Cindy Ouellet : une leçon de puissance

Dans le cadre du lancement prochain – ce 16 mai – de notre nouveau programme À l’action! Agissons contre l’intimidation en milieu sportif, nous vous proposons une série de textes qui portent sur la thématique de l’intimidation.  

__

Notre dernier blogue abordait les conséquences qu’engendre l’intimidation. Cependant, il est faux de croire que toutes les victimes vivront avec des séquelles psychologiques toute leur vie ou développeront un problème de santé mentale en conséquence à cette expérience négative (Ttofi et al., 2011). Disons que certaines personnes sont marquées par l’intimidation, mais d’une manière complètement différente.

Qui est Cindy Ouellet ? 

Cindy est un trésor bien gardé au Québec. Nous avons eu la chance de la rencontrer et d’entendre son histoire lors d’une conférence organisée par Sport’Aide en juin dernier, alors qu’elle avait laissé la salle entière sans mots par son parcours inspirant.

  • 3 x Jeux paralympiques : Basketball en fauteuil
  • 1 x Jeux paralympiques : Ski paranordique
  • 12 ans de conservatoire : Piano
  • Doctorante en génie biomédical : Université Southern Calfornia

Cindy Ouellet, c’est beaucoup plus que des médailles. Son parcours de vie hors du commun nous enseigne une leçon de force et de résilience.  Alors qu’à seulement 12 ans, Cindy doit affronter un cancer des os qui ne lui laissait guère plus que 1% de chance de survie.  Contre toute attente, elle a réussi à vaincre cet adversaire, mais non sans y laisser une partie d’elle-même. Elle perd sa hanche gauche et les médecins la condamnent à son fauteuil roulant pour le reste de sa vie. Dur coup pour Cindy qui, avant la maladie, était déjà une grande sportive. Un nouveau défi se présente à elle ; son fauteuil qui, d’apparence moins mortelle que le premier, deviendra en réalité un adversaire de taille.

Puissance

Lors de la conférence de Cindy, elle nous raconte l’événement qui sera le moment où elle « touche le fond du baril » dans un témoignage des plus émouvants. Ce moment où son père l’amène faire du ski. Il s’était alors totalement investi à construire une luge à sa fille afin qu’elle puisse enfin recommencer à pratiquer la glisse. Très enthousiaste, elle s’assoit dans la luge pour reprendre un tant soit peu le cours normal de sa vie. Assise dans sa luge, elle panique littéralement lorsqu’elle réalise – malgré tous ses efforts – être incapable d’avancer.  Dévastée, elle est frappée d’impuissance et souffre d’avoir laissé tomber son père… et ses illusions.

« C’est à ce moment bien précis que je me suis dit : Il faut que je devienne forte. »

Cette volonté est caractéristique de Cindy; elle est le principal moteur de tous ses exploits. Ce choix de la force au détriment de l’apitoiement, c’est ce qui l’a entrainée à contredire les prévisions de ses médecins pour recommencer ensuite à marcher… difficilement certes, mais tout de même. C’est aussi ce choix qui l’a aidée à affronter l’intimidation dont elle a été victime à son retour en classes. Elle se faisait insulter, pousser et frapper en raison de son handicap et de sa récente affirmation de son orientation sexuelle. Aujourd’hui, malgré tout, elle remercie ses intimidateurs.

« Je suis devenue qui je suis grâce à eux et ce qu’ils m’ont fait subir. »

Évidemment, le but ici ne vise nullement à diminuer les conséquences que l’intimidation peut avoir sur la victime ou – pire encore – d’encourager l’intimidation et de fermer les yeux sur celle-ci. Au contraire, il faut agir pour prévenir et contrer l’intimidation.

En fait il s’agit plutôt à ce moment-ci de montrer qu’il faut encourager les jeunes victimes d’intimidation à voir la force qui les habite afin de l’utiliser comme levier vers la résilience. C’est d’ailleurs ce que Lukianoff et Haidt défendent dans The Coddling of the American Mind. Selon eux, tous les enfants devraient intégrer ce principe de base consistant à puiser dans leurs propres ressources pour rebondir d’une situation difficile. Partant de là, qui est mieux placée que Cindy Ouellet pour faire la promotion de ce constat ? C’est donc pourquoi nous l’avons choisie comme porte-parole du nouveau programme de prévention de l’intimidation À l’action! Agissons contre l’intimidation en milieu sportif.

