La cyberintimidation qu’en est-il ? (2e partie)

Causes et solutions

Maintenant que nous savons ce qui distingue la cyberintimidation et ses conséquences, tentons de comprendre pourquoi les gens s’adonnent à cette pratique et comment contrer celle-ci.

Bien que les causes associées à l’intimidation traditionnelle puissent aussi se retrouver dans la cyberintimidation, les recherches présentent tout de même des éléments distinctifs quant aux facteurs pouvant expliquer pourquoi cette problématique ne cesse de croître et pourquoi une personne s’adonne à cette pratique.

Celles-ci évoquent d’abord le sentiment d’impunité lié entre autres à l’anonymat puisque, malheureusement et souvent, les auteurs de ces agressions courent peu de risque de subir des sanctions. Ensuite, il est question de l’instantanéité qui incitent les agresseurs à agir sous le coup de l’émotion faute d’avoir pris le temps de réfléchir. Enfin, l’autre élément important à considérer est la distance entre la victime et son agresseur qui empêche ce dernier de voir les émotions que génèrent ses commentaires sur sa cible et son entourage, limitant du coup sa capacité d’empathie.

Les causes ainsi connues, qu’en est-il des agresseurs, desquels on dit parfois qu’ils ont besoin d’un bouc émissaire pour libérer certaines frustrations. Pour ces derniers, la cyberintimidation devient alors, et à tort, un raccourci leur accordant instantanément un faux sentiment de pouvoir. Lequel sentiment avait d’ailleurs inspiré cet écrit à Nietzche dans le Crépuscule des idoles :

« Il y a en lui un instinct de causalité qui le pousse à raisonner. Il faut bien que ce soit la faute de quelqu’un s’il se trouve mal à l’aise, et cette belle indignation lui fait déjà du bien à elle-même. C’est un vrai plaisir pour un pauvre diable de pouvoir injurier, il y trouve une petite ivresse de puissance. »

En effet, bien que de rares recherches se soient attardées aux motivations et caractéristiques communes de ceux qui commettent la cyberintimidation, des études démontrent que les responsables de ces agressions, ces « pauvres diables » selon Nietzche, sont souvent vulnérables quant aux conditions socio-économiques, d’inclusion et d’identité (Hawdon et al., 2015). Pour résumer, disons que ces personnes vivent souvent des difficultés au plan social, liées par exemple à de faibles aptitudes de communication, de gestion des émotions et de résolution de problèmes, engendrant ainsi l’accumulation de frustrations et constituant les ingrédients derrière ce passage à l’acte.

Que faire alors ?

Certaines études mettent l’accent sur la nécessité d’un mécanisme de régulation pour les différentes plateformes virtuelles ainsi que d’une législation pour donner des outils afin de contrer la cyberhaine. Si certains de ces mécanismes sont déjà présents et efficaces pour les cybermenaces ou la diffusion d’images explicites, convenons qu’il s’avèrerait toutefois complexe de légiférer en assurant l’équilibre nécessaire entre la protection et le respect de la liberté d’expression (Blaya, 2018). C’est pourquoi cette avenue nécessitera une concertation et des efforts multilatéraux importants pour solutionner l’aspect légal de cette problématique (Perry & Olsson, 2009).

Le contre-discours

D’autres recherches parlent du contre-discours (counter-speech) comme possible solution qui, si elle est bien articulée, pourrait limiter les conséquences des messages haineux. Il s’agit tout simplement de répondre aux commentaires négatifs par davantage de commentaires positifs et supportant envers la victime. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si les victimes, comme Maxime qui a reçu de nombreux messages bienveillants, remercient ensuite les gens pour leur support. Cela dit, il importe toutefois de rappeler que le contre-discours ne vise pas à attaquer l’agresseur puisqu’il serait facile de tomber nous-mêmes dans la haine et alimenter celle-ci à notre tour.

La prévention éducative

Si la prévention, rien de nouveau, continue d’être la solution à court, moyen et long terme, les recherches confirment toute l’efficacité à long terme des programmes de prévention éducative. C’est une approche visant principalement les jeunes, souvent via leur cursus scolaire où leur est enseignée la cybercitoyenneté. Par exemple, en les outillant pour lire – de manière critique – les contenus en ligne et reconnaitre ceux troublants, haineux ou erronés. Au final, ils sont appelés à transférer leurs bonnes stratégies comportementales sur le web leur évitant ainsi de renforcer cette cyberhaine. (Blaya, 2018). Disons simplement que cette approche devient de plus en plus un incontournable pour l’ensemble de la communauté.

Bref, comme vous avez pu le voir, la cyberintimidation et la cyberhaine sont des phénomènes malheureusement bien présents aux conséquences importantes. Les solutions existent certes, mais nécessitent une collaboration et un engagement des différents acteurs de notre société, et ce, à tous les niveaux. En attendant, nous vous recommandons pour entamer notre formation collective de lire Jeunes connectés, parents informés de Cathy Tétreault directrice du Centre Cyber-aide, proche collaboratrice de Sport’Aide.

Et encore une fois, si vous ou quelqu’un que vous connaissez est aux prises avec une situation de cyberintimidation, n’hésitez-pas à contacter Sport’Aide, le Centre Cyber-aide ou à consulter l’une ou l’autre des ressources ci-dessous.

Ressources

Sport’Aide

Centre Cyber-aide

Ligne parent

Éducaloi

Références

Blaya, C. (2018). Cyberhate: A review and content analysis of intervention strategies. Aggression and Violent Behavior.

Cusson, M. (2006). La délinquance, une vie choisie. J.-M. Tremblay.

Debarbieux, É. (2008). Dix Commandements contre la violence à l’école (Les). Odile Jacob.

Gini, G., Card, N. A., & Pozzoli, T. (2018). A meta‐analysis of the differential relations of traditional and cyber‐victimization with internalizing problems. Aggressive behavior, 44(2), 185-198.

Tétreault, C. (2018). Jeunes connectés, parents informés. Midi Trente Éditions.

Sachez que Sport’Aide lancera très bientôt une approche (outils, activités, etc.) afin de prévenir et contrer l’intimidation – et la cyberintimidation – en milieux sportifs. Surveillez nos actualités et inscrivez-vous à notre infolettre !

Une journée de sensibilisation à la maladie mentale

La journée «Bell Cause pour la cause» est un levier important afin de briser l’isolement et de vaincre certains tabous entourant la santé mentale et la maladie mentale. En effet, «87% des canadiens ont déclaré être plus conscients des problèmes de santé mentale depuis les débuts de cette campagne de sensibilisation» (Bell Cause pour la Cause, 2019). Sa contribution à la promotion de la santé mentale au pays est notable.

