« N’acceptons pas l’inacceptable » – Chantal Machabée

Mercredi dernier, profitant de son passage à Québec pour le tournage de nouvelles capsules promotionnelles pour Sport’Aide et Sportbienêtre.ca (bientôt sur nos écrans!), Chantal Machabée, s’est arrêtée à nos bureaux pour y rencontrer l’équipe de Sport’Aide. Résumé d’un après-midi riche en histoires et en anecdotes. Tantôt comiques, loufoques et improbables, nous avons aussi et surtout eu droit à des histoires inspirantes, lourdes de sens et qui portent à réfléchir.

Au Québec, Chantal est ni plus ni moins qu’une pionnière dans le domaine du journalisme sportif, un domaine plutôt masculin… jusqu’à ce qu’elle ne réussisse à s’y faire une place, et ce, non sans sacrifices. C’est donc forte de ses 35 ans d’expérience en journalisme sportif, qu’elle a généreusement accepté de nous partager certains constats et réflexions découlant de ses propres expériences et alimentés des rencontres faites tout au long de sa vie. Parmi celles-ci, en voici deux qui ont particulièrement retenu notre attention.

« N’acceptons pas l’inacceptable »

Elle vous le dira elle-même, pour réussir à faire sa place dans cette faune médiatique sportive au début de sa carrière, Chantal a dû apprendre à accepter, tolérer, endurer et survivre à une panoplie d’obstacles et de difficultés liés à la mentalité machiste du sport. « C’est en 2016, lorsque j’ai vu passer un reportage d’ESPN (#MoreThanMean – Women in Sports ‘Face’ Harassment), que j’ai décidé que ça devait cesser. Jusqu’à ce jour, je m’étais construit une carapace par ces milliers de messages et commentaires haineux, sexistes et dégradants et j’avais donc appris à vivre avec cette réalité. Par la force des choses et grâce à cette passion inébranlable que j’éprouvais pour les sports, j’en étais venue à banaliser ces comportements en me disant que c’était normal puisque j’étais une femme dans un monde d’hommes », se rappelle Chantal.

« Après avoir visionné ce reportage, je me suis dit que cette réalité malsaine et néfaste n’avait pas sa place et ne devait plus être endurée et encore moins normalisée. Quand je repense aux conséquences et aux impacts négatifs sur ma famille et moi, ces attaques quotidiennes (des dizaines de messages par jour) étaient devenues lourdes à porter. C’est donc à partir de ce moment que j’ai décidé de partager mon expérience afin de sensibiliser le milieu sportif aux difficultés, injustices et mauvais traitements imposés aux femmes en contexte sportif». Depuis cette sortie du placard et la publication récente de sa biographie, il est encourageant de savoir que Chantal ne reçoit maintenant qu’une fraction des messages et commentaires injurieux qu’elle recevait quotidiennement autrefois. Comme quoi la sensibilisation et la conscientisation portent leurs fruits. « Il faut cesser d’accepter l’inacceptable, défendre ses droits et les faire valoir », ajoute cette battante qui a grandement contribué à faire évoluer les mentalités positivement.

La peur est anti-pouvoir

Autre constat que nous a partagé Chantal : la peur joue un rôle important dans notre tolérance de l’inacceptable. « Ce sont souvent nos peurs qui nous empêchent de mettre le pied à terre pour dire que ça suffit! La peur de ne pas être cru, de décevoir, de contrarier ou de se faire des ennemis. La crainte de se faire juger, que rien ne change ou d’en subir les contrecoups éventuels. Bref, les raisons d’avoir peur sont malheureusement nombreuses et, qu’elles soient fondées ou non (nos peurs sont plus souvent irrationnelles que le contraire), nos peurs sont bien réelles et ont toujours comme premier impact de nous paralyser, de nous maintenir dans le statu quo et de nous porter à endurer ou à fuir », explique Chantal qui comprend aussi ce que peuvent vivre des athlètes.

« Avoir le courage de se lever, de parler ou de se défendre lorsque nous faisons partie d’une organisation ou d’un club sportif, ce n’est certainement pas facile, mais ça demeure la meilleure façon de prendre action pour se redonner du pouvoir face à la situation vécue et faire qu’elle cesse. Pour combattre cette peur, il faut d’abord et avant tout oser en parler et demander de l’aide puisque vous n’êtes pas seul et je suis contente de voir qu’une organisation comme Sport’Aide existe maintenant pour fournir ce soutien », termine Chantal.

Nous en profitons donc pour vous rappeler que si vous vivez une situation difficile dans votre environnement sportif, contactez un ou une intervenant de Sport’Aide n’importe quand par téléphone ou via nos plateformes virtuelles. Et si le doute vous habite, inspirez-vous de Chantal qui a réussi à surmonter ses peurs pour réussir à faire changer les choses en étant entourée de bonnes personnes qui l’ont soutenue à travers sa démarche.

En terminant, sachez qu’il est possible pour votre organisation sportive d’inviter Chantal à venir partager son expérience puisqu’elle fait partie des « Ambassadeurs et ambassadrices de l’esprit sportif », un programme lancé en octobre dernier par Sport’Aide et le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur du Gouvernement du Québec.

Merci à toi Chantal pour ton engagement et ta persévérance puisque tu contribues à faire changer les choses!

M.-A. D.

” […] Quand je repense aux conséquences et aux impacts négatifs sur ma famille et moi, ces attaques quotidiennes (des dizaines de messages par jour) étaient devenues lourdes à porter. C’est donc à partir de ce moment que j’ai décidé de partager mon expérience afin de sensibiliser le milieu sportif aux difficultés, injustices et mauvais traitements imposés aux femmes en contexte sportif. ” Chantal Machabée

L’humiliante saison des initiations – Un texte de Jean-Luc Brassard

Proche collaborateur de Sport’Aide et Ambassadeur de l’esprit sportif, Jean-Luc Brassard souhaitait profiter de la rentrée scolaire et sportive pour exprimer son opinion quant au phénomène des initiations qui revient à chaque début de saison. Bonne lecture!

Elle revient en force à chaque année, et comme dirait la chanson, elle ne fait plus rire personne. À l’époque des #MeToo, les initiations scolaires, sportives ou autres n’ont plus leur place dans notre société où chacun a droit au respect le plus élémentaire.

Qui peut m’expliquer qu’une université claironnant la formation des élites de demain, accepte que les premiers pas d’un élève entre ses murs soient accompagnés d’une humiliation publique, celle-ci appelée initiation, et de surcroit perpétrée par des «anciens» qui devraient plutôt être pris en exemples?