Enfin, ce serait simplifier l’intimidation à outrance d’assumer que ce seul principe puisse solutionner cette problématique. De fait, Cindy elle-même vous dirait que ses parents et son entourage ont joué un rôle encore plus important dans sa résilience. Les études le confirment en affirmant que la résilience est atteinte en partie grâce aux caractéristiques personnelles de la victime, mais aussi grâce à son environnement (Lecomte, 2006 ; Roberge, 2008). Nous aborderons d’ailleurs cette dynamique dans notre prochain blogue.

Pour l’instant, nous vous invitons à visionner les courtes vidéos de présentation de Cindy et Les aventures de Cindy en bandes dessinées disponibles sur notre site web contrerlintimidation.sportaide.ca

Alexandre Baril – Sport’Aide

Chargé de projet À l’action! Agissons contre l’intimidation  

Médiagraphie

Lecomte, J. (2006). La résilience après maltraitance, fruit d’une interaction entre l’individu et son environnement social. Les cahiers de psychologie politique, numéro 8, janvier 2006. Repéré à http://lodel.irevues.inist.fr/cahierspsychologiepolitique/index.php?id=1065.

Lukianoff, G., & Haidt, J. (2018). The coddling of the American mind: How good intentions and bad ideas are setting up a generation for failure. Penguin.

Roberge, G. D. (2008). The Tentacles of Bullying: The impact of negative childhood peer relationships on adult professional and educational choices. Canadian Journal of Career Development/ Revue Canadienne de Developpement de Carrière, 7(1), 35-44. Repéré à http://cjcdonline.ca/wp-content/uploads/2014/11/The-Tentacles-of-Bullying-The-Impact-of.pdf.

Ttofi, M. M., Farrington, D. P., Lösel, F., & Loeber, R. (2011). Do the victims of school bullies tend to become depressed later in life? A systematic review and meta-analysis of longitudinal studies. Journal of Aggression, Conflict and Peace Research(2), 63-73.

Étudiants-athlètes et santé mentale : une réalité méconnue

Au Québec, près de 165 000 jeunes pratiquent un sport au niveau scolaire parallèlement à leurs études. Les attentes sont souvent très élevées envers les étudiants-athlètes, ce qui peut devenir lourd pour un jeune pressé de réussir à l’école, de performer dans le sport et d’accorder du temps à sa vie sociale et familiale. La façon dont les athlètes font face à ces différents stresseurs est notamment déterminante pour leur santé mentale et leur réussite sportive (Rice, Purcell, De Silva, Mawren, McGorry, & Parker 2016). En fait, dans la population générale, une personne sur cinq souffrira d’un problème de santé mentale au cours de sa vie, et les athlètes n’y font pas exception (Gulliver, Griffiths, Christensen, 2012).

Les problèmes psychologiques les plus communs pour les étudiants-athlètes incluent la dépression, l’anxiété, les troubles alimentaires, les troubles déficitaires de l’attention, les troubles liés à l’usage d’une substance et les changements psychologiques à la suite d’une commotion cérébrale. Alors si les athlètes sont également touchés par ces problèmes, la culture entourant le monde sportif pourrait toutefois faire en sorte que les étudiants-athlètes vivent ces troubles de santé mentale différemment.

Déjà très présente dans la société en général, la stigmatisation entourant la santé mentale représente un défi encore plus grand pour certains étudiants-athlètes qui, sous prétexte qu’ils sont des performers et des modèles de réussite pour leur entourage, hésitent à demander de l’aide. Ainsi, plusieurs d’entre eux restent en silence, trop habitués à entendre qu’il faut être fort mentalement pour avoir du succès dans le sport. En effet, un seul athlète sur 10 cherche à obtenir de l’aide quand il en a besoin. Une statistique plutôt inquiétante pouvant s’expliquer de différentes manières : le déni, l’embarras, la stigmatisation ou encore une mauvaise compréhension des maladies « psychologiques » comparativement à celles dites physiques (Schwenk, 2000). De plus, certains athlètes peuvent craindre que leurs entraîneurs et coéquipiers apprennent qu’ils consultent et que cela affecte négativement la perception de leurs pairs en étant désormais perçus comme faibles (Gulliver, Griffiths, Christensen, 2012; Watson, 2005).

Les étudiants-athlètes se font fréquemment répéter des devises consacrées comme « No pain no gain » ou encore «There’s no I in team ». Ces mentalités sportives peuvent ainsi contribuer à renforcer la stigmatisation entourant les problèmes de santé mentale. Le travail et l’acharnement étant généralement récompensés, certains étudiants-athlètes ne veulent pas admettre leurs besoins ou reconnaître leurs difficultés personnelles pour ne pas nuire à leurs relations avec leurs coéquipiers ou influencer la confiance de leur entraîneur face à leur capacité de performer. À ce sujet, une étude (Gulliver, Griffiths et Christensen, 2012) a permis de constater que plus de 40% des obstacles à la recherche d’aide sont liés à la stigmatisation et à l’embarras que ressentirait un athlète lorsqu’il sollicite de l’aide.