À l’occasion de cette journée, nous prenons un bref instant afin discuter de l’apport important de la pratique sportive sur la santé mentale. «De nombreuses études suggèrent que des bénéfices accrus pour la santé mentale et la réduction du risque de troubles mentaux sont observés à mesure qu’augmente la dose de l’activité physique» (Institut National de Santé Publique du Québec, INSPQ, 2019). En effet, voici quelques faits saillants tirés de différentes études :

  • Seule l’activité physique liée à des motivations intrinsèques était associée à des indicateurs positifs de santé mentale;
  • Faire partie d’une équipe sportive aurait un effet protecteur sur le sentiment de désespoir et le risque de suicide chez les adolescents;
  • L’activité physique pratiquée en groupe plus ou moins formel permettrait également d’influencer positivement le bien-être. Par exemple, chez les personnes âgées participant à des groupes de marche, on a rapporté des effets bénéfiques sur la santé mentale, l’isolement et le risque de dépression;
  • La notion de plaisir ainsi qu’un contexte de loisir apparaissent comme des éléments essentiels à l’activité physique dans une perspective de promotion de la santé mentale et de prévention des troubles mentaux courants. (INSPQ, 2019)

Vous savez, on ne cesse de répéter à quel point il est important de promouvoir la notion de plaisir dans la pratique sportive. Non seulement le plaisir favorise un plein épanouissement dans son sport, favorise un parcours sain pour l’individu et augmente les chances de pratiquer son sport aussi longtemps que possible, mais on constate qu’il contribue également à une bonne santé mentale… comme quoi nous avons tous en à tirer profit! En terminant, voici une dernière statistique : on totalise 1 399 890 appels à des services d’écoute ou d’intervention téléphonique lors des journées «Bell Cause pour la cause» (Bell Cause pour la Cause, 2019).

Ainsi, nous désirons vous rappeler notre service d’intervention téléphonique entièrement anonyme (1-833-211-2433) et nous vous invitons à nous contacter si vous êtes témoins ou victimes d’intimidation ou de toute forme d’abus dans votre environnement sportif.

J.T.

Références

BELL CAUSE POUR LA CAUSE, 2019. Résultats et Impacts. [en ligne], https://cause.bell.ca/fr/resultats-impact/ , Consulté le 7 janvier 2019.

INSTITUT NATIONAL DE SANTÉ PUBLIQUE DU QUÉBEC, Bouger pour être en bonne santé… mentale!, [En ligne], https://www.inspq.qc.ca/pdf/publications/2037_bouger_sante_mentale.pdf , Consulté le 7 janvier 2019.

Un proche a des idées suicidaires – Que dire et faire?

En cette 29e semaine nationale de prévention du suicide, ayant pour thème Parler du suicide sauve des vies, les réseaux sociaux et les médias nous inonderont de statistiques importantes en lien avec cette triste réalité. Selon les plus récentes données de l’Institut national de santé publique (INSP), le taux de suicide est 3 fois plus élevé chez les hommes que chez les femmes et la tranche d’âge la plus touchée, peu importe le sexe, indique les 50 à 64 ans. Fait troublant, pour les années 2013 à 2015, de tous les décès des hommes entre 15 et 34 ans qui ont été répertoriés, le tiers étaient par suicide.

Bien que nous sommes conscients de ces faits, nous pouvons encore entendre dans notre entourage des personnes dire : « Oui, mais que puis-je faire ou dire si quelqu’un me dit qu’il a des idées suicidaires? » Voici donc quelques conseils qui vous aideront à mieux gérer ce type de situation.

Quelqu’un dans votre entourage tient des propos qui vous inquiètent? Vous avez remarqué qu’elle n’est plus comme avant; que sa consommation d’alcool ou de drogue a augmentée; qu’elle semble avoir des symptômes dépressifs; qu’elle a abandonné des activités qu’elle aimait; etc. Peu importe ce que vous observez, n’ayez pas peur de lui poser la question directement. Par exemple : « J’ai l’impression que tu vas moins bien ces temps-ci, je suis inquiet pour toi. Penses-tu au suicide? ». C’est un mythe de croire que d’aborder le sujet du suicide avec une personne suicidaire risque de précipiter la passation à l’acte. Ce que vous venez de faire en posant directement la question est de démontrer à cette personne qu’elle est importante à vos yeux et que vous vous souciez de son bien-être.

Si la personne vous répond oui et qu’elle a présentement des idées suicidaires, ne laissez pas cette personne seule. Si à cet instant, vous ne vous sentez pas capable d’accompagner cette personne, communiquez avec le Centre de prévention du suicide (CPS) de votre région au 1-866-APPELLE. Les intervenants sauront bien évaluer la situation et prendre les bonnes décisions.

Si vous êtes à l’aise d’accompagner cette personne, assurez-vous qu’elle ira chercher de l’aide rapidement. Cela peut vouloir dire de prendre un rendez-vous avec son médecin de famille ou un psychologue. Ou encore de se rendre à l’accueil psychosocial de son CLSC ou à l’urgence de l’hôpital le plus près si la personne ne se sent pas en contrôle. En tout temps, si vous n’êtes pas à l’aise de l’accompagner, contactez le Centre de prévention du suicide (CPS) de votre région au 1-866-APPELLE. Le plus important à ce moment est que la personne ayant des idées suicidaires ne reste pas seule et aille chercher de l’aide professionnelle.

À la base, démontrez votre soutien, et ce, sans jugement. Évitez les réactions exagérées et accueillez la confidence en remerciant la personne de vous faire confiance. Dites-lui qu’elle est importante pour vous. Prenez le temps d’écouter ce que la personne a à vous dire et ne passez pas trop rapidement en mode solution. Bien entendu, si la tentative de suicide est en cours, contactez immédiatement le 911.

Bref, malgré toutes les bonnes intentions, ne s’improvise pas qui veut intervenant en prévention du suicide. Vous ne pouvez pas à vous seul aider une personne suicidaire. C’est pourquoi il ne faut pas hésiter à aller chercher de l’aide. En tout temps, si vous n’êtes pas à l’aise avec des propos tenus par un de vos proches (parents, collègues, amis, voisins, coéquipiers, etc.), appelez le Centre de prévention du suicide (CPS) de votre région au 1-866-APPELLE. Un intervenant qualifié en prévention du suicide saura vous guider et être en mesure d’assurer la sécurité de la personne si la situation le demande.

Parfois, nous tentons de jouer au sauveur ou de banaliser certains faits. Vaut mieux en faire trop et démontrer que nous tenons beaucoup à quelqu’un, que de prendre une chance de perdre un être cher. Et dans un contexte sportif, où l’on a parfois l’impression que la performance prend le dessus à tout prix, on peut parfois oublier que la détresse psychologique peut être bien présente.

