-30.

Entraîneurs confinés : quel rôle jouer auprès de vos athlètes?

Au sein de la communauté sportive, les entraîneurs font partie des personnes affectées de plein fouet par cette pandémie et le confinement, synonymes d’arrêt soudain des entraînements et de la saison de compétition pour un temps encore indéterminé. Pour les entraîneurs, les coûts émotionnels et financiers sont similaires à ceux des parents avec la déception supplémentaire de ne pas pouvoir exercer leur fonction qui représente pour nombre d’entre eux leur carrière, leur gagne-pain, leur identité professionnelle et leur passion.

Chaque entraîneur vit cette situation à sa façon selon ses aspirations, le niveau de ses athlètes et son niveau d’engagement. Mais l’ensemble des entraîneurs se demande probablement ce qu’il peut et doit faire pour soutenir ses athlètes durant les prochaines semaines.

Prenez d’abord soin de vous

  • Identifiez vos propres émotions

Donnez-vous de l’espace pour reconnaître les sentiments qui vous habitent actuellement. Réfléchissez à ce qui vous affecte le plus comme entraîneur dans la situation présente, mais aussi comme personne. Quelles sont les conséquences de ces émotions? Sentez-vous que vous êtes nerveux, apathique, motivé, découragé? Est-ce que ces émotions affectent vos comportements?

  1. Reconnaître ce que vous ressentez
  2. Identifier vos différentes émotions
  3. Essayer de les comprendre

De plus, il est probable que vos émotions changent avec le temps à mesure que la situation évoluera. Laissez-vous donc le temps d’intégrer chaque nouvelle décision gouvernementale ou institutionnelle et les conséquences sur votre quotidien et votre métier.

  • Confiez-vous et faites confiance à votre réseau

N’hésitez pas à verbaliser la façon dont vous vivez la situation. Contactez d’autres entraîneurs et partagez vos ressources (ex. programmes de préparation physique), vos questionnements, vos inquiétudes et votre frustration.

Faites appel à votre réseau d’intervenants : vous collaborez peut-être déjà avec des préparateurs physiques, des physiothérapeutes et des consultants certifiés en performance mentale. Ces personnes peuvent s’avérer un important soutien, non seulement pour les athlètes mais aussi pour vous, les entraîneurs. N’hésitez pas à faire appel à eux pour vous aider à maintenir un niveau d’activité physique qui sera d’une grande aide pour votre santé physique et mentale.

  • Profitez de ce temps pour questionner votre pratique

Tout comme il est conseillé aux athlètes de se questionner sur leur expérience sportive et les autres facettes de leur personnalité (voir blogue Sportifs et athlètes confinés – Quand les émotions et l’incertitude prennent toute la place.), profitez de ce moment pour questionner votre expérience d’entraîneur :

  • Pourquoi ai-je voulu devenir entraîneur(e)?
  • Sur quelles connaissances je me base pour intervenir?
  • Quelles sont les valeurs qui me sont chères? Quels sont les comportements que j’adopte en lien avec ces valeurs? Ai-je des comportements qui ne sont pas en adéquation avec mes valeurs?
  • Suis-je un(e) bon(ne) entraîneur(e)?
  • Quelles sont mes compétences? Mes points forts?
  • Quels sont les objectifs que je poursuis en entraînant ces athlètes, cette équipe?
  • Quel type d’entraîneur suis-je (démocratique, autocratique, etc.)? Quels sont les avantages et les inconvénients de mon approche?
  • Quelles seraient les aspects de mon coaching que j’aurais à améliorer? Serait-ce un bon moment pour le faire ou pour m’informer, continuer à me former?
  • Ai-je un équilibre entre ma vie personnelle et professionnelle? Serait-ce nécessaire d’y remédier?