Certaines caractéristiques propres aux étudiants-athlètes sont susceptibles de les rendre plus à risque de développer des troubles de santé mentale. Parmi ceux-ci, il y a le stress lié à la performance sportive, les blessures, le fait de résider dans une ville différente de leur ville natale et la manifestation de comportements davantage à risque quant à la consommation d’alcool (Gulliver, Griffiths et Christensen, 2012). Par ailleurs, 51% des athlètes qui subissent des blessures souffrent de symptômes dépressifs de type moyen à sévère. Les athlètes blessés, ceux qui approchent de leur retraite ainsi que ceux qui vivent des difficultés de performance seraient également plus à risque de vivre des problèmes de santé mentale (Rice et coll., 2016).

Bref, il est grand temps que la santé mentale prenne la place qui lui revient dans les discours en milieux sportifs afin de contribuer à enrayer la stigmatisation qui lui est malheureusement associée. Cette mentalité doit changer pour que la santé mentale soit traitée avec autant de sérieux et d’ouverture que les blessures physiques. C’est pourquoi Sport’Aide s’engage à ouvrir la discussion sur la santé mentale et offre notamment une ligne d’écoute à tous les athlètes qui vivent de telles difficultés. Ce service est également offert à l’entourage d’athlètes aux prises avec ces inquiétudes. Vous pouvez nous joindre au 1-833-211-2433.

J. G-B.

Sources :

Gulliver, A., Griffiths, K. M., & Christensen, H. (2012). Barriers and facilitators to mental health help-seeking for young elite athletes: a qualitative study. BMC psychiatry, 12(1), 157.

Rice, S. M., Purcell, R., De Silva, S., Mawren, D., McGorry, P. D., & Parker, A. G. (2016). The mental health of elite athletes: a narrative systematic review. Sports medicine, 46(9), 1333-1353.

Schwenk, T. L. (2000). The stigmatisation and denial of mental illness in athletes. British journal of sports medicine, 34(1), 4-5.

Watson, J. C. (2005). College student-athletes’ attitudes toward help-seeking behavior and expectations of counseling services. Journal of College Student Development, 46(4), 442-449.

«En fait, dans la population générale, une personne sur cinq souffrira d’un problème de santé mentale au cours de sa vie, et les athlètes n’y font pas exception.»

Contrer l’intimidation en milieu sportif avec Sport’Aide : une approche globale

Dans le cadre du lancement de notre nouveau programme À l’action! Agissons contre l’intimidation en milieu sportif , nous vous proposons une série de textes qui porteront sur la thématique de l’intimidation.

__

À l’occasion de notre plus récent blogue, rappelez-vous, nous avions abordé la puissance de la résilience en vous présentant notre porte-parole Cindy Ouellet. Il s’agissait alors de notre premier blogue portant sur une approche pour contrer l’intimidation. Cette semaine, nous allons entrer davantage dans le vif du sujet en se questionnant sur ce que nous pouvons faire pour contrer l’intimidation.

Avant même de répondre à cette question, il faut d’abord savoir que l’intimidation peut être contrée. Certaines personnes nous diront que, comme « l’homme est un loup pour l’homme », la violence fait partie de notre nature et qu’il est donc impossible d’y faire quoi que ce soit. Pourtant, même Thomas Hobbes, auteur de cette citation, affirmait qu’une politique fondée sur le droit à la sécurité permettrait de dépasser cette condition naturelle de l’homme.

En gros, s’il semble impossible d’enrayer définitivement la violence considérant qu’elle fait partie de nous, nous pouvons toutefois la contrôler et la réduire significativement. En milieu scolaire par exemple, les programmes réussissent à diminuer le nombre de cas d’intimidation (Ttofi et al., 2011). Par contre, les résultats varient grandement selon la qualité du programme mis en place. Certains peuvent même avoir l’effet inverse et engendrer plus de violence (Ttofi et al., 2011). Heureusement, la recherche a su identifier quelques facteurs clés répertoriés parmi les meilleures interventions. À la base, le premier facteur nécessite qu’un programme efficace soit global. (Astor et al., 2009; Beaumont, 2014; Cohen, et al., 2009; Espelage, 2014 ; Solomon et al., 2012; Steffgen et al., 2013; Ttofi et al., 2011; Wilson et al., 2007).