N’oubliez pas que parler du suicide peut réellement sauver des vies.

Envie d’en apprendre plus et de savoir comment parler du suicide? Consultez le commentparlerdusuicide.com

Ligne provinciale de prévention du suicide : 1-866-APPELLE

Pour toute question, n’hésitez pas à nous contacter. Nos intervenants sont formés pour vous aider dans ce genre de situation!

A. J-F.

Image d’entête provenant de aqps.info
«Quelqu’un dans votre entourage tient des propos qui vous inquiètent? Vous avez remarqué qu’elle n’est plus comme avant; que sa consommation d’alcool ou de drogue a augmentée; qu’elle semble avoir des symptômes dépressifs; qu’elle a abandonné des activités qu’elle aimait; etc. Peu importe ce que vous observez, n’ayez pas peur de lui poser la question directement.»

Témoin ou au fait d’une situation impliquant une personne mineure?

Les motifs de compromission et le signalement au Directeur de la protection de la jeunesse (DPJ):

Au Québec, c’est la Loi sur la protection de la jeunesse (LPJ) qui prévoit différentes obligations légales à l’égard de la sécurité et du développement des enfants. Bien que les parents restent les premiers responsables du bien-être de leurs enfants, certaines situations peuvent malheureusement nécessiter l’intervention du Directeur de la protection de la jeunesse (DPJ). Détail important, le terme enfant ici s’applique à toute personne de moins de 18 ans, incluant donc également les adolescents et adolescentes.

Cela dit, le DPJ a pour rôle d’intervenir lorsque la sécurité ou le développement d’un enfant est compromis. Les motifs de compromission sont des situations de fait qui déclenche l’obligation de signalement au DPJ. La LPJ prévoit 6 principaux motifs de compromission : l’abandon, la négligence, les mauvais traitements psychologiques, les abus sexuels, les abus physiques et les troubles de comportements sérieux. Dans certains cas, les fugues, les absences injustifiées de l’école et l’abandon des parents lors du placement de leur enfant peuvent également constituer des motifs de compromission.

Lorsqu’une personne a un motif ou un doute raisonnable de croire que la sécurité ou le développement d’un enfant est compromis, elle peut faire un signalement au DPJ. Certaines personnes sont tenues, par leur profession ou leur relation avec l’enfant, de faire un signalement lorsqu’elles ont un motif raisonnable de croire qu’un enfant vit une situation de compromission. Ainsi, tout professionnel qui, par la nature même de sa profession, prodigue des soins ou toute autre forme d’assistance à des enfants et qui, dans l’exercice de sa profession, a un motif raisonnable de croire que la sécurité ou le développement d’un enfant peut être considéré comme compromis, est tenu de signaler sans délai la situation au directeur de la protection de la jeunesse. Le personnel de tout établissement scolaire et de milieu de garde est aussi tenu à cette obligation. Les policiers et policières en fonction doivent également signaler toute situation de compromission.

Autrement, toute personne est tenue de signaler lorsqu’elle a un motif (ou un doute) raisonnable de croire qu’un enfant est victime d’un abus physique ou sexuel. Cette obligation nait dès qu’une personne peut raisonnablement croire que l’enfant vit un abus sexuel ou physique. Il n’est pas nécessaire, ni opportun, d’avoir une certitude absolue, d’attendre d’avoir des preuves concrètes ou de faire une enquête sur la situation avant de faire un signalement. Cela constitue précisément le rôle du DPJ, dont le personnel est formé expressément afin d’intervenir auprès des enfants. Il est donc préférable de faire un signalement le plus rapidement possible.

Vous êtes témoin d’une situation impliquant une personne mineure? Vous ne savez pas s’il s’agit d’un motif nécessitant un signalement ou non? N’hésitez pas à communiquer avec Sport’Aide au 1-833-211-AIDE (2433) ou directement auprès de la DPJ de votre région. Votre appel sera traité de façon confidentielle et anonyme.

R.D.

«…toute personne est tenue de signaler lorsqu’elle a un motif raisonnable de croire qu’un enfant est victime d’un abus physique ou sexuel. Cette obligation naît dès qu’une personne peut raisonnablement croire que l’enfant vit un abus sexuel ou physique. Il n’est pas nécessaire, ni opportun, d’avoir une certitude absolue, d’attendre d’avoir des preuves concrètes ou de faire une enquête sur la situation avant de faire un signalement.»

Sport’Aide rencontre Patrice Bernier


Crédit photo: Marc-André Donato, Photographe

Récemment de passage à Québec pour rencontrer des étudiants-athlètes de niveau collégial, Patrice Bernier en a profité pour s’arrêter aux bureaux de Sport’Aide pour nous y partager son parcours, les obstacles qu’il a rencontrés et le message qu’il adresse aux jeunes à titre d’Ambassadeur de l’esprit sportif.

Croire en ses rêves sans omettre la réalité

Bien que Patrice ait débuté sa pratique du sport à l’âge de 4 ans, ce n’est qu’à 14 ans qu’il a réellement cru au potentiel qu’il avait de devenir un athlète élite et possiblement de vivre un jour de sa passion… sans toutefois savoir dans quel sport il réaliserait son rêve. Patrice est un bel exemple d’athlète qui s’est développé dans une pratique multisport puisqu’en plus du soccer, l’ancien capitaine de l’Impact de Montréal s’est rendu jusqu’à la ligue de hockey junior majeure du Québec (LHJMQ). Mais avant d’en arriver là, plusieurs éléments ont fait la différence dans son parcours.

D’abord ses parents qui bien entendu ont joué un rôle important dans son développement d’athlète.  « Comme de nombreux parents, les miens m’ont inscrit tôt dans le sport, car j’avais déjà beaucoup d’énergie à dépenser et à canaliser positivement », débute Patrice. « Mes parents, qui ont immigré d’Haïti, m’ont toujours encouragé à m’épanouir dans le sport. Et malgré mon talent naturel, ou le fait que mon père était un grand partisan de hockey, mes parents ne m’ont jamais imposé de pression afin que j’opte pour un sport en particulier… et encore moins pour que je vise à tout prix une carrière comme athlète professionnel », ajoute Patrice qui est lui-même père de trois enfants.

Patrice est catégorique : ces décisions ont toujours été les siennes et ses parents l’ont toujours respecté et encouragé. « C’est à 18 ans que j’ai pris la décision d’opter pour le soccer, et ce, malgré une période où le Québec suscitait beaucoup l’intérêt des dépisteurs de la LNH avec les Vincent Lecavalier, Brad Richard, Marc Denis, Alex Tanguay, Simon Gagné et Mike Ribeiro qui faisaient alors la pluie et le beau temps dans la LHJMQ. D’un autre côté, les jeunes de soccer professionnel québécois se comptaient sur une main, et encore plus rares ceux qui réussissaient à traverser l’océan Atlantique pour y rejoindre les ligues européennes… sans oublier le parti pris de mon père pour le hockey », rappelle Patrice.