 Prenez soin de l’athlète, mais surtout de la personne

Outre la gestion de vos propres émotions, vous vous souciez probablement de la façon dont vos athlètes vont passer à travers les prochaines semaines. Au-delà de la panoplie d’émotions par lesquelles ces derniers peuvent passer, une des plus grandes inquiétudes des entraîneurs concerne principalement la motivation de leurs athlètes. À cet égard, plusieurs profils semblent se dessiner :

  • Athlètes ayant de la difficulté à s’entraîner seuls, car leur motivation est fortement liée au sentiment d’appartenance avec leurs coéquipiers ou aux sensations induites par le sport qu’ils pratiquent ;
  • Athlètes ressentant un vide et une perte importante en raison de leur incapacité à terminer leur saison ou à finaliser un cycle pluriannuel dans lequel ils se sont engagés ;
  • Athlètes soulagés en raison de blessures, d’épuisement ou d’anxiété de performance.

Quel que soit l’état d’esprit de vos athlètes en ce moment, ce qui importe est de les comprendre individuellement et de considérer les besoins de chacun dans le but de leur fournir un soutien et des conseils appropriés. Naturellement, aucun comportement d’entraîneur n’est parfait et ne garantit le bien-être et la performance de ses athlètes. Mais les principes utilisés en psychologie du sport fournissent quelques pistes d’intervention pour favoriser la motivation intrinsèque, elle-même liée non seulement au bien-être mais aussi à la persévérance.

Selon la théorie intégrée des motivations en sport (Vallerand & Losier, 1999), l’autodétermination est un ingrédient clef de la persistance et des émotions positives. Et du bonheur et de la persévérance, on en a bien besoin ces temps-ci.

Le sentiment d’autodétermination d’un athlète sera favorisé par le fait de satisfaire ses besoins de compétence, d’autonomie et d’appartenance sociale.

Ces trois besoins psychologiques sont considérés comme les besoins psychologiques fondamentaux dont tout être humain a besoin pour être heureux, et ce, quel que soit son âge, sa culture, son expérience, son statut socio-culturel, etc.

Le sentiment de compétence renvoie au fait de se sentir efficace et d’expérimenter des opportunités d’exercer et d’exprimer ses capacités (Ryan & Deci, 2000)

Le besoin d’autonomie est défini comme l’origine perçue de son propre comportement en expérimentant ses propres choix et ses sentiments, se sentir l’initiateur de son action et de sa volonté (Deci & Ryan, 2000; Ryan & Deci, 2000).

Le sentiment d’appartenance sociale renvoie au fait d’avoir une affiliation sociale, à la fois avec autrui et avec sa communauté, de se sentir connecté à d’autres et de se soucier des autres en étant pris en charge par les autres (Ryan & Deci, 2000).

Sur la base de ces principes théoriques, quelques pistes d’intervention s’offrent aux entraîneurs:

Favorisez la réflexion et impliquez vos athlètes dans leur façon de gérer leur entraînement. De quelle manière ?

En aidant vos athlètes à réfléchir aux aspects de la performance qu’ils veulent et peuvent travailler en ce moment.

  • Permettez-leur de s’approprier leur expérience. Ne partez pas du principe que vos athlètes vont se sentir mal alors que certains se sentent soulagés, bien, équilibrés et heureux de se retrouver. Soyez donc à leur écoute et soutenez-les tout en respectant leur façon de gérer la situation.
  • Ne cherchez pas à remplir votre horaire et celui de vos athlètes. Pour certains, le niveau de motivation est très bas en ce moment et les faire s’entraîner ne les aide pas. Selon les objectifs de vos athlètes (et pas les vôtres 😉 ), identifiez si l’important en ce moment, est de maintenir un niveau d’activité physique minimal ou la poursuite d’objectifs.

Une semaine à la fois : on ne connaît pas la date de reprise des entraînements

  • Tout en considérant les intérêts et les besoins de vos athlètes, aidez-les à instaurer un entraînement régulier pour maintenir leur santé physique et mentale. Plus particulièrement, encouragez une réflexion individuelle concernant les aspects de la performance (physiques, techniques, psychologiques, stratégiques et tactiques) qui peuvent être maintenus et/ou améliorés en ce moment et qui seront d’une grande utilité lorsque l’entraînement et les compétitions reprendront.
  • Tout en étant une ressource pour vos athlètes, donnez-leur les clefs de leur routine en leur permettant de réfléchir à leurs propres objectifs. Par exemple, questionnez vos athlètes individuellement sur :
  1. Ce qui peut être maintenu dans les conditions actuelles (ex. concentration, puissance)
  2. Ce qui peut être développé ou amélioré dans les conditions actuelles (ex. souplesse des épaules, capacité d’imagerie mentale)
  3. Les objectifs hebdomadaires qui peuvent être poursuivis en fonction de ce qui a été déterminé aux points 1 et 2. Chaque semaine, demandez à vos athlètes de réfléchir à un objectif qui leur est propre et organisez avec eux de courtes séances.