La raison provient des causes liées à l’intimidation. Éric Debarbieux (2008), ex-président de l’ Observatoire international sur la violence à l’école, recommande d’ailleurs : « Cause unique tu rejetteras ». Ainsi, c’est l’accumulation de facteurs de risque et le manque de facteurs de protection qui détermineront les risques d’être victime ou intimidateur. Bref, l’intimidation n’est ni causée par un facteur de risque, ni contrée par un facteur de protection. Ce pourquoi, nous devons considérer l’ensemble comme l’ont fait à juste titre Parent et al., (2019) dans leur synthèse en contexte sportif :

Facteurs de protection

Facteurs individuel

  • Habiletés athlétiques supérieures

Facteurs relationnels

  • Bonne cohésion d’équipe
  • Présence de dynamiques positives de groupe formées par les pairs (développement d’une bonne communication entre les pairs, apprentissage du travail d’équipe et du soutien mutuel des coéquipiers)
  • Présence de parents et d’adultes proactifs et sensibles à la problématique de l’intimidation

Facteurs contextuels ou organisationnels

  • Valeurs en lien avec des environnements sécuritaires pour les participants dans un effort de créer un climat ne soutenant pas l’intimidation
  • Valeurs fondées sur la coopération

(Parent et al., 2019)

Un bon programme réussira donc à agir à chacun des niveaux (individuel, relationnel et contextuel ou organisationnel) afin d’assurer le plus de facteurs de protection possibles et le moins de facteurs de risque pour nos jeunes sportifs. Le programme pourra alors être qualifié de global.

C’est l’approche priorisée au quotidien par Sport’Aide dans toutes ses interventions, tant avec les individus que les organisations. Et c’est pourquoi notre programme- À l’action! Agissons contre l’intimidation en milieu sportif – cherche à outiller l’ensemble des acteurs œuvrant aux différents niveaux de la communauté sportive (jeunes sportifs, parents, entraîneurs et administrateurs). Essentiellement, il faut toujours garder en tête que si chaque outil du programme a sa propre utilité, il est généralement nécessaire d’utiliser une multitude d’outils pour faire face à l’intimidation. Somme toute, la violence reste un phénomène très complexe qui requiert une intervention à plusieurs niveaux.

Dans notre prochain blogue, nous aborderons une approche complémentaire à l’approche globale, mais tout aussi nécessaire, l’approche positive.

En attendant, vous pouvez explorer les différentes facettes de notre programme au www.contrerlintimidation.sportaide.ca

Vous pouvez aussi consulter l’article de Parent et D’amours (2019) puisqu’en raison d’un manque d’espace, nous n’avons pu vous présenter les facteurs de risques liés à l’intimidation. Vous pourrez donc les retrouver au Facteurs-de-risque/INSPQ

Alexandre Baril

Chargé de projet – À l’action! Agissons contre l’intimidation en milieu sportif

Sport’Aide

Médiagraphie

Astor, R. A., Benbenishty, R., & Estrada, J. N. (2009). School violence and theoretically atypical schools: The principal’s centrality in orchestrating safe schools. American Educational Research Journal, 46(2), 423-461.

Beaumont, C. (2014). Revoir notre approche en prévention de la violence et de l’intimidation : des interventions soutenues par la recherche ; Mémoire présenté au secrétariat du forum sur l’intimidation Ministère de la famille.Québec, QC : Chaire de recherche sur la sécurité et la violence en milieu éducatif .

Cohen, J., McCabe, L., Michelli, N. M., & Pickeral, T. (2009). School climate: Research, policy, practice, and teacher education. Teachers college record111(1), 180-213.

Debarbieux, É. (2008). Dix Commandements contre la violence à l’école (Les). Odile Jacob.

Espelage, D. L. (2014). Ecological theory: Preventing youth bullying, aggression, and victimization. Theory into Practice53 (4), 257-264.

Parent, S. et D’Amours, C. (2019). Intimidation en contexte sportif. Repéré àhttps://www.inspq.qc.ca/intimidation/jeunes/intimidation-en-contexte-sportif .

Solomon, B. G., Klein, S. A., Hintze, J. M., Cressey, J. M., & Peller, S. L. (2012). A meta‐analysis of school‐wide positive behavior support: An exploratory study using single‐case synthesis. Psychology in the Schools49(2), 105-121.

Steffgen, G., Recchia, S., & Viechtbauer, W. (2013). The link between school climate and violence in school: A meta-analytic review. Aggression and Violent Behavior18(2), 300-309.

Ttofi, M. M., & Farrington, D. P. (2011). Effectiveness of school-based programs to reduce bullying: A systematic and meta-analytic review. Journal of Experimental Criminology7(1), 27-56.