Faisant fi de ces réalités, Patrice a donc décidé de suivre sa passion et son rêve pour le soccer. Nous connaissons la suite, une carrière professionnelle de près de 20 ans dont presque la moitié dans les ligues européennes. Néanmoins, bien qu’il estime essentiel de croire en ses rêves, Patrice tient à être réaliste avec les jeunes qu’il rencontre. « Au niveau professionnel, il y a beaucoup d’appelés mais peu d’élus et c’est pourquoi il faut travailler très fort avec persévérance et passion afin d’optimiser nos chances d’atteindre nos rêves. Aussi le succès pour se rendre au niveau élite ne consiste pas à amasser les trophées, titres et médailles, mais bien de surmonter les obstacles sans abandonner », précise Patrice.

L’enjeu de l’intégration sportive et le développement humain

Pour Patrice, le sport, au-delà des performances sportives, est d’abord un excellent moyen de se développer sur le plan humain puisqu’il favorise la transmission des valeurs comme, par exemple, l’ouverture sur les autres et l’intégration. D’origine haïtienne, Patrice a d’ailleurs souvent dû composer avec la réalité de représenter une minorité, particulièrement au hockey. « Comme bien d’autres avant moi, j’ai été victime de comportements discriminatoires, de commentaires racistes ou de faux compliments du genre : Finalement, tu es meilleur que je pensais pour un… ».

À l’inverse, son parcours lui a permis de croiser quelqu’un qui lui a indiqué la route à suivre lorsqu’exposé à ces tristes réalités.  « J’ai pu réussir grâce à M. Green qui était mon entraineur au hockey durant ma jeunesse.  J’en ai eu des entraîneurs, mais lui, il a fait toute une différence dans ma vie. Sa sensibilité accrue pour les athlètes qui, comme moi, représentaient une minorité, m’a beaucoup aidé à surmonter les périodes difficiles. J’avais confiance en M. Green et encore aujourd’hui je considère qu’il a eu un impact indiscutable sur ma carrière », ajoute Patrice.

Enfin, l’ancien capitaine de l’Impact a aussi été confronté à la réalité d’être un étranger lors de ses années en Europe. Pour lui, le succès d’une intégration réussie passe par sa propre attitude. « Être ouvert face à la nouveauté, faire passer l’équipe avant l’individu, donner son 100% et contribuer aux succès collectif facilitent toute intégration. Néanmoins, l’organisation, l’entraîneur et les coéquipiers peuvent également aider à l’intégration tout comme d’avoir une personne qui agit comme pilier, mentor ou parrain auprès d’un nouveau coéquipier », termine celui qui a joué au Danemark, en Norvège et en Allemagne.

Au final, Patrice Bernier réitère que la transmission des valeurs humaines contribue à développer le sport sainement et le motive lui, dans son rôle d’Ambassadeur de l’esprit sportif.

M.-A. D.

«Pour Patrice, le sport, au-delà des performances sportives, est d’abord un excellent moyen de se développer sur le plan humain puisqu’il favorise la transmission des valeurs comme, par exemple, l’ouverture sur les autres et l’intégration.»

La charte du parent responsable

Voilà! Votre enfant veut absolument nager dans le club de natation de son meilleur ami. Que devez-vous alors considérer avant de l’inscrire pour la saison? Quelles questions devez-vous poser à l’organisation pour assurer la sécurité de votre enfant et une pratique positive de son sport?

Politiques et procédures

  • Est-ce que l’organisation a une politique de prévention pour la protection des enfants, affichée et facilement accessible?

Toute organisation sportive doit fournir une politique pour la protection des enfants. Cette politique doit inclure une procédure claire pour gérer une situation de mauvaise pratique ou tout risque d’abus (physique, psychologique et/ou sexuel).

Si de telles mesures sont inexistantes, invitez l’organisation à instaurer différentes mesures de prévention. Pour en savoir plus, Sport’Aide vous invite à visiter le Sportbienetre.ca.

  • Est-ce que l’organisation a un code d’éthique ou un code de conduite affiché et facilement accessible?

Toute organisation doit avoir un code d’éthique que ses membres peuvent consulter en tout temps. Ce document – se trouvant le plus souvent sur le site web de l’organisation – contient un code de conduite pour les membres du personnel, les bénévoles, les parents, les participants et toute autre personne gravitant autour du club. Le code d’éthique définit les normes publiquement reconnues d’un comportement socialement responsable, lesquelles normes renvoient pour la plupart au respect des acteurs entourant les sportifs, donc vos enfants et vous-mêmes. Les codes d’éthique véhiculent les valeurs essentielles que le club entend respecter. En conséquence, si un comportement vous semble inadéquat, vous pourrez vous appuyer sur ce document pour demander à ce que la situation change. Si vous n’arrivez pas à trouver ce document, Sport’Aide vous conseille de demander à y avoir accès avant d’inscrire votre enfant dans ce club ou cette organisation.

  • Si vous ou votre enfant avez des inquiétudes ou des questionnements, à qui pouvez-vous vous adresser?

Toute organisation doit avoir une personne désignée responsable à l’éthique et ses coordonnées devraient être affichées et être facilement repérables par tous les membres du club. Clairement identifié par l’organisation, ce responsable désigné a comme rôle de promouvoir le bien-être de votre enfant. À cet égard, il doit pouvoir être en mesure de vous informer ou vous conseiller par rapport à toute inquiétude que vous et/ou votre enfant pouvez avoir pendant la pratique sportive de ce dernier. Sport’Aide vous conseille de demander au club les coordonnées de son responsable désigné si vous n’êtes pas en mesure de les trouver par vous-même.

  • Est-ce qu’il y a une charte des frontières relationnelles à respecter entre tous les acteurs gravitant autour du club?

Le club devrait avoir une charte des relations appropriées souhaitées entre les employés, les bénévoles, les parents et les participants. Avec qui pouvez-vous en discuter si vous vous inquiétez d’une situation observée?

  • Quel est le ratio superviseur/enfants recommandé?

Quel est le ratio superviseur/enfants recommandé pour la direction des participants et mener à bien les activités sportives choisies? Vous pouvez obtenir cette information du responsable des activités du club. Il est aussi important que l’organisation prenne les mesures afin de s’assurer qu’aucun employé ou bénévole se retrouve seul et/ou isolé avec un jeune participant.

  • Est-ce que le club demande aux parents de signer un formulaire présentant toute l’information nécessaire à la santé de leur enfant?