Voir tableau en exemple ci-dessous.

Invitez vos athlètes à noter leur progression dans un journal leur permettant de prendre conscience de ce qui a été travaillé, maintenu et amélioré. Offrez-leur la possibilité de discuter avec vous plus ou moins régulièrement de leurs progrès pour assurer un suivi et réévaluer leurs objectifs au besoin. Il sera important que vous souligniez l’amélioration individuelle.

Rester connectés

  • Restez en contact avec vos athlètes collectivement et individuellement autant que possible. Reconnaissez que vous occupez probablement une place importante et précieuse dans leur vie, faisant de vous l’une des rares personnes en qui ils ont confiance et avec laquelle ils pourraient exprimer leurs sentiments, leur insécurité, leurs inquiétudes et leur bien-être. Autant que possible, créez un espace au sein duquel ils se sentiront libres de partager ce qu’ils vivent. Écoutez-les et demandez-leur comment vous pouvez les aider. N’hésitez pas à solliciter les ressources auxquelles vous faites déjà appel (médecins, préparateurs physiques, consultants en performance mentale, etc.) pour gérer ensemble cette situation.
  • Continuez à être une ressource en fonction des besoins de vos athlètes – Donnez un aperçu des options d’entraînement continu ; des suggestions d’entraînement à domicile via des programmes ou des applications en ligne crédibles ; des recettes saines à essayer ; ainsi que des opportunités de sortir et de bouger telles que la randonnée, la marche, la course ou le vélo. Vous pouvez également envisager des moyens créatifs pour eux de rester engagés dans leur sport, comme leur envoyer des questions-réponses spécifiques à rechercher liées à leur sport, des suggestions de lectures ou de podcast à écouter.
  • Il est également important de reconnaître que les humains sont câblés et connectés. C’est pourquoi il est naturel de vouloir voir et être avec sa famille, ses amis, ses coéquipiers, ses voisins et les autres. Bien que nous soyons actuellement limités dans nos interactions en face à face, utilisez des moyens virtuels pour rester connectés comme les messages texte, les applications vidéos (FaceTimeSkypeZoom, etc.), les médias sociaux ou d’autres types de technologie.
  • Encouragez la communication entre les athlètes (échanges, travail d’équipe, rétroactions, etc.)

Profitez de cette situation de confinement pour trouver avec eux le juste équilibre entre des activités qui sauront les maintenir actifs physiquement et mentalement tout en leur laissant du temps pour se reposer, lire, passer du temps en famille, etc. Laissez-leur le temps et l’occasion de découvrir d’autres aspects de leur personne. Ils seront d’autant plus motivés à se consacrer à nouveau à leur sport.

Pour résumer, il n’y a pas de recette magique pour être un bon entraîneur en ce moment. Parmi les bonnes choses à faire, vous devez prendre soin de vous, vous faire confiance, être à l’écoute de vos athlètes et leur offrir votre soutien, le tout en respectant l’état d’esprit dans lequel ils se trouvent.

Élise Marsollier, PhD

Consultante en performance mentale

Chercheure en psychologie du sport

Sources :

Association pour la psychologie du sport appliquée : The COVID-19 Pandemic: Tips for Athletes, Coaches, Parents, and the Sport Community.

Vallerand, R. J., & Losier, G. F. (1999). An integrative analysis of intrinsic and extrinsic motivation in sport. Journal of applied sport psychology11(1), 142-169.