Wilson, S. J., & Lipsey, M. W. (2007). School-based interventions for aggressive and disruptive behavior: Update of a meta-analysis. American journal of preventive medicine33(2), S130-S143.

«[…], s’il semble impossible d’enrayer définitivement la violence considérant qu’elle fait partie de nous, nous pouvons toutefois la contrôler et la réduire significativement.»

Contrer l’intimidation avec Sport’Aide : une approche positive


Notre plus récent blogue avançait l’importance d’une approche globale pour contrer l’intimidation en milieu sportif. Cependant, la globalité ne fait pas foi de tout puisque l’approche doit aussi être positive. Ceci implique donc que nous ne pouvons seulement nous cantonner dans des interventions de nature coercitive comme le font les programmes de type tolérance zéro.

À cet égard, Beaulieu (2011) montre bien comment ces programmes, fondés sur une politique punitive inflexible et usant de sanctions sévères pour tout type de comportement inadéquat même mineur, ont gravement échoué dans leurs visées disciplinaires. D’ailleurs, si vous voulez en savoir plus sur ce thème, consultez l’article de Beaulieu (2011) dans notre section médiagraphie.

Cela dit, nous n’optons pas non plus pour le laisser-aller qui serait encore pire. Comme le mentionne Éric Debarbieux : « Tout, sauf admettre qu’un enfant se fasse massacrer par un autre enfant. » (Debarbieux, 2012). Le problème avec la coercition c’est que les auteurs d’intimidation n’apprennent pas à changer de comportement. Il est donc illusoire de croire que le problème est réglé puisqu’il est seulement reporté. De plus, il importe de rappeler que ces enfants aussi ont besoin d’aide, car plusieurs d’entre eux subiront de graves conséquences tout au long de leur vie en raison de leurs comportements (voir le blogue « Comprendre l’intimidation, partie 2 »).

Éduquer et changer les comportements

Guidés par cette réalité sous-estimée, notre nouveau programme À l’action ! Agissons contre l’intimidation en milieu sportif a prévu l’outil Aider. Basé sur les meilleures méthodes pédagogiques (Beaumont et al., 2017 ; Pepler et al., 2014), cet outil assure une intervention de l’entraîneur en cas d’intimidation et oriente ce dernier afin que son intervention soit éducative et vise un changement de comportement pour l’auteur d’intimidation.

Ainsi, l’outil Aider permet d’intervenir tout en prévenant une récidive de l’intimidation. Cependant, à l’image du vieil adage indiquant qu’il « vaut mieux prévenir que guérir », la recherche confirme qu’il faut aller encore plus loin dans la prévention pour contrer efficacement l’intimidation. À défaut de quoi, on se contente d’agir en mode curatif comme s’il convenait de dire que : « nous n’avons pas besoin d’être physiquement actif puisque les médecins veilleront sur notre santé. »

Bref, en intimidation comme pour toute problématique, il faut agir de manière proactive afin de d’abord prévenir l’apparition des comportements négatifs. C’est la clé d’une politique efficace pour contrer l’intimidation. Ce que corrobore Égide Royer pour qui « Il est plus facile de construire des enfants forts que de réparer des adultes brisés ».

Pour ce faire, les enfants ont besoin d’évoluer dans un environnement marqué par un climat positif axé sur le bien-être (Beaumont, 2014 ; Poulin et al., 2015 ; Steffgen et al., 2013). Ce climat favorisera davantage l’apprentissage des habiletés socio-émotionnelles qui agiront comme première barrière face à l’intimidation (Boissonneaultet al., 2018; Durlak et al., 2011; Espelage et al., 2015).

Pour en savoir davantage sur ces habiletés socio-émotionnelles, assurez-vous de lire notre prochain blogue.

Alexandre Baril

Chargé de projet – À l’action! Agissons contre l’intimidation en milieu sportif

Sport’Aide

Médiagraphie

Beaulieu, A. (2011). La tolérance zéro, une illusion. Vie pédagogique. (156), 18-20. Repéré àhttp://collections.banq.qc.ca/ark:/52327/bs2018122 .

Beaumont, C. (2014). Revoir notre approche en prévention de la violence et de l’intimidation : des interventions soutenues par la recherche ; Mémoire présenté au secrétariat du forum sur l’intimidation Ministère de la famille.Québec, QC : Chaire de recherche sur la sécurité et la violence en milieu éducatif .

Beaumont, C. et Paquet. (2017). La méthode A.I.D.E.R. Chaire de recherche sur la sécurité et la violence en milieu éducatif.

Boissonneault, J. et Beaumont, C. (2019). Fascicules contre l’intimidation. Repéré àhttps://cqjdc.org/documents.html .

Debarbieux, É. (2012). Améliorer