Lorsque vous complétez l’inscription de votre enfant, l’organisation vous demande-t-elle de remplir une fiche médicale présentant toute l’information nécessaire en cas d’urgence? Cette fiche devrait inclure les personnes à contacter en cas d’urgence et toute information concernant la santé (allergies, asthme ou toute autre condition particulière) de votre enfant.

  • Le club vous a-t-il informé de l’horaire de la prochaine saison et des évènements auxquels votre enfant pourrait prendre part pendant celle-ci?

Avant le début de la saison, le club devrait faire connaître l’horaire de la saison et toutes les informations concernant les déplacements hors de votre région (transport, coûts, etc.) ainsi qu’une personne à contacter en cas d’urgence.

Recrutement des employés et des bénévoles

  • Est-ce que tous les employés et les bénévoles ont été sélectionnés selon une procédure incluant un processus filtrage?

Le processus de recrutement des employés et des bénévoles devrait inclure des entrevues, la prise de références et un processus de filtrage adéquat. Vous êtes donc en droit de connaître le processus d’embauche des employés et de questionner la procédure des dirigeants du club.

  • Y a-t-il des formations pour maintenir à jour les connaissances des entraîneurs et de tout intervenant gravitant autour des jeunes sportifs?

Toutes les organisations sportives doivent encadrer et former les acteurs impliqués dans leur organisation et veiller à ce que les connaissances de leurs intervenants soient mises à jour régulièrement afin qu’ils soient en mesure d’intervenir adéquatement avec votre enfant.

  • Est-ce que l’entraîneur de votre enfant est qualifié pour mener un entraînement de qualité?

L’entraîneur du club devrait détenir une certification adéquate et présenter les compétences techniques pour mener adéquatement l’entrainement en respectant le niveau de votre enfant dans son sport. Vous êtes en droit d’obtenir ces informations sur demande.

Santé et sécurité

Assurez-vous que la future organisation de votre jeune sportif soit en mesure de fournir les premiers soins aux participants (qualification requise). À cet égard, une trousse de premiers soins ainsi qu’un document à remplir en cas d’incidents mineurs doivent être facilement accessibles là où votre enfant pratique son sport.

Pour toute interrogation et / ou inquiétude liée à la pratique sportive de votre enfant, communiquez avec les intervenants de Sport’Aide.

Sport’Aide vous invite aussi à visiter le site Sportbienetre.ca pour plus d’informations.

V.K.

« Le code d’éthique définit les normes publiquement reconnues d’un comportement socialement responsable, lesquelles normes renvoient pour la plupart au respect des acteurs entourant les sportifs, donc vos enfants et vous-mêmes. Les codes d’éthique véhiculent les valeurs essentielles que le club entend respecter. En conséquence, si un comportement vous semble inadéquat, vous pourrez vous appuyer sur ce document pour demander à ce que la situation change. »

Chers parents bien intentionnés, attention!

En tant que parent, on veut le mieux pour nos enfants. On veut leur démontrer notre amour envers eux, que l’on s’intéresse à eux et à ce qu’ils vivent, mais on veut surtout qu’ils sachent que nous serons toujours présents pour eux. Bref, nous voulons seulement leur bien et les aider à cheminer dans la vie. Cela étant dit, ces désirs pour nos enfants incitent parfois certains parents, très – trop – bien intentionnés, à adopter des attitudes et comportements qui dévient de l’objectif visé et qui causent malheureusement des problèmes pouvant s’aggraver et/ou dégénérer. Auxquels cas, ce sont les enfants qui en subissent les conséquences.

Voilà pourquoi nous vous exposons aujourd’hui un palmarès des cinq attitudes ou comportements que plusieurs parents, souvent bien intentionnés rappelons-le, adoptent inconsciemment. Souvent à la base de frustrations pour bien des jeunes, ces attitudes confrontent aussi les entraîneurs qui ne savent pas toujours comment réagir. Craignant de vexer le parent ou de créer un conflit, il est parfois difficile pour l’entraîneur de trouver les bons mots pour adresser une critique constructive… d’autant plus si le parent en question n’est pas très ouvert à un peu d’introspection.

1- L’enthousiasme déplacé :

Qu’y a-t-il de mal me direz-vous à encourager ardemment son enfant ou son équipe? Absolument rien si le parent joue effectivement son rôle de fan #1 pour son enfant en l’encourageant à performer, à s’améliorer, à persévérer et en soulignant ses bons coups. Là où le problème survient c’est lorsque cet enthousiasme est mal canalisé ou lorsqu’on en perd le contrôle. Par exemple, un parent qui est trop emballé à l’approche d’une compétition peut, sans le vouloir, imposer une pression supplémentaire à son enfant qui n’en a guère besoin. Autre exemple : un parent très enthousiasme qui crie et encourage lors des bons coups de son enfant ou de l’équipe, mais qui demeure stoïque et silencieux devant une contre-performance. Certes pas le meilleur message. Tout comme si votre enthousiasme déplacé confirmait votre critique de l’adversaire ou des officiels.

2- Se réaliser à travers votre enfant :

Bien entendu, comme parent nous tentons de transmettre nos connaissances, valeurs et passions à nos enfants. Tout cela est sain et naturel et tant mieux si votre enfant finit par développer ces mêmes passions par la suite. Il est toutefois illusoire de penser que, si vous initiez votre enfant très jeune au sport qui vous passionne et que vous l’encouragez suffisamment, il en viendra inévitablement à s’éprendre pour ce sport – votre sport – et qu’il deviendra un athlète élite ou – mieux encore – qu’il le pratiquera toute sa vie. Aussi, il ne faut pas présumer non plus que parce que vous, plus jeune, étiez au niveau élite ou professionnel que votre enfant vivra le même cheminement simplement parce que vous le souhaitez et l’entendez ainsi.

À l’inverse, ce n’est pas parce que vous entretenez le regret d’avoir abandonné le sport ou votre rêve d’y percer que vous devez imposer une pression supplémentaire à votre enfant afin qu’il évite les mêmes « erreurs » que vous. Votre enfant construit sa vie et même s’il est encore trop jeune pour prendre une panoplie de décisions importantes, on peut tout de même le laisser décider s’il aime ou non une activité sportive ou s’il veut investir temps et énergie pour atteindre l’élite.

3- Provocation de la culpabilité chez votre enfant :

Parfois, pour ne pas dire souvent, inscrire son enfant dans un club sportif demande un certain sacrifice des parents. Bien entendu, il y a les frais liés à l’inscription, à l’équipement et aux frais de transport… sans oublier les innombrables heures passées sur la route ou dans des estrades à encourager votre enfant afin qu’il s’épanouisse pleinement dans son activité sportive. Cela peut parfois mener des parents à se fâcher ou s’impatienter envers leur enfant qui – selon eux – se traîne les pieds sur le terrain ou rechigne à se rendre à sa pratique. Le genre de situation où le parent ne se gêne pas pour rappeler – si ce n’est pas marteler dans certains cas – à leur enfant tous les sacrifices qu’il s’impose comme parent afin qu’il puisse pratiquer son sport. Avec le résultat que ces enfants ne diront pas ce qu’il vivent ou pensent réellement de leur sport et s’y maintiendront, malgré l’intérêt perdu, en raison du sentiment de culpabilité qu’ils éprouvent en pensant à vos «sacrifices» … qu’ils estiment ne pas mériter.