Ironiquement, les gangs de rue et autres manipulateurs utilisent ce même type d’humiliation pour abaisser l’estime personnelle des victimes, leur faisant faire des choses qu’elles n’auraient jamais faites sans cette pression de l’importance de faire partie d’un groupe, d’un gang. Ceci les amène à un sentiment de culpabilité et de honte, pour ensuite se retrouver sous leur gouverne, puis vulgairement, abuser d’elles !

Comment nos institutions éducatives et de loisirs, et nous-mêmes tolérons le modèle des gangs de rue ?

Chaque année, l’actualité fait état des dérapages indécents suite à ces rites, allant parfois jusqu’à la tragédie.

Chaque année, nous nous demandons comment est-ce possible que de tels sévices aient lieu en toute impunité !

Ironiquement, les sports, malgré tous leurs travers, documentent présentement l’impact d’humiliations sévères qui, surprise, sont largement perpétrées par des coéquipiers et non des entraîneurs. Cette blessure mentale n’est pas que temporaire. Plusieurs individus restent marqués pendant des décennies avec des répercussions évidentes sur l’environnement social de l’athlète. Régulièrement, l’humilié quitte son sport, complètement dégoutté de ces personnes qui auraient dû être de fiers coéquipiers. Dans une équipe sportive, l’athlète vétéran ne se mérite pas le respect de ses équipiers en les réduisant, mais plutôt en les valorisant. Lors des fameuses réunions consacrées à l’esprit d’équipe pour entreprises, avez-vous déjà entendu parler d’un formateur qui suggère à un cadre d’abuser et d’humilier un novice ? Bien sûr que non. Aucun patron ne tolèrerait un tel comportement! Alors pourquoi il n’en serait pas de même à l’école ?

Est-ce les recteurs, directeurs, ou autres responsable qui ferment les yeux?

Peut-être, mais tout comme le harcèlement sous toutes ces formes, ne sommes-nous pas tous un peu responsables en détournant le regard, ou en banalisant ces situations. Principalement en se convainquant que c’est normal, que tous jadis sont passés par là?

Non, ce n’est pas normal!

Chaque fois que nous ignorons l’indécence de ces initiations, nous cautionnons l’humiliation de notre jeunesse, sans penser que certains se défouleront au centuple l’année suivante sur la nouvelle cohorte, question d’essayer de couvrir encore et encore une blessure qui refuse de cicatriser.

Quels parents peuvent être fiers de savoir que leurs enfants, si adolescents soient-ils, vont prochainement se retrouver ivres morts, sans contrôle de leur personne, et souvent à demi-nus, dans une orgie d’activités douteuses. Malheureusement, quelques fois avec une trousse médicale pour tenter d’expliquer une partie de la soirée !?

Initiation scolaire ou sportive, enterrement de vie de fille et de garçon discutable, c’est assez!

Ces activités ont largement dépassé les bornes et ce, depuis longtemps. Les événements récents de comportements répréhensibles dans les mondes sportif et culturel devraient nous servir de leçons, et non d’émulation dans le renforcement de futurs agresseurs.

Le regretté Paul Gérin Lajoie nous a donné le cadeau inestimable de l’éducation gratuite. Montrons-lui maintenant que nous la méritons, cette éducation.

Jean-Luc Brassard

Si quelqu’un que vous connaissez a subi une initiation abusive en contexte sportif, sachez qu’il peut contacter notre équipe qui saura l’aider.

“Régulièrement, l’humilié quitte son sport, complètement dégoutté de ces personnes qui auraient dû être de fiers coéquipiers. Dans une équipe sportive, l’athlète vétéran ne se mérite pas le respect de ses équipiers en les réduisant, mais plutôt en les valorisant.”

–  Jean-Luc Brassard

Si c’était à refaire… je referais tout ça demain matin!

Aujourd’hui, je m’adresse à l’athlète en toi qui passe beaucoup d’heures à peaufiner ses techniques, aussi pointues soient-elles. J’ai envie de partager avec toi l’expérience que j’ai vécue. J’espère sincèrement qu’après avoir lu ce texte, mon message te restera en mémoire et que tu puisses en faire usage comme bon te semble.

J’ai passé les cinq années de mon secondaire dans un programme sport-études. Être dans un programme sport-études, tu le sais comme moi, ne se résume pas à passer deux heures de ta journée à faire un sport. La réalité implique bien plus de sacrifices. Être dans un programme sport-études, ça signifie que ton heure de dîner est écourtée et que tu doives manger en vitesse parce que tu dois être habillé et prêt pour l’échauffement en même temps que tout le monde. Tu dois donc penser judicieusement à ce que tu vas engloutir, puisque ta dernière bouchée vient tout juste d’être avalée que tu te retrouves déjà à courir aux côtés de dizaines d’autres athlètes qui ne cherchent eux aussi, à quelques exceptions près, qu’à se surpasser à chaque jour… à chaque répétition.

Pendant ta pratique, tu te remémores les correctifs que ton entraîneur a apportés la veille, puis tu tentes le plus possible de les mettre en pratique. Les résultats ne se voient pas encore, mais tu continues à appliquer les petits détails que tu dois corriger. Ça fait maintenant deux semaines que tu travailles avec acharnement et tu commences enfin à percevoir une amélioration. Puis là, pendant ta pratique, tu vois ton temps s’améliorer de quelques secondes, ou tu réussis enfin à gagner quelque mp/h sur ton lancer. Peut-être même as-tu sauté un peu plus haut que la dernière fois, grâce aux efforts que tu y mets depuis ces deux dernières semaines. On se sent tellement fier et on comprend pourquoi on y met autant d’efforts. En parallèle, tu venais tout juste de recevoir le décevant résultat d’un test de français et tu mijotais déjà une excuse à tes parents pour leur expliquer pourquoi celui-ci s’était moins bien passé que les autres. Sauf que maintenant, tu quittes la pratique avec l’envie folle de raconter à tes parents ce que tu viens d’accomplir. Tu ne penses à rien d’autre.

