Bigorexie : Quand le sport devient une addiction

Avez-vous déjà entendu parler de la bigorexie? Ce terme qui, initialement, était utilisé dans le monde du culturisme, pourrait concerner l’ensemble des activités physiques et sportives. Plus connue en Europe, particulièrement en France, la bigorexie (aussi appelée la dépendance au sport, sportoolisme ou anorexie inversée) a été reconnue, en 2011, par l’Organisation mondiale de la santé, comme faisant partie des dépendances comportementales (p.ex., dépendance aux jeux de hasard et d’argent, la dépendance aux jeux vidéo, achats compulsifs, dépendances alimentaires, dépendances sexuelles et affectives).

Cette forme de dépendance est associée aux troubles alimentaires et à la dysmorphie musculaire sans s’y limiter. Les spécialistes du Centre d’Études et de Recherches en Psychopathologie de Toulouse en ont proposé la définition suivante : « la bigorexie est un besoin irrépressible et compulsif de pratiquer régulièrement et intensivement une ou plusieurs activités physiques et sportives en vue d’obtenir des gratifications immédiates, et ce, malgré des conséquences négatives à long terme sur la santé physique, psychologique et sociale ».

Curieux paradoxe s’il en est un puisque les bienfaits de l’activité physique régulière ont été largement documentés dans la littérature (Lubans et ses collaborateurs, 2016; Warburton & Bredin, 2017). Mais comment expliquer qu’une chose si positive puisse devenir néfaste pour la santé ? D’une part, lorsque l’activité physique nuit au fonctionnement social en primant sur toutes les autres sphères de vie (famille, conjoint(e), enfants, travail, amis, etc.). D’autre part, lorsque l’on cesse d’écouter son corps en continuant à s’entrainer bien qu’épuisé, malade ou blessé. Ainsi, la bigorexie s’avère nuisible puisqu’elle amène à faire de l’exercice de manière compulsive et au-delà des limites physiques, physiologiques et psychologique de l’organisme.

Bien évidemment, toutes les personnes qui pratiquent un sport de façon intensive ne développent pas une dépendance. Pour parler de dépendance au sport, plusieurs manifestations doivent être observées. Selon Leone et ses collaborateurs (2005), les personnes souffrant de bigorexie se sentent généralement mal, voire déprimées si elles ne pratiquent pas d’activité physique tous les jours. De plus, elles organisent et planifient toutes leurs journées en fonction de leur activité physique. En outre, elles trouvent qu’elles ne s’entraînent jamais assez et sont obsédées par leur poids et leurs performances. Enfin, selon l’Association Santé et Environnement France (ASEF), la bigorexie peut présenter des risques pour la santé, au-delà des problèmes professionnels, familiaux et psychologiques comme l’épuisement généralisé, les déchirures musculaires, les atteintes tendineuses, les fractures osseuses et l’infarctus.

Les causes

Comme toutes les dépendances, les causes associées au développement de la bigorexie sont multiples et complexes. D’une part, comme l’explique l’ASEF, « la bigorexie peut avoir une origine psychologique : besoin d’augmenter l’estime de soi, de combler un vide affectif ou de modifier l’apparence corporelle qui est sous-estimée ». D’autre part, l’activité physique génère beaucoup de dopamine et d’endorphine, au même titre que la prise de drogues ou les rapports sexuels. Ces molécules agissent comme neurotransmetteurs dans le cerveau et sont associées autant sentiment de plaisir qu’au soulagement de la sensation de douleur et du stress. Ces neurotransmetteurs sont libérés par notre cerveau lors d’expériences que celui-ci associe au plaisir, lui-même reconnu pour jouer un rôle dans les processus de dépendance.

Une autre explication à considérer réside dans l’évolution de notre société occidentale contemporaine qui nous bombarde d’images irréalistes et d’idéaux corporels véhiculés par des médias très présents dans notre quotidien. Cette image idéalisée du corps contribue à développer et entretenir l’insatisfaction face à notre image corporelle, et ce, tant chez les hommes que chez les femmes. Le culte de la minceur étant une réalité assez connue, la pression « imposée » aux hommes pour changer leur apparence afin de devenir plus musclé est elle aussi pointée du doigt. Qui plus est, la valorisation accrue des exploits sportifs individuels propice au dépassement de ses limites pourrait aussi provoquer un entraînement excessif pour atteindre des sommets.

En résumé, si les causes derrière la bigorexie sont multiples, un fait demeure, les conséquences de cette dépendance sont bien réelles et nécessitent que l’on s’y attarde.

Comment s’en sortir ? 

Maintenant que nous en savons davantage sur la bigorexie, que faire pour traiter de cette dépendance ? La première étape vers le mieux-être demande une prise de conscience où parler s’avère primordial. À cet égard, discuter, poser des questions, entamer un travail avec un thérapeute spécialisé en thérapies cognitives et comportementales ou un psychologue du sport est conseillé. Ainsi, un diagnostic pourra être posé et une démarche entamée.

Les personnes qui se questionnent par rapport à leur propre rapport à l’activité physique ou qui se sentent concernées ne doivent pas hésiter à en parler à leur médecin ou tout autre professionnel de la santé et/ou des services sociaux. N’hésitez pas à contacter Sport’Aide qui pourrait être un premier pas vers une discussion, une écoute voire une prise de conscience à ce sujet.

M.-A. D.

Sortie rapide
Sport'Aide

5055, Boulevard Wilfrid-Hamel (Suite 200)
Québec (Québec)
G2E 2G6
CANADA
Ligne d'écoute : 1-833-211-2433 (AIDE) 1-833-245-4357 (HELP) | Bureaux administratifs : 418-780-2002

Politique integrite

©2024, Sport'Aide. Tous les droits sont réservés.