4- L’attrait des médailles et l’importance de gagner

Certes cliché, mais toujours d’actualité, l’attrait de la victoire. Oui, il est normal de célébrer les bons coups et les victoires de son enfant et de son équipe. Toutefois, encore aujourd’hui et peut-être même encore plus qu’avant malheureusement, la victoire et les médailles prennent une place démesurée et souvent ce phénomène se matérialise par des comportements anodins ou des commentaires banals. Par exemple, avez-vous déjà réalisé que la première chose que l’on demande presqu’à coup sûr à son enfant lorsqu’il revient d’un match ou d’une compétition : «Et puis, avez-vous gagné?». Disons qu’il est peut-être des formulations plus larges pavant la voie à un discussion plus invitante : «Et puis, comment s’est passée ta compétition? As-tu eu du plaisir?». De simples exemples pour vous rappeler que gagner vient très loin sur la liste des raisons pour lesquelles les jeunes font et continueront à faire du sport toute leur vie.

5- Perdre de vue l’objectif de départ

Tout ça pour dire que trop de parents finissent par oublier l’objectif de départ justifiant la pratique sportive chez les enfants. Nos jeunes pratiquent le sport pour le plaisir! Les parents eux devraient garder en tête que la pratique sportive est bénéfique pour tous les avantages qu’elle apporte : la croissance, le développement, la transmission de valeurs et les leçons de vie. Ce n’est pas parce qu’un enfant semble démontrer de meilleures aptitudes sportives que la moyenne que l’objectif initial doit changer. N’oubliez pas que la très très grande majorité des jeunes qui pratiquent un sport ne connaîtront pas de carrière professionnelle. Bref, si votre enfant s’accomplit dans un sport et qu’il y réalise un beau cheminement amateur, c’est excellent pour son estime, mais soyez attentif et assurez-vous qu’il ait – d’abord et avant tout – du plaisir à le pratiquer.

Voilà! Sur ce, continuez à encourager et soutenir votre enfant dans sa pratique sportive, puisque vous lui offrez ainsi un très beau cadeau pour lequel il vous sera longtemps reconnaissant. Restez donc à l’écoute de votre enfant.

M.-A. D.

«[…] certains parents, très – trop – bien intentionnés, [adopte] des attitudes et comportements qui dévient de l’objectif visé et qui causent malheureusement des problèmes pouvant s’aggraver et/ou dégénérer. Auxquels cas, ce sont les enfants qui en subissent les conséquences.»

Le système sportif québécois porté par les bénévoles

En cette semaine de l’action bénévole au Québec, Sport’Aide souhaite aujourd’hui souligner l’engagement de milliers de personnes sans lesquelles le système sportif québécois s’écroulerait. Leur apport est si essentiel dans l’organisation sportive qu’il est difficile de quantifier l’importance de toutes ces contributions. Néanmoins, dans un rapport présenté à Sport Québec en 2010, des professionnels se sont penchés sur la question et à partir d’informations fournies par les fédérations sportives, ils sont arrivés à quantifier le tout.

On évaluait donc, en 2010, à plus de 65 000 bénévoles qui agissent comme entraineurs et plus de 1 000 bénévoles comme administrateurs. Au total, on dénombrait 112 254 bénévoles œuvrant dans les sports fédérés. Plus concrètement, on parle de 17 millions d’heures consacrées par les entraineurs ! Des chiffres impressionnants qui correspondent minimalement à une valeur de 250 millions $ par année ! En comparaison, toujours selon le rapport, le total des ressources financières mobilisées par les fédérations atteint les 50 millions $, soit 5 fois moins que la valeur économique du bénévolat.

Mais qu’est-ce qui motive les gens à s’engager ainsi ? Les raisons sont multiples. Peu importe que ce soit par passion du sport ; pour redonner à celui-ci ; pour faire partie de la communauté sportive ; ou tout simplement pour être présent auprès de votre enfant durant son parcours sportif ; toutes ces raisons sont bonnes.

Cependant, ce constat impose une préoccupation importante puisque, comme mentionné précédemment, le système sportif dépend fortement de cette contribution bénévole. Quiconque est impliqué dans le monde du sport sait qu’il est devenu difficile d’attirer de nouveaux bénévoles et – plus encore – de les garder à moyen et long terme. Heureusement, tous peuvent contribuer à renverser cette tendance… bien que nous sachions très bien que ce ne sont pas tous les parents qui peuvent s’impliquer comme bénévole, et ce, pour diverses raisons.

C’est pourquoi, lorsque nous réussissons à recruter des bénévoles, il importe de souligner leur contribution. Nos entraîneurs, par exemple, méritent de voir leur travail être remercié quelques fois durant la saison. Comment ? En appuyant ses propos devant votre enfant et – aussi et surtout – en évitant d’attaquer personnellement l’entraineur à la moindre erreur ou de contester ses décisions en disant que vous auriez fait les choses différemment. Des gestes qui ont un impact direct sur la motivation d’un entraîneur qui finira certainement par questionner son engagement.

Et qu’en est-il de nos arbitres, parfois en jeune âge, qui subissent les humeurs et les affres de parents, entraîneurs et joueurs en échange d’une modeste rétribution ? N’oublions pas qu’à la base, ils ont décidé de porter le sifflet par pure passion pour leur sport, soit les mêmes motivations que tous ces nombreux bénévoles qui occupent diverses fonctions dans notre système sportif. Alors la prochaine fois qu’il vous viendra l’envie de vous défouler sur un jeune officiel, transposez donc votre comportement dans un autre environnement en vous demandant si vous réserveriez le même traitement à votre pâtissier si, par exemple, il devait manquer de croissants sur les tablettes !

Ce grand détour pour vous dire à vous tous chers bénévoles, que Sport’Aide tient à vous reMERCIer très sincèrement. Votre présence, votre patience, votre temps et vos connaissances contribuent directement à la santé de notre système sportif et permettent à des milliers de jeunes de pratiquer leur sport chaque jour.

Bonne journée et merci!!!