Maintenant que la pratique est terminée, tu dois aller aux douches en vitesse puisque tu ne voudrais surtout pas rater l’autobus pour retourner à la maison. Tu te dépêches à aller chercher tes livres dans ton casier, faire ton sac, et c’est reparti. Tu réussis finalement à grimper à bord, alors que l’autobus s’apprêtait à quitter. Tu dois te trouver une place avec quelqu’un parce que tous les bancs sont occupés, mais ce n’est pas évident avec tous les sacs que tu possèdes. Quelqu’un te fait enfin une place. Tu t’assois et tu te rends compte que t’as encore plus chaud qu’avant de prendre ta douche… un classique. Bref, tu arrives chez toi exténué. T’avais prévu étudier un chapitre avant le souper, mais tu te dis que t’allonger sur le sofa pourrait être une bonne idée. Tu te réveilles en sursaut lorsque ta mère te dit que le souper est prêt. Tu manges, tu racontes tes anecdotes à moitié parce que t’es affamé. Le souper étant terminé, tu sors tes livres et tu commences à étudier. Tu regardes l’heure, tu te rends compte que tu devrais déjà être couché à cette heure-là. Tu te dis que tu dois absolument terminer cette section, mais ça fait quatre fois que tu lis la

même phrase. Tu as vraiment ta journée dans le corps. Il ne te restait que quelques pages à lire, tu vas donc le faire demain matin en prenant le petit déjeuner.

Cette vie trépidante, je l’ai vécue pendant cinq ans. Évidemment, quelques jours sortent de l’ordinaire et brisent cette routine. Cette routine qui était toutefois immanquable. J’ai maintenu ce train de vie pendant trois autres années, au collégial. Malgré tout, je dois t’avouer que je recommencerais tout ça demain matin!

La seule chose que tu ne dois pas oublier tout au long de ces efforts, c’est ta passion envers ce sport. Je te dis ça, parce qu’on finit par oublier pourquoi on fait tous ces sacrifices. Je m’en suis rendu compte à la fin de ces huit ans. Comme toi, je faisais des compétitions l’été et mon sport-études l’hiver. Pendant toutes ces années, j’arrivais au camp d’entraînement estival avec toute cette routine imprégnée en moi. Je n’avais plus cette flamme de début de saison et toute cette fébrilité à me retrouver sur le terrain.

Mon premier hiver sans sport-études m’a paru comme une éternité. Par contre, au camp d’entraînement, je devais être la personne la plus heureuse et enthousiaste à m’y retrouver. Tu sais, cette année-là, j’avais connu ma meilleure saison depuis ces neuf dernières années. Voilà pourquoi je ne veux pas que tu t’oublies. Le sport-études est une alliance extraordinaire, cependant, ceci doit le rester, car ne perds pas de vue que c’est pour t’aider à t’améliorer saison après saison. Écoute ton corps puisque toi seul peux savoir si tu as besoin d’un moment de repos à un moment ou l’autre. Garde toujours cette envie folle de te retrouver sur le terrain. Elle t’aidera à te surpasser, bien plus que tu peux l’imaginer. Si tu te présentes au camp de sélection avec l’impression de continuer une routine, ou encore avec l’impression de devoir le faire parce que tu as passé toute la saison morte à pratiquer, arrête-toi deux minutes et pose-toi la question. Est-ce que tu le fais parce que t’en a envie, ou parce que tu te sens obligé de le faire ?

En espérant avoir réussi à te rejoindre sur quelques mots, je te souhaite une bonne continuité et surtout, bon succès !

J. T.

“Être dans un programme sport-études, ça signifie que ton heure de dîner est écourtée et que tu doives manger en vitesse parce que tu dois être habillé et prêt pour l’échauffement en même temps que tout le monde.”

Une sommité internationale rend visite à Sport’Aide : Tine Vertommen, Ph.D

Dans le cadre de sa visite à Québec le 18 septembre dernier pour sa présentation à l’Université Laval : « Interpersonal violence against children in sport: what do we know? » (Traduction libre : La violence interpersonnelle perpétrée contre les enfants en sport : ce que l’on sait?), Tine Vertommen voulait absolument nous rendre visite pour en savoir plus sur Sport’Aide.

« Il n’existe pas d’organisation similaire à Sport’Aide ailleurs dans le monde. Il est donc très intéressant de pouvoir échanger avec vous pour voir les avantages d’une telle instance », explique Vertommen.

Mais pour dire vrai, c’est plutôt nous qui étions emballés de recevoir cette grande universitaire qui inspire les travaux de Sport’Aide depuis nos tout débuts. Sylvie Parent du Département d’éducation physique de l’Université Laval n’hésite d’ailleurs pas à qualifier Vertommen de « sommité internationale dans son domaine d’expertise »

« Nous sommes très chanceux de recevoir madame Vertommen à Québec. Peu de chercheurs universitaires sont spécialisés sur le sujet de la violence en milieu sportif. Tine fait partie des pionnières dans le domaine », image madame Parent.

En effet, Madame Vertommen, est titulaire d’une première Maitrise en éthique, d’une seconde Maitrise en criminologie et d’un Doctorat en sciences de la santé. Elle s’est toutefois méritée la reconnaissance de ses pairs, par son étude canonique de 2016 qui donna pour la première fois une bonne idée de la prévalence de la violence en contexte sportif.

À la suite de sa visite dans nos bureaux, un mot nous est resté à l’esprit : inspirante. Sa passion pour le sujet (elle nous a parlé sans longueur de la problématique de la violence en contexte sportif, de ses anciens et nouveaux projets et de la vision qu’elle a d’un environnement sportif sain pendant près de 3h en oubliant même de diner) et le courage qu’elle démontre d’exprimer sincèrement sa pensée même si ce n’est pas toujours ce que les gens veulent entendre, ont charmé l’équipe.

« On m’a déjà expulsée d’une conférence à Londres, car j’avais osé parler du développement sexuel sain des jeunes sportifs », relate Vertommen en souriant.

Malheureusement, les personnes affichant ce courage se font de plus en plus rares alors que nous avons toujours tellement besoin d’elles pour nous donner l’heure juste. Trop souvent, les gens tordent la vérité au service de leurs intérêts, mais pas Vertommen qui, au contraire, se dévoue à faire oeuvre utile : protéger les athlètes.

C’est d’ailleurs avec cette même franchise qu’elle nous a partagé sa compréhension de la situation québécoise en matière de prévention et d’intervention.

« Je suis peut-être venue au Québec 10 ans trop tôt. Nous sommes présentement rendus au même stade que vous en Belgique où il existe une volonté publique de changement pour assurer le bien-être de nos jeunes sportifs et c’est pourquoi nous commençons à mettre en place des mesures de protection. J’aurais aimé pouvoir mieux vous orienter, mais pour l’instant nous en sommes au même point. Par contre, une chose est certaine, la communauté sportive québécoise est choyée de pouvoir compter sur une organisation indépendante des structures et des fédérations sportives comme Sport’Aide qui tient une position de choix pour inspirer ces changements », termine Vertommen.