Exercice physique et système immunitaire : trop c’est comme pas assez

En cette période de confinement, il est important, autant pour notre santé physique que psychologique, de nous garder occupés et actifs, et ainsi de notamment continuer à pratiquer des activités physiques. C’est d’autant plus essentiel surtout que l’on sait que l’exercice est un stimulant considérable pour la production de plusieurs neurotransmetteurs (endorphines, dopamine et sérotonine) dans le cerveau qui contribuent à notre bien-être. Ceci permet d’aider à la gestion du stress dans une période comme celle que nous traversons présentement. Qui plus est, la pratique régulière d’activité physique est très bénéfique pour le corps, en plus d’améliorer la santé, d’augmenter la surveillance immunitaire et de diminuer les risques de maladies [10; 14].

Autrement, l’activité physique régulière est fortement reliée à une diminution de la fréquence des infections des voies respiratoires supérieures (IVRS), ainsi que de la sévérité/durée de la symptomatologie [9; 10; 12; 14]. Cependant, si on dépasse un certain niveau d’intensité soutenu et prolongé (charge d’entraînement), cet effet pourrait s’annuler, voire s’inverser [2; 10; 13; 14; 15]. Ceci serait particulièrement le cas pour ce qui est des IVRS. Ces infections peuvent être causées par plus de 200 virus, principalement les rhinovirus et les coronavirus, dont la grande majorité sont bénins. Puisque le COVID-19 est l’un de ceux-ci, il est actuellement d’intérêt général de survoler l’information fournie par les scientifiques qui ont investigués cette problématique.

Le chercheur David Nieman, dont l’expertise repose sur ces problématiques, a proposé un modèle de courbe en forme de « J » (fig. 1) pour expliquer la relation entre l’intensité de l’exercice et les risques d’IVRS. Ce modèle suggère que la pratique modérée et régulière d’activité physique peut diminuer le risque d’IVRS, tandis qu’une charge d’entraînement trop intense et prolongée pourrait plutôt en augmenter le risque [7; 8].

Figure 1 [7]

Qu’est-ce qui explique cette courbe ?

Durant l’exercice physique, on remarque une redistribution des immunoglobulines/leucocytes (globules blancs) dans le système sanguin. Les leucocytes se détachent de l’endroit où ils étaient localisés pour pouvoir répondre à la demande des muscles et de leur inflammation pendant l’exercice [7; 8; 10; 14]. On remarque aussi que la pratique régulière d’exercice physique modéré est associée à une diminution de 20 à 46 % des risques d’IVRS chez ces personnes comparativement à un individu sédentaire [5; 9; 10; 14].

Cependant, un effort trop intense et prolongé (phase d’épuisement) peut causer de nombreux changements immunitaires possiblement reliés au stress physiologique et à d’autres facteurs. Cette immunodépression pourrait notamment s’expliquer par une diminution du nombre de leucocytes neutrophiles disponibles dans le sang et une inhibition du fonctionnement des cellules NK (“cellules tueuses”) et les cellules B et T, qui sont des anticorps qui réagissent aux attaques virales et infections. Il en serait de même pour les anticorps (immunoglobulines A) présents dans les muqueuses nasales et salivaires, quoiqu’une revue de littérature récente montre que le lien entre l’exercice et les changements de concentration d’immunoglobuline A reste à démontrer [4].

Pendant cette période d’immunodépression qui peut être considérée comme une « fenêtre ouverte », le corps peut être plus vulnérable est plus susceptible d’être envahi par des micro-organismes qui passeraient plus aisément ces premières lignes de défenses [12]. Cette relation est démontrée dans la plupart des études menées sur le sujet [6; 7; 10; 14] avec quelques exceptions, ce qui nous amène à tout de même être prudents avec les résultats [10]. Surtout que des données semblent appuyer l’hypothèse que chez les athlètes élites, présentant un niveau de forme physique très élevé, la courbe de l’association entre l’intensité de l’exercice physique et les risques d’IVRS a tendance à s’aplatir, pour utiliser une expression à la mode ces jours-ci (fig. 2) [6;9]. Il reste que certains chercheurs continuent à mettre en doute ces conclusions puisqu’il reste encore beaucoup de travail à faire afin d’identifier clairement si c’est l’exercice ou d’autre variables confondantes qui expliqueraient ces résultats, et qu’avec les nouvelles méthodes et technologies en immunologie, les recherches futures apporteront plus de réponses à nos questions [10; 14].

Figure 2 [6;9]

En conclusion, si vous adoptez une charge élevée ou prolongée d’entraînement (ex. : 20-30 heures par semaine ; intensité élevée sur plus de 90 minutes continues; etc.), pensez à en modérer la fréquence afin de permettre au système immunitaire de récupérer entre chaque entraînement ou de tout simplement modérer l’activité en question pour continuer d’en faire régulièrement à un niveau moins intense afin de bénéficier des bienfaits sur le système immunitaire et la santé en générale. Plusieurs études laissent croire aussi qu’une saine alimentation équilibrée, la prise de suppléments alimentaires (ex. : vitamine C, glutamine et en particulier les aliments riches en carbohydrates comme la banane, etc.), l’intégration de périodes de récupération adaptées entre les périodes d’entraînement, ainsi qu’une bonne éthique de sommeil peuvent contrecarrer les effets d’immunosuppression associés à l’exercice physique prolongé et intense [1; 3; 8; 10; 11; 14]. Il a aussi été démontré que la pratique d’activité physique régulière et modérée pouvait limiter le déclin des fonctions immunitaires chez les personnes âgées [10].

En somme, il importe de garder à l’esprit que la pratique d’exercice physique de façon modérée, est très bénéfique pour toute la population et que ses avantages outrepassent ses dangers, mais il faut se méfier des abus. Et si vous devez garder une charge d’entraînement très élevée ou prolongée, pour ne pas perdre la forme pendant ce confinement, tentez à tout le moins de respecter la distanciation sociale !

Patrick Vachon, Ph.D.

Agent de développement

Sport’Aide

Références

  1. Drew, M., Vlahovich, N., Hugues, D., Appaneal, R., Burke, L.M., Rogers, M. et al. (2018). Prevalence of illness, poor mental health and sleep quality and low energy availability prior to the 2016 Summer Olympic Games. British Journal of Sports Medicine, 52(1), 47-53. https://doi.org/10.1136/bjsports-2017-098208
  2. Gomez-Merino, D., Drogou, C., Chennaoui, M., Tiollier, E., Mathieu, J., Guezennec, C.Y. (2005). Effects of combined stress during intense training on cellular immunity, hormones and respiratory infections. Neuroimmunodalation, 12, 164-172.
  3. Halson, S.L. (2008). Nutrition, sleep and recovery. European Journal of Sport Science, 8(2), 119-126.
  4. Martin, S.A., Pence, B.D., & Woods, J.A. (2009). Exercise and respiratory tract viral infections. Exerc Sport Sci, 37 (4), 157-164.
  5. Matthews, C.E., Ockene, I.S., Freedson, P.S., Rosal, M.C., Merriam, P.A., & Hebert, J.R. (2002). Moderate to vigorous physical activity and risk of upper-respiratory tract infection. Medecine & Science in Sport & Exercise, 34, 1242-4248.
  6. Moreira, A., Delgado, L., Moreira, P., & Haahtela, T. (2009). Does exercise increase the risk of upper respiratory tract infections ? British Medical Bulletin, 90, 111-131.
  7. Nieman, D.C. (1997). Risk of upper respiratory tract infection in athletes: an epidemiologic and immunologic perspective. Journal of Athletic Training, 32 (4), 344-349.
  8. Nieman, D.C. (1998). Exercise and resistance to infection. Can J. Physiol. , 76, 573-580.
  9. Nieman, D.C., Henson, D.A., Austin, M.D., & Sha, W. (2010). Upper respiratory tract infection is reduced in physically fit and active adults. Br J Sports Med, doi:10.1136/bjsm.2010.077875.
  10. Nieman, D.C. & Wentz, L.M. (2019). The compelling link between physical activity and the body’s defense system. Journal of Sport and Health Science, 8, 201-217.
  11. Peake, J.M., Neubauer, O., Walsh, N.P., & Simpson, R.J. (2017). Recovery of immune system after exercise. J Appl Physiol, 122, 1077-1087.
  12. Pedersen, B.K. & Bruunsgaard, H. (1995). How physical exercise influences the establishment of infections. Sports Med, 19 (6), 393-400.
  13. Peters, E.M. & Bateman, E.D. (1983). Ultramarathon running and upper respiratory tract infections. An epidemiological survey. SA Medical Journal, 64, 582-584.
  14. Simpson, R.J., Campbell, J.P., Gleeson, M., Krüger, K., Nieman, D.C., Pyne, D.B., Turner, J.E., & Walsh, N.P. (2020). Can exercise affect immune function to increase susceptibility to infection? Exercise Immunology Review, 26, 8-22. ISSN 1077-5552.
  15. Tollier, E., Gomez-Merino, D., Burnat, P., Jouanin, J.-C., Bourrilhon, C., Filaire, E., Guezennec, C.Y., & Chennaoui, M. (2005). Intense training : mucosal immunity and incidence of respiratory infections. Eur J Appl Physiol, 93, 421-428.

Athlètes et entraîneurs canadiens confinés : Qui consulter en cas de besoin?

La situation actuelle amène peut-être davantage d’athlètes et d’entraîneurs à vouloir faire appel à des spécialistes en psychologie, psychologie du sport, entraînement mental, etc. sans toutefois savoir vers qui se tourner.  Rien d’étonnant puisque dans le domaine de la santé mentale, de nombreux intervenants sont habilités à venir en aide à l’ensemble de la population. Il peut donc être difficile de savoir à qui s’adresser lorsque l’on ressent le besoin d’identifier, partager et analyser ses pensées et ses émotions.

Dans le contexte sportif, des personnes formées spécialement pour favoriser vos performances sur le terrain ainsi que votre bien-être sont à votre disposition, et ce, que vous soyez un athlète olympique désireux de gagner une médaille ou un jeune sportif de niveau compétitif ou participation.

Deux intervenants principaux en Amérique du Nord

Qu’ils soient d’une orientation plus clinique ou éducationnelle, la grande majorité des intervenants aptes à agir auprès des sportifs, des entraîneurs et des structures québécoises et canadiennes sont membres professionnels de l’Association Canadienne de Psychologie du Sport.

La distinction entre le travail du Consultant en Performance Mentale (CPM) et celui du Psychologue Spécialisé en Sport (PSS) se trouve dans leur formation et donc leurs connaissances. La spécialité du CPM se situe généralement dans la préparation mentale des athlètes, suivant une approche éducative, alors que le PSS peut, en plus de la préparation mentale, intervenir lorsqu’il y a des difficultés psychologiques nécessitant une évaluation et des interventions cliniques.

Consultants en performance mentale et psychologues spécialisés en sport:

Spécificités et points communs

  • Consultant en performance mentale

Le CPM est souvent considéré comme un « entraîneur mental ». Formé en kinésiologie, il possède une expertise en psychologie du mouvement humain et a fait des études avancées en psychologie et en relation d’aide. Ses interventions ciblent principalement l’entraînement des habiletés mentales comme le maintien de la motivation, la fixation d’objectifs, la gestion du stress et l’optimisation de la concentration, dans le but de maximiser la performance et le bien-être psychologique des athlètes.

  • Psychologue spécialisé en sport

Le PSS a reçu une formation approfondie en psychologie et fait partie de l’Ordre des psychologues. Il est apte à évaluer et traiter les athlètes ainsi que les adeptes de l’activité physique souffrant de déséquilibres émotifs graves. Lorsqu’il a suivi une formation complémentaire et appropriée dans les sciences du sport, ses interventions peuvent relever de l’entraînement des habiletés mentales.

Comment trouver un intervenant?

Au Canada et au Québec, les CPM et les PSS sont affiliés aux Centres Régionaux d’Entraînement Multisport (CREM) associés à l’Institut National du Sport du Québec et/ou sont membres de l’Association Canadienne de Psychologie du Sport. Seuls ces spécialistes peuvent intervenir auprès d’athlètes de niveaux Espoir, Relève, Élite ou Excellence au Québec​ et au Canada.

Pour trouver un intervenant, vous pouvez contacter votre Centre Régional d’Entraînement Multisport  qui sera l’institution la plus apte à vous fournir une liste de personnes accréditées/affiliées en proposant une liste de CPM et de PSS.

Élise Marsollier, PhD

Consultante en performance mentale

Chercheure en psychologie du sport

Sources :

Boudreault, V., & Fortin-Guichard, D. (2020). Les spécialistes de la psychologie du sport : le psychologue spécialisé en sport et le consultant en performance mentale. Accessible sur le site de l’Ordre des Psychologues du Québec.

Weinberg, R. S., & Gould, D. (2018). Foundations of sport and exercise psychology, 7E. Human Kinetics

Cyber-confinement : dépendance, prédation et intimidation

Le confinement causé par la pandémie du corona virus a occasionné un changement de routine pour l’ensemble des Québécois. Pas d’école, pas de sports, pas de restaurants, pas de cinéma, pas de magasinage, pas de sorties, pas de rassemblement…  le confinement a laissé un trou béant dans nos horaires. Que faire alors de tout ce temps libre ? Plusieurs d’entre nous, se sont tournés vers la technologie et les médias sociaux. Netflix, YouTube, Facebook, Instagram, TikTok, Zoom… D’une certaine manière, et comme la nature a horreur du vide (Aristote), la technologie a donc permis de combler ce vide et de supporter plus facilement le confinement. Nous avons ainsi pu continuer à travailler à distance et à garder contact avec nos amis (merci aux 5 à 7 virtuels) de même qu’avec nos proches (parents et grands-parents) qui s’ennuient de leur famille. Avouons que c’est quand même mieux que rien !

Cela dit, la recherche a toutefois montré qu’une augmentation du temps d’écran peut avoir des effets néfastes sur la santé mentale et physique (anxiété, dépression, obésité, insomnie, etc.) (Voir le blogue Génération internet, santé mentale et activité physique). Sans oublier malheureusement, qu’un bon nombre de problématiques sont également associées au règne de la technologie dont la cyberdépendance, la cyberprédation et la cyberintimidation. Reposons donc la question : Que faire alors ?

Branché sur ma santé

Le Centre Cyber-aide, dont la mission principale est la promotion et l’intervention en lien avec l’utilisation saine et sécuritaire des technologies d’information et de communication, a lancé une série de discussions « Branché sur ma santé » entre sa directrice générale, Cathy Tétreault, et le commentateur sportif pour TVA Sports, Louis Jean, servant à informer les parents et le grand publique qui se questionnent quant à l’ensemble de ces sujets chauds en temps de confinement.

Le changement de routine causé par la COVID-19 peut entrainer un changement d’habitudes insidieux du côté des technologies et provoquer le développement d’une dépendance aux eSports ou aux réseaux sociaux. Il faut donc être en mesure de comprendre la cyberdépendance pour savoir la reconnaitre et bien intervenir. De plus, il faut rappeler qu’il n’y a pas que les jeunes qui ont une présence accrue sur internet puisque les prédateurs sexuels aussi sont plus présents.

Ainsi, comme ils ne peuvent plus entrer en contact physiquement avec les jeunes ils se retournent alors eux-aussi vers des plateformes telles TikTok ou Fortnite. La prudence est donc de mise pour certains jeunes se retrouvant en manque de valorisation puisque leur vulnérabilité pourrait en faire des proies de choix. Davantage désireux de recevoir des compliments et des likes, ce comportement risque malheureusement pour eux d’entrainer l’adoption de comportements sexualisés. Avec le résultat que ces comportements pourraient mener directement vers la cyber intimidation sous forme de dénigrement, de propos haineux, de harcèlement, de menaces, d’extorsion et autres.

Bref, loin de vouloir être pessimistes – puisque nous reconnaissons quand même les nombreux bienfaits de la technologie et des médias sociaux – n’hésitez pas à nous contacter si vous vivez de telles situations et si vous sentez le besoin d’en parler ou de consulter les captivantes capsules de Louis Jean et Cathy Tétreault qui offrent une couverture éclairante et nuancée sur ces sujets complexes.

Bon visionnement !

https://www.youtube.com/channel/UCAQPhL1Lw844UVf6t12D1LA

https://www.facebook.com/Branchesurmasante/

Pour de l’aide immédiate en lien avec les problématiques susmentionnées

https://www.centrecyber-aide.com/

sportaide.ca/besoin-daide

Alexandre Baril

Chargé de projet – À l’action! Agissons contre l’intimidation

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