M-A D

Source : http://www.sportsquebec.com/admin/Browse/files/PDF/publications/modelesportquebec.pdf

«On évaluait […], en 2010, à plus de 65 000 bénévoles qui agissent comme entraîneurs et plus de 1 000 bénévoles comme administrateurs. Au total, on dénombrait 112 254 bénévoles œuvrant dans les sports fédérés

Comprendre l’intimidation : la répétition (Partie 1)

Dans le cadre du lancement prochain – ce 16 mai – de notre nouveau programme À l’action! Agissons contre l’intimidation en milieu sportif, nous vous proposons une série de textes qui porteront sur la thématique de l’intimidation.

Définition

Au fil des ans, l’intimidation est devenue une expression courante souvent utilisée à tort et à travers pour parler de violence entre jeunes. L’intimidation est alors confondue avec le conflit, la taquinerie ou l’insulte. Pourtant, il existe d’énormes différences entre ces comportements. En fait, l’intimidation consiste en des agressions entre pairs qui :

1) se produisent à répétition ;

2) durent depuis une certaine période de temps ;

3) impliquent une personne qui exerce un pouvoir sur une autre personne ;

4) entrainent de la détresse ou de la peur chez une personne qui ignore comment se défendre.

(Boissonneault et al., 2018, p.6)

Debarbieux (2008) explique que le cœur de cette forme de victimation est de vivre des violences mineures de manière continue. D’habitude, on parle d’intimidation lorsque la personne vit des épisodes en moyenne 2-3 fois par mois (Beaumont et al., 2014). C’est à ce moment que « …le stress causé par la victimation peut être un stress cumulatif, et par là bien difficile à prendre en charge tant il s’installe dans la structuration psychologique des sujets. » (Debarbieux, 2008, p. 48). Mais à quel point cette problématique existe-t-elle en sport ?

Prévalence

Il faut faire attention avec les statistiques sur l’intimidation, car la répétitivité des gestes n’est pas toujours bien considérée. Il y aurait alors jusqu’à 53% d’athlètes victimes (Evans et al., 2016; Gendron et al., 2011; Nery et al., 2018). En réalité, la prévalence tournerait plus aux alentours du 10%-15% (Parent et al., 2019). Ce qui se rapproche beaucoup plus de la prévalence en milieu éducatif.

Pourcentages d’élèves victimes d’intimidation en fonction des types de violences (fréquence de 2-3 fois/mois et plus)
Insulté -Traité de noms15%
Commérage6%
Traité de pédale, fif, tapette ou gouine5%
Bousculé5%
Regard menaçant3%
Rejet3%
Gestes, mots déplacés à caractères sexuels2%
Frappé2%
Menacé1%
Agressé gravement blessé1%
Cyberviolence1%
(adapté de Beaumont et al., 2018)

Ce tableau nous amène à ouvrir rapidement une parenthèse sur la cyberintimidation, le «fléau» de notre époque». Seulement, 1% des élèves rapportent en être victimes à répétition (Beaumont et al.,2018). Sans oublier que la cyberintimidation est plus souvent qu’autrement l’extension électronique de l’intimidation traditionnelle (Gini et al., 2018), il va de soi d’agir en premier lieu sur l’intimidation traditionnelle pour régler le problème à la source. Fermons la parenthèse.

Conclusion

Au final, il faut retenir qu’il s’agit d’intimidation quand un athlète vit des microviolences (souvent verbales) à répétition de la part de leurs pairs et que cette problématique est le quotidien d’environ 10% à 15% des athlètes (Parent et al., 2018).

Lisez notre prochain blogue, nous aborderons les conséquences de l’intimidation.

En attendant, découvrez notre porte-parole et notre premier outil de prévention!

Alexandre Baril

Chargé de projet – À l’action ! Agissons contre l’intimidation en milieux sportifs, Sport’Aide

Pour plus d’information sur le sujet

Intimidation en contexte sportif – Parent et D’Amours (2019) https://www.inspq.qc.ca/intimidation/jeunes/intimidation-en-contexte-sportif

Fascicules contre l’intimidation – Boissoneault et Beaumont (2018) https://cqjdc.org/documents.html

Médiagraphie

Beaumont, C., Leclerc, D., et Frenette, E. (2018). Évolution de divers aspects associés à la violence dans les écoles québécoises 2013-2015-2017. Québec, Canada : Chaire de recherche Bienêtre à l’école et prévention de la violence, Faculté des sciences de l’éducation: Université Laval. Accessibe à chaire.violence-ecole@ulaval.ca.

Beaumont, C., Leclerc, D., Frenette, É., & Proulx, M. (2014). Portrait de la violence dans les établissements d’enseignement au Québec. Québec, QC : Chaire de recherche sur la sécurité et la violence en milieu éducatif.

Boissonneault, J. et Beaumont, C. (2018). Fascicules contre l’intimidation. Repéré à https://cqjdc.org/documents.html.

Debarbieux, É. (2008). Dix Commandements contre la violence à l’école (Les). Odile Jacob.

Evans, B., Adler, A., MacDonald, D., & Côté, J. (2016). Bullying victimization and perpetration among adolescent sport teammates. Pediatric exercise science, 28(2), 296-303.

Gendron, M., Frenette, É., Debarbieux, É., & Bodin, D. (2011). Comportements d’intimidation et de violence dans le soccer amateur au Québec: La situation des joueurs et des joueuses de 12 à 17 ans inscrits dans un programme sport-études. International Journal of Violence and School, 12, 90-111.

Nery, M., Neto, C., Rosado, A., & Smith, P. K. (2018). Bullying in youth sport training: A nationwide exploratory and descriptive research in Portugal. European Journal of Developmental Psychology, 1-17.

Parent, S. et D’Amours, C. (2019). Intimidation en contexte sportif. Repéré à https://www.inspq.qc.ca/intimidation/jeunes/intimidation-en-contexte-sportif.

«[…] il s’agit d’intimidation quand un athlète vit des microviolences (souvent verbales) à répétition de la part de leurs pairs […]»

Comprendre l’intimidation (Partie 2)

Dans le cadre du lancement prochain – ce 16 mai – de notre nouveau programme À l’action! Agissons contre l’intimidation en milieu sportif, nous vous proposons une série de textes qui porteront sur la thématique de l’intimidation.

Le premier texte nous avait enseigné que l’intimidation est le fait de vivre des microviolences à répétition. Cependant, lorsque l’on parle de microviolences, il est pertinent de se poser cette question : Considérant qu’il s’agit de violences de moindre intensité (insulte ou menace), est-ce que les victimes subissent et conservent vraiment des conséquences ?

Victimes

Comme il a été mentionné dans le précédant texte, c’est la répétition qui importe en intimidation. On peut dire que c’est l’équivalent du supplice de la goutte d’eau et que cette technique cause des dégâts.