Bref, pour en savoir davantage sur ce que conseille Tine Vertommen en réponse aux prochains défis de la communauté sportive québécoise, assurez-vous de lire notre deuxième blogue qui sera disponible bientôt.

Alexandre Baril                                                                                                                 Chargé de projet, Sport’Aide

« […], une chose est certaine, la communauté sportive québécoise est choyée de pouvoir compter sur une organisation indépendante des structures et des fédérations sportives comme Sport’Aide qui tient une position de choix pour inspirer ces changements »

–  Tine Vertommen

“Sport’Aide: un modèle inspirant” – Tine Vertommen, Ph.D

Comme vous l’avez peut-être lu récemment sur notre blogue, c’est avec une grande joie que nous avons reçu Tine Vertommen le 18 septembre dernier. Si vous ne connaissez pas madame Vertommen, rappelons qu’elle est non seulement une grande chercheure dans le domaine de la violence en milieu sportif, mais elle aussi une personne inspirante. Durant cet après-midi que nous avons passé avec elle, nous en avons profité pour discuter de ce qui se fait dans nos pays respectifs en matière de protection de nos jeunes athlètes.

Son premier constat portait sur la volonté politique canadienne et québécoise de s’attaquer au problème de la violence en contexte sportif.

« J’adore votre ministre des sports, lance-t-elle en affichant une photo de la Ministre Duncan à l’écran. C’est avec des gens comme elle que nous réussissons à changer les choses pour nos athlètes. Sans ce leadership gouvernemental, il est difficile d’apporter des changements qui perdureront. C’est d’ailleurs ce que je trouvais le plus difficile en Belgique avant d’obtenir l’appui du gouvernement. »

Pour nous, chez Sport’Aide, rappelons que c’est d’abord grâce à la volonté du Ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur du Québec que nous avons pu rendre disponible notre service d’écoute pour venir en aide à la communauté sportive.

« Ce que je trouve intéressant de votre service d’écoute, c’est l’indépendance que vous avez su établir par rapport aux fédérations sportives. En effet, j’ai étudié un modèle similaire aux Pays-Bas mais qui agissait sous l’égide du Comité olympique des Pays-Bas. Malheureusement, ce service a reçu peu d’appels, car les gens craignaient de se confier auprès d’un organisme qui faisait partie de la même structure que les fédérations.»

Ceci dit, comme le mentionnait Vertommen, ce n’est pas parce que nous maintenons une certaine indépendance avec les fédérations qu’il ne faut pas les accompagner dans l’implantation de mesures de protection.

« Les fédérations sportives ont elles aussi besoin d’aide. Elles ont besoin d’un organisme qui peut les appuyer au niveau des connaissances scientifiques nécessaires pour s’assurer de la pertinence des mesures à instaurer et de la manière de les implanter pour favoriser leur pérennité. Je pense que ce doit être le rôle d’une organisation inspirante comme Sport’Aide », ajoute Vertommen.

À la suite de ce commentaire, et en référant à ce qu’elle met en place en Belgique, nous lui avons demandé son avis afin d’éclairer la communauté sportive québécoise.

« Pour l’instant, nous en sommes à mettre en place des mesures de prévention de base comme des politiques de prévention de la violence, des codes de conduite, des procédures de filtrage, etc. Je pense par contre que l’action la plus importante demeure la sensibilisation, car j’estime que nous pouvons régler jusqu’à 90% des problèmes de violence en sensibilisant les diverses parties prenantes. Selon moi, la grande partie de la violence ne relève pas de la pathologie, mais souvent simplement d’un manque de connaissances et de sensibilité à l’égard de ce qui est abusif et ce qui ne l’est pas. Ce pourquoi chez nous, nous avons utilisé nos athlètes de haut niveau afin qu’ils puissent livrer un message au grand public. Un peu comme vous le faites d’ailleurs ici avec vos Ambassadeurs de l’esprit sportif », compare en terminant Vertommen.

Bref, nous en sommes venus à la conclusion que nos deux pays en sont rendus à la même étape dans leur cheminement en matière de protection des athlètes : l’accompagnement des fédérations sportives dans l’implantation de mesures de protection pour nos athlètes. Notre rencontre, s’est donc terminée sur un enthousiasme réciproque à partager nos avancés et donc de collaborer au cours des prochaines années à l’amélioration de nos méthodes respectives.

En conséquence, Sport’Aide est assez fière d’ajouter madame Vertommen à sa liste de collaborateurs afin de s’assurer que le Québec et nos jeunes athlètes puissent jouir d’environnements sportifs sains et sans violence.

Alexandre Baril                                                                                                                 Chargé de projet, Sport’Aide

« Ce que je trouve intéressant de votre service d’écoute, c’est l’indépendance que vous avez su établir par rapport aux fédérations sportives. […]

– Tine Vertommen

Alain Fortier – De victime à résilient !

Sport’Aide vous présente aujourd’hui Alain Fortier qui nous a récemment partagé son histoire comme victime d’agression sexuelle. Franc et direct, ce père de deux enfants qui œuvre dans les finances depuis une vingtaine d’années, nous a exposé la vision et le parcours d’une victime qui a su au fil des années donné un tout autre sens à ses agressions.

La résilience au service d’une mission

« Ponctué de hauts et de bas, ce processus ne fut pas de tout repos et m’a néanmoins permis d’apprendre beaucoup sur moi-même et d’en ressortir plus fort », amorce celui qui a fondé le VASAM (victimes d’agressions sexuelles au masculin). Loin de se positionner en victime, ce dernier en a donc fait une démarche constructive en se donnant une mission, soit celle d’aider les victimes d’agressions sexuelles, les protéger et de mettre leurs droits à l’avant plan.

Questionné sur sa recette menant vers la résilience, Alain ne prétend pas connaitre de formule magique. Il souhaite tout de même que son expérience, qu’il partage ouvertement et courageusement, aidera d’autres victimes. « J’espère que mon témoignage contribue à faire avancer les débats et qu’il permettra une meilleure reconnaissance des droits et besoins des victimes d’agressions sexuelles », ajoute-t-il. À cet égard, il ne cache pas sa préoccupation pour les victimes masculines pour qui les tabous en lien avec les agressions sexuelles sont encore extrêmement forts et les ressources d’aide manquantes.

Selon Alain, la démarche vers la résilience passe par différentes étapes. « Prendre conscience d’avoir été une victime ainsi que des conséquences associées au traumatisme ; cesser de se culpabiliser ; déconstruire le sentiment de honte ; faire fi du jugement des autres ou des représailles possibles ; et apprendre à parler de son vécu sont les principaux éléments que j’ai dû surmonter durant ma démarche personnelle, judiciaire et sociale », énumère-t-il.

Bien que la démarche judiciaire ait été très longue et fastidieuse et n’ait pas nécessairement toujours donné les résultats attendus, Alain est catégorique : « ce fut nécessaire et, dans mon cas, ce fut salvateur… malgré que j’ai mis 20 ans avant d’entamer cette dernière bataille pour obtenir justice. Bien au-delà de la justice, j’estime que cette démarche doit d’abord être faite pour soi-même puisque le défi exige d’apprendre à faire la paix avec soi », explique-t-il.

S’il est un autre élément sur lequel Alain met l’emphase c’est l’importance d’être bien entouré et soutenu dans ces périodes plus difficiles. « J’ai été privilégié d’être appuyé de ma conjointe, ma famille, mes amis, mais aussi de ressources comme les CALACS, les enquêteurs, les psychologues et les travailleurs sociaux qui sont des ailiers importants et essentiels afin de faciliter le processus de dénonciation et de guérison ».

Cela dit, l’étape initiale demandera toujours d’en parler une première fois, puis une deuxième et, voire même, une troisième fois. « Chaque fois où j’ai pu briser le silence et raconter mon histoire à une personne qui a su me croire, je me sentais immédiatement allégé et soulagé. Il FAUT donc en parler ! », termine Alain en s’adressant à toutes les victimes d’agressions sexuelles.

Bref, peu importe la gravité des actes et de ses conséquences et peu importe si vous voulez dénoncer officiellement votre agresseur ou non, puisque cela demeure un choix personnel appartenant à chaque victime, il ne faut pas s’isoler avec un secret aussi lourd et empoissonnant. Et ce message, il ne s’adresse pas uniquement aux victimes ! Il nous interpelle tous puisque que pour pouvoir parler, les victimes ont besoin d’une oreille bienveillante à laquelle se confier. Cela signifie donc d’être disposé à écouter attentivement, sérieusement, sans jugement et avec la volonté de soutenir la personne qui se confiera.

Si vous êtes interpelés par ce message, n’hésitez pas à contacter VASAM, fondé par M. Fortier. Cette organisation vient en aide aux hommes victimes d’agressions sexuelles. De plus, Sport’Aide est là pour vous écouter et vous aider à amorcer votre propre processus de guérison qui passera par la réappropriation du contrôle sur votre vie… et la résilience.

Merci Alain pour ta contribution à la cause!

M-A D

Note : Pour en connaitre davantage sur l’histoire d’Alain Fortier, son cheminement et ses constats, vous pouvez lire son livre intitulé « Agressé sexuellement : De victime à résilient » paru chez Presses Inter Universitaires en 2013.

« J’espère que mon témoignage contribue à faire avancer les débats et qu’il permettra une meilleure reconnaissance des droits et besoins des victimes d’agressions sexuelles. »

– Alain Fortier

Tu cherches de l’aide?

En contactant l’équipe de Sport’Aide, quelqu’un t’écoutera, t’accompagnera et te conseillera selon la situation que tu vis. Cela dit, selon les différentes situations, il existe aussi des services complémentaires pour t’aider.  Alors n’hésite pas!

Je suis victime de violence sexuelle …

Je suis témoin de violence sexuelle

Les violences sexuelles peuvent prendre diverses formes et inclure ou non des contacts physiques. Le harcèlement sexuel est la forme la plus subtile et peut se témoigner par des paroles, des gestes ou des comportements à caractère sexuel. Si tu penses être victime ou si tu es témoin de violence sexuelle, contacte les CALACS de ta région ou la Ligne d’écoute, d’information et de référence pour les agressions sexuelles :

1-888-933-9007

J’ai des idées suicidaires

Je connais quelqu’un qui a des idées suicidaires

Les idées suicidaires sont à prendre au sérieux. Ne reste pas seul(e) avec cela. Pour toi ou pour quelqu’un que tu connais, n’hésite pas à demander de l’aide. Contacte le Centre de prévention du suicide de ta région :

1-866-APPELLE (1-866-277-3553)

Liste des centres de prévention du suicide au Québec

IMPORTANT : Si la sécurité de la personne est compromise dans l’immédiat, appelle le 911.

Je suis victime de cyberintimidation

Ce type de violence survient sur le cyberespace, dans les réseaux sociaux ou par messages textes. Comme tu le sais, la cyberintimidation – comme l’intimidation – est une parole, un comportement, un geste ou un acte répétitif exprimé de façon directe ou indirecte qui se caractérise par un rapport de force, qui blesse et opprime la personne en plus d’engendrer chez elle des sentiments de détresse. Si toi ou un ami êtes victime de cyberintimidation, diverses ressources existent pour toi :

Cyberaide.ca

Tél : 1-866-658-9022

Aidezmoisvp.ca

Mon entraîneur a des pratiques abusives envers moi-même et/ou mes coéquipiers…

Les pratiques abusives d’un entraîneur peuvent prendre différentes formes, qu’elles soient physiques, verbales ou psychologiques. Si ton entraîneur te ridiculise régulièrement; te rabaisse devant les autres; t’exclut intentionnellement; adopte d’autres comportements qui ébranlent ta confiance et ton estime de soi; utilise des méthodes d’entraînement inappropriées; force un athlète à s’entraîner malgré une blessure; inflige des entraînements supplémentaires qui mènent à l’épuisement; ou utilise toute autre pratique qui te questionne, contacte-nous.

Tél et SMS : 1-833-211-AIDE (2433)

Courriel : aide@sportaide.ca

J’ai été victime de rituel d’initiation abusif

Le rituel d’initiation abusif consiste en une activité humiliante, dégradante, abusive ou dangereuse à laquelle les membres de l’équipe plus expérimentés exigent que l’athlète-recrue participe (volontairement ou non) afin de gagner sa place au sein de l’équipe. Sache que ce type d’activité ne contribue d’aucune façon à ton développement positif. Des exemples : te crier des injures, te demander d’enlever des vêtements, te demander de simuler des actes de nature sexuelle et autres. Ces situations ne sont jamais acceptables. Si tu as vécu l’une de ces situations que tu crois abusive, contacte-nous :

Tél et SMS : 1-833-211-AIDE (2433)

Courriel : aide@sportaide.ca

Je suis administrateur d’un club sportif et je souhaite réviser notre politique sur la violence et le harcèlement

Une politique sur la violence et le harcèlement en milieu sportif permet aux organisations de prendre des mesures concrètes pour viser la sécurité des jeunes et de prendre position face à la violence. Si vous souhaitez avoir de l’information à ce sujet, contactez-nous :

Tél et SMS : 1-833-211-AIDE (2433)

Courriel : aide@sportaide.ca

Je suis administrateur d’un club sportif et je souhaite rebâtir le code d’éthique

Un code d’éthique permet d’assurer une ligne de conduite précise respectant les valeurs et les pratiques du club pour tous les membres qui participent au sport; qu’ils soient athlètes, parents, entraîneurs, officiels, administrateurs ou bénévoles.

Contactez-nous :

Tél et SMS : 1-833-211-AIDE (2433)

Courriel : aide@sportaide.ca

J’ai des interrogations en lien avec un aspect légal

Contactez l’une des organisations suivantes :

Boussole Juridique.ca

Centre de justice de proximité

Barreau du Québec

Éducaloi

Je suis entraîneur d’une équipe sportive dans laquelle il y a de l’intimidation et/ou de la cyberintimidation …

L’intimidation et la cyberintimidation est un comportement, un geste, une parole ou un acte répétitif exprimé de façon directe ou indirecte qui se caractérise par un rapport de force et qui blesse et opprime la personne en plus d’engendrer chez elle des sentiments de détresse. Il existe différentes étapes à suivre lors de situation d’intimidation, la première étant de se positionner contre la violence pour que les gestes cessent. Pour plus d’information, contactez l’un de ces services :

Tél et SMS : 1-833-211-AIDE (2433)

Courriel : aide@sportaide.ca

Cyberaide.ca

Tél : 1-866-658-9022

Aidezmoisvp.ca

Je suis parent d’un jeune sportif et je me questionne au sujet des pratiques de son entraîneur …

Les pratiques abusives d’un entraîneur peuvent prendre différentes formes, qu’elles soient physiques, verbales ou psychologiques. Si l’entraîneur ridiculise régulièrement; rabaisse devant les autres; exclut intentionnellement; adopte d’autres comportements qui ébranlent la confiance et l’estime de soi; utilise des méthodes d’entraînement inappropriées; force un athlète à s’entraîner malgré une blessure; inflige des entraînements supplémentaires qui mènent à l’épuisement; ou utilise toute autre pratique qui vous questionne, contactez-nous :

Tél et SMS : 1-833-211-AIDE (2433)

Courriel : aide@sportaide.ca

Si vous avez un doute sérieux que la sécurité ou le développement de l’enfant ou de l’adolescent est compromis, contactez le directeur de la protection de la jeunesse (DPJ) ou le service de police de votre municipalité

Pour en savoir plus, consultez la brochure «Faire un signalement, c’est déjà protéger un enfant»

Je suis parent d’un jeune sportif ayant été victime de rituel d’initiation abusif

Le rituel d’initiation abusif consiste en une activité humiliante, dégradante, abusive ou dangereuse à laquelle les membres de l’équipe plus expérimentés exigent que l’athlète-recrue participe (volontairement ou non) afin de gagner sa place au sein de l’équipe. Ce type d’activité ne contribue d’aucune façon au développement positif de l’athlète. Des exemples : crier des injures à l’athlète, lui demander d’enlever ses vêtements ou de simuler des actes de nature sexuelle et autres. Ces situations ne sont jamais acceptables. Si votre enfant a vécu une situation que vous croyez abusive, contactez-nous :

Tél et SMS : 1-833-211-AIDE (2433)

Courriel : aide@sportaide.ca

Je soupçonne un athlète que je connais de se doper

Le dopage est interdit dans le milieu sportif, mais plusieurs athlètes peuvent être tentés d’utiliser des produits dopants afin d’améliorer leurs performances. Si vous avez des doutes ou si vous souhaitez avoir plus d’information sur le sujet, consultez le site web du Centre canadien pour l’éthique dans le sport

Si vous souhaitez signaler le dopage, consultez le site web suivant :

https://signalezledopage.cces.ca/WebPages/Public/FrontPages/Default.aspx

ou appelez au : 1-800-710-CCES (2237)

Je suis entraîneur et je pense qu’un de mes athlètes a un trouble lié à la consommation

Je suis parent d’un athlète et je pense qu’il a un trouble lié à la consommation

Je m’inquiète pour un de mes coéquipiers qui semble avoir un trouble lié à la consommation

Contactez la ligne téléphonique Drogue : Aide et référence :

1-800-265-2626

Consultez le site Internet du répertoire des ressources en dépendance

Je suis parent d’un jeune athlète qui se fait intimider dans son équipe en raison de son orientation sexuelle

Contactez Gris Montréal                             

Tél : 514-590-0016

ou Gris Québec

Tél : 418 523-5572

Consultez le Guide de ressources LGBT

Mon enfant pratique un sport et je soupçonne qu’il/elle ait un trouble alimentaire

Je suis entraîneur et un de mes athlètes semble avoir un trouble alimentaire

Certains sports sont axés sur l’apparence physique, ce qui peut mettre de la pression sur les sportifs qui souhaitent remplir des standards de poids ou de beauté. Si vous souhaitez obtenir du soutien, des réponses à vos questions ou avoir de l’information à ce sujet, contactez ANEB Québec

Tél : 1-800-630-0907

Vous ne trouvez pas ce que vous cherchez: contactez Sport’Aide

J.G.B

Qu’est-ce qui se passe lorsque j’appelle chez Sport’Aide?

Voici que tu prends ton courage à deux mains et que tu composes enfin le 1-833-211-AIDE(2433). Tu y réfléchissais depuis longtemps. C’est après avoir vu le numéro de Sport’Aide sur l’affiche au gymnase, sur YouTube ou sur Instagram? Peut-être est-ce depuis que tu as parlé avec un ami ou un coéquipier qui t’a conseillé d’appeler – peu importe – que tu te demandes : « Si je devrais appeler? Que vont-ils penser? Que peuvent-ils faire pour moi? Qui me répondra? ».  Toutes ces questions, elles sont légitimes, mais rassure-toi l’équipe de Sport’Aide t’ouvre sa porte à l’instant afin de te livrer son secret!

Lorsque tu appelles à la ligne sans frais de Sport’Aide, ce sera toujours un ou une intervenant(e) qui te répondra. À ce moment-là, libre à toi, tu peux te nommer ou tu peux même rester anonyme, en disant à l’intervenant que tu ne désires pas donner ton nom. Il n’y a absolument aucun problème! Cela ne change en rien la discussion que tu auras avec lui, ou avec elle.  De toute façon, tu dois savoir que tout ce qui se dit demeure confidentiel; c’est-à-dire que l’intervenant n’en parlera absolument à personne. Même si ton coach nous contacte pour savoir si tu as appelé; motus et bouche-cousue!

Cela dit, tu peux poser toutes les questions qui te viennent à l’esprit : parler de ce qui ne va pas, être fâché ou même pleurer si tu en ressens le besoin. Personne ne va te juger puisque les intervenants sont là pour toi. Disons que, nous, les intervenants, on en a déjà entendu « des vertes pis des pas mûres »! Tu n’es probablement pas la première personne qui soit gênée, dévastée, mêlée, triste, coupable ou bien mal à l’aise de parler de ce que tu vis. Tout au long de la discussion, l’intervenant te posera certainement des questions qui quelques fois ne seront pas faciles à répondre, d’autres pour lesquelles tu ne connais pas la réponse, ou parfois même des questions qui te sembleront intrusives ou « pas rapport ».  Ne t’en fais pas, c’est normal. Ces questions, l’intervenant te les pose pour mieux comprendre ta situation.

À la fin de l’appel, peut-être te sentiras-tu mieux simplement parce que tu en auras parlé. Ça se peut très bien! Et si tu souhaites aller plus loin, l’intervenant évaluera avec toi les différentes possibilités. Il te conseillera probablement d’autres organismes dans ta région où tu pourras rencontrer un intervenant en personne ou te donnera le numéro d’un psychologue afin d’avoir un suivi plus à long terme. Cet appel vers une autre ressource pourrait même être fait ensemble, si c’est plus facile pour toi.  Autrement, l’intervenant te donnera peut-être aussi le numéro de ta fédération sportive, t’expliquera pourquoi tu dois les appeler et te conseillera dans cette démarche. Il pourrait également arriver, si tu le veux, qu’il t’envoie par courriel des documents à lire pour te donner de l’info. Enfin, peut-être te fournira-t-il des solutions ou des actions à poser à court terme, comme écrire une lettre ou te confier à un adulte de confiance dans ton entourage.

Tu vois, les possibilités sont multiples! Les intervenants de Sport’Aide sont là pour toi ou tes amis et ils peuvent t’aider et t’accompagner peu importe ta situation ou ton besoin.

Alors n’hésite pas.  Allez, appelle-nous si tu as besoin!

A.J.F.

 […] tu peux poser toutes les questions qui te viennent à l’esprit : parler de ce qui ne va pas, être fâché ou même pleurer si tu en ressens le besoin. Personne ne va te juger puisque les intervenants sont là pour toi.

Le sport, puissant moteur de socialisation et d’intégration

Une fois sur le terrain, nous sommes tous égaux et travaillons dans un même but. Il n’existe pas beaucoup d’activités et de contextes qui permettent de rassembler des personnes qui ne se connaissaient pas entre elles et, qui avant même d’apprendre à se connaitre (origine, statut social, idéologie politique, etc.), mettent tout ça de côté en arrivant dans le vestiaire.  Puisqu’au-delà de toutes ces différences qui trop souvent nous divisent, le sport permet de nous rapprocher, d’éliminer des barrières, de s’unir et de collaborer pour atteindre l’objectif qui devrait toujours prioriser dans le sport : le plaisir de jouer.

En effet, qu’ils émanent de résultats d’études ou de la pensée populaire, la plupart des discours sur la pratique sportive – dont la réalité reste parfois très difficilement vérifiable ou quantifiable – s’entendent sur l’immense potentiel intégrateur du sport. Sans en oublier les bienfaits au niveau de la transmission des valeurs et de la socialisation. Ainsi, des valeurs comme la solidarité, l’esprit d’équipe, le dépassement (sain), le goût de l’effort, la persévérance, le respect et l’humilité pour ne nommer que ceux-là, sont des valeurs universelles que permet de transmettre le sport quand celui-ci est pratiqué dans un contexte sain.

Ce concept peut même s’appliquer au niveau des spectateurs. Il suffit de voir une nation tout entière encourager unanimement l’équipe représentant leur pays, et ce, peu importe la nationalité d’origine des joueurs formant l’équipe. Qui ne connait pas quelqu’un dans son entourage qui se prônait comme un ardant séparatiste du Québec, mais qui, lors des Olympiques de Vancouver de 2010, était un fervent supporteur de l’équipe canadienne de hockey?  Comme la très grande majorité des québécois ce jour-là, ce fier Québécois a probablement fêté aussi fort que tous les autres Canadiens le «Golden Goal» de Sydney Crosby en prolongation. Voilà un bel exemple démontrant que le sport peut nous permettre «d’oublier» nos différences idéologiques pour réunir un peuple et, consciemment ou non, nous ouvrir face à la différence.

À une époque où les enjeux et les débats liés à l’immigration et l’intégration créent de nombreuses polémiques, le sport démontre toujours, a un niveau moindre convenons-en, qu’il est possible de rapidement faire tomber les barrières face aux différences lorsque tous travaillent et s’unissent dans un objectif commun. Par sa fonction, ses principes ainsi que ses règles acceptées et intériorisées, le sport peut donc prendre une place importante dans un processus continu de construction identitaire et sociale à l’instar de l’école et du travail.

Il importe toutefois de garder en tête que pour que ces bienfaits ressortent de la pratique sportive, il faut que cette union qui amène des personnes de tout acabit à collaborer ou à encourager leur équipe vers la victoire, se matérialise en respectant l’adversaire. Sinon, la haine que pourrait provoquer la compétition malsaine risque t’atténuer grandement ses bienfaits et le sport, lui, de ne pas transmettre les bonnes valeurs.

Donc, en avant toute! le sport et à bas les barrières qui divisent !!

M.-A. D.

[…] au-delà de toutes ces différences qui trop souvent nous divisent, le sport permet de nous rapprocher, d’éliminer des barrières, de s’unir et de collaborer pour atteindre l’objectif qui devrait toujours prioriser dans le sport : le plaisir de jouer.

La cyberintimidation qu’en est-il? (1ère partie)

La défaite de l’équipe canadienne en quarts de finale au plus récent championnat du monde de hockey junior a de nouveau démontré que les médias sociaux peuvent malheureusement être utilisés à mauvais escient, nous rappelant ainsi que la problématique de la cyberintimidation n’a fait que croître de façon exponentielle durant la dernière décennie (Smith & Berkkun, 2017). Rappelons qu’à la suite de son tir de pénalité raté en prolongation contre la Finlande, le jeune Maxime Comtois a été convié à une séance de cyberintimidation dans les « plus grandes » règles de l’art. Un bien triste épisode qui n’était pas sans rappeler ce qu’avait aussi vécu la patineuse de vitesse québécoise Kim Boutin lors des derniers JO d’hiver à Pyeongchang.

Cela dit, quelles sont les particularités associées à la cyberintimidation ou la cyberhaine versus celles liées à l’intimidation dite traditionnelle ? Les causes sont-elles les mêmes ? Quelles en sont les conséquences ? Et surtout comment prévenir et contrer cette problématique ? Etc. Autant de questions qui nous ont amenés à vous proposer nos deux prochains blogues qui nous permettront, souhaitons-le, de démystifier ce phénomène. Ce premier texte visera d’abord à mieux discerner la problématique spécifique ainsi que les conséquences qui en découlent pour les victimes. Le second s’attardera aux causes et pistes de solutions.

Cyberintimidation ou cyberhaine

Tout d’abord, il faut faire attention à la définition que l’on donne au terme cyberintimidation. Celle vécue par Comtois et Boutin et celle survenant entre pairs à l’école ou dans le sport local sont deux phénomènes différents, bien que tous deux inadmissibles. Souvent, la cyberintimidation entre pairs « n’est que » l’extension électronique de l’intimidation traditionnelle (Gini, Card & Pozzoli, 2018). Cependant, les récents détracteurs de Comtois n’avaient aucune relation avec lui autre que celle facilitée par le web. Contrairement à la cyberintimidation entre pairs, ce que le jeune capitaine canadien a vécu prend racine ailleurs que dans la relation réelle entre deux personnes. Certains auteurs parlent alors de cyberhaine (Blaya, 2018). Néanmoins, les nombreux facteurs associés à la cyberintimidation font en sorte qu’il est encore difficile d’obtenir une définition unanime, si ce n’est qu’elle passe par des plateformes informatiques. En effet, les critères associés à l’intimidation traditionnelle sont : l’intention de blesser l’autre ; la prise de pouvoir dans le rapport de force entre l’agresseur et la victime ; et finalement la nature répétitive des comportements d’intimidation. Or, la cyberintimidation ne se limite pas à cette définition ni à ces critères.

En effet, certaines caractéristiques propres à cette problématique viennent changer la donne. Dans le contexte de la cyberintimidation, une différence majeure réside dans la capacité, pour ne pas dire dans la facilité, de diffusion, jumelée au caractère permanent des agressions. En effet, un seul commentaire publié sur les réseaux sociaux peut être partagé par n’importe qui et rapidement devenir viral lorsque repris autant par ceux qui veulent alimenter la haine que par ceux qui souhaitent dénoncer ou nuancer les propos inacceptables. Qui plus est, malgré les bonnes intentions des modérateurs et gestionnaires de réseaux sociaux qui tentent de limiter la portée de tels messages, une fois publiés, rien ne peut empêcher qu’une personne n’ait déjà pu « préserver » quelques-uns de ces commentaires – rien ne disparaît complètement d’Internet ! – laissant ainsi toujours planer la possibilité que toute photo ou commentaire ne réapparaisse à tout moment. C’est pourquoi, à première vue, le caractère répétitif n’est pas présent lorsqu’un intimidateur n’agit qu’à une seule occasion dans un événement précis. Cependant, les recherches démontrent que les expériences de victimisation vécues ainsi que les conséquences qui en découlent deviennent récurrentes en raison des messages qui sont partagés ou ” likés ” ensuite à plusieurs reprises.

Conséquences lourdes

Ce qui nous amène à aborder les conséquences pour les victimes. Pour ce faire, il suffit de se rapporter à l’entrevue que nous accordait Chantal Machabée l’automne dernier alors qu’elle nous racontait ce qu’elle avait elle-même vécu en matière de cyberintimidation pour avoir une idée des lourdes conséquences qu’engendre ce phénomène. « … cette réalité malsaine et néfaste n’avait pas sa place et ne devait plus être endurée et encore moins normalisée. Quand je repense aux conséquences et aux impacts négatifs sur ma famille et moi, ces attaques quotidiennes (des dizaines de messages par jour) étaient devenues lourdes à porter. »

En plus du caractère permanent lié à la cyberintimidation pouvant générer une forte dose d’anxiété et d’insécurité, il faut aussi considérer l’anonymat de ce type de violence comme un autre facteur très anxiogène. Ainsi, les recherches démontrent que les sentiments d’insécurité et d’anxiété sont décuplés par cet anonymat, puisque la victime doute d’abord de son entourage (amis, famille, connaissances, etc.) en se demandant si l’agresseur ne s’y trouve pas et se demande aussi qui dans son réseau pourrait avoir pris connaissance ou – pire encore – propagé ces malheureux commentaires. (Blaya, 2015).

Bref, comme vous le voyez, et comme Maxime Comtois l’a récemment dit : « La cyberintimidation est une menace présente. Personne ne devrait subir ceci. » Une citation qui trouve tout son sens et indique pourquoi cette problématique doit être prise au sérieux et pourquoi elle nécessite que l’on s’y attarde tout aussi sérieusement. Restez donc à l’affût de notre prochain blogue pour en savoir davantage.

En attendant cette prochaine parution, si vous ou quelqu’un que vous connaissez êtes aux prises avec une situation de cyberintimidation, n’hésitez-pas à contacter Sport’Aide, le Centre Cyber-aide ou l’une des ressources mentionnées ci-dessous.

Ressources

Sport’Aide

Centre Cyber-aide

Ligne parent

Éducaloi

Références

Blaya, C. (2018). Cyberhate: A review and content analysis of intervention strategies. Aggression and Violent Behavior.

Cusson, M. (2006). La délinquance, une vie choisie. J.-M. Tremblay.

Debarbieux, É. (2008). Dix Commandements contre la violence à l’école (Les). Odile Jacob.

Gini, G., Card, N. A., & Pozzoli, T. (2018). A meta-analysis of the differential relations of traditional and cyber-victimization with internalizing problems. Aggressive behavior44(2), 185-198.

Tétreault, C. (2018). Jeunes connectés, parents informés. Midi Trente Éditions.

Sachez que Sport’Aide lancera très bientôt une approche (outils, activités, etc.) afin de prévenir et contrer l’intimidation – et la cyberintimidation ça va de soi – en milieux sportifs. Surveillez nos actualités !

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