Conséquences psychologiques et socialesConséquences sportives
Anxiété et dépressionAbandon du sport
Tristesse, colère et honteChangement de sport
Faible confiance en soiDistance par rapport à l’entraineur
Pensés suicidaires et comportements autodestructeursDistance par rapport aux coéquipiers 
Isolement
Retard développemental des habiletés sociales

(Alder, 2014; Parent et al., 2019; Symons et al., 2014)

Certaines personnes devront même vivre avec les conséquences de l’intimidation toute leur vie. En suivant leurs sujets de l’enfance à l’âge adulte, Ttofi et al. (2011) ont bien montré que même 36 ans après les évènements, les personnes ayant été victimes d’intimidation durant leur enfance étaient toujours beaucoup plus à risque de développer des problématiques liées à la dépression.

Si certaines victimes portent les marques psychologiques de l’intimidation toute leur vie, elles sont loin d’être les seules puisque les auteurs aussi en seront marqués.

Auteurs

Les auteurs d’intimidation semblent avoir le beau rôle et subir peu de conséquences. Pourtant, ils ne s’en sortent pas indemnes. En fait, le principal problème avec les intimidateurs c’est qu’ils apprennent à valoriser la violence pour arriver à leurs fins (Galand et al., 2015; Lucia 2015). C’est d’ailleurs pourquoi ils auraient de la difficulté à établir des relations saines avec les autres. De prime abord, ils ne s’entendent souvent pas très bien avec leurs entraîneurs (Evans et al., 2016). Ensuite, s’ils sont populaires auprès de leurs pairs, ils sont rarement très appréciés (Caravita et al., 2009). Tout à fait normal, car qui veut côtoyer une personne qui passe son temps à utiliser la violence pour se valoriser ?

Pire encore, les auteurs d’agressions tendent à développer des troubles agressifs pouvant même les suivre eux aussi tout au long de leur vie. Les études ont montré qu’être auteur de violence pendant son enfance entraînait une multitude de problèmes plus tard dans la vie:

  • troubles agressifs
  • délinquance
  • problèmes avec la justice
  • assaut
  • vol
  • port d’arme
  • violence sexuelle
  • difficultés relationnelles
  • consommation de drogues
  • emplois de bas statut social et
  • chômage

(Farrington et al., 2011; Espelage et al., 2012).

De manière générale, l’intimidation prédit une vie insatisfaisante (unsuccesful life) même 36 ans après les évènements (Farrington et al., 2011). En ce sens, les auteurs subissent eux aussi de graves conséquences en raison de leurs actions.

Témoins

S’il est maintenant établi dans la recherche que les victimes et les auteurs d’agression subissent des répercussions négatives de l’intimidation, les témoins de l’intimidation sont aussi touchés par cette problématique. Plus une personne serait témoin de violence, plus elle aurait tendance à adopter des conduites agressives et antisociales. Les témoins devenant de plus en plus insensibles à la violence observée, pourraient arriver à la percevoir comme un moyen légitime pour se faire respecter (Ng-Mak et al., 2002; Schwab-Stone et al., 1995).

Conclusion

Au final, personne ne gagne avec l’intimidation. Au contraire, c’est une situation où tout le monde est perdant. C’est pourquoi il est important d’agir pour éviter qu’une personne ne reste prise avec des conséquences graves tout au long de sa vie ou simplement pour éviter d’avoir un climat négatif dans son équipe.

Notre prochain texte portera sur notre porte-parole : Cindy Ouellet. Vous pourrez en connaitre davantage sur elle et pourquoi elle est toute désignée pour faire partie d’un projet comme le nôtre.

En attendant, consultez notre site contrerlintimidation.sportaide.ca pour y retrouver notre premier outil de prévention de l’intimidation en sports, une série de quatre bandes dessinées intitulée : Les aventures de Cindy.

Alexandre Baril

Chargé de projet – À l’action! Agissons contre l’intimidation

Sport’Aide

Médiagraphie

Adler, A. L. (2014). An Examination into Bullying in the Adolescent Sport Context (Doctoral dissertation).

Caravita, S. C., Di Blasio, P., & Salmivalli, C. (2009). Unique and interactive effects of empathy and social status on involvement in bullying. Social development18(1), 140-163.

Espelage, D. L., Basile, K. C., & Hamburger, M. E. (2012). Bullying perpetration and subsequent sexual violence perpetration among middle school students. Journal of Adolescent Health50(1), 60-65

Evans, B., Adler, A., MacDonald, D., & Cote, J. (2016). Bullying victimization and perpetration among adolescent sport teammates. Pediatric exercise science28(2), 296-303.

Farrington, D. P., & Ttofi, M. M. (2011). Bullying as a predictor of offending, violence and later life outcomes. Criminal behaviour and mental health21(2), 90-98

Galand, B., & Baudoin, N. (2015). Qu’est-ce qui anime les auteurs de harcèlement : Pouvoir, déviance, détresse, protection ou compensation? Dans C. Beaumont, B. Galand et S. Lucia (dir.), Les violences en milieu scolaire ; définir, prévenir et réagir… (p. 49-67). Québec, Les Presses de l’Université Laval : Collection de la Chaire.

Lucia, S. (2015). Auteurs de harcèlement, étude de leur profil et de l’influence du contexte scolaire. Dans C. Beaumont, B. Galand et S. Lucia (dir.), Les violences en milieu scolaire ; définir, prévenir et réagir… (p. 31-48). Québec, Les Presses de l’Université Laval : Collection de la Chaire.

Ng‐Mak, D. S., Stueve, A., Salzinger, S., & Feldman, R. (2002). Normalization of violence among inner‐city youth: A formulation for research. American Journal of Orthopsychiatry72(1), 92-101.

Parent, S. et D’Amours, C. (2019). Intimidation en contexte sportif. Repéré à https://www.inspq.qc.ca/intimidation/jeunes/intimidation-en-contexte-sportif.

Schwab-Stone, M. E., Ayers, T. S., Kasprow, W., Voyce, C., Barone, C., Shriver, T., & Weissberg, R. P. (1995). No safe haven: A study of violence exposure in an urban community. Journal of the American Academy of Child & Adolescent Psychiatry34(10), 1343-1352

Symons, C., O’Sullivan, G., Borkoles, E., Andersen, M. B., & Polman, R. C. (2014). The impact of homophobic bullying during sport and physical education participation on same-sex attracted and gender diverse young Australians’ depression and anxiety levels.

Ttofi, M. M., Farrington, D. P., Lösel, F., & Loeber, R. (2011). Do the victims of school bullies tend to become depressed later in life? A systematic review and meta-analysis of longitudinal studies. Journal of Aggression, Conflict and Peace Research3(2), 63-73.

«Si certaines victimes portent les marques psychologiques de l’intimidation toute leur vie, elles sont loin d’être les seules puisque les auteurs aussi en seront marqués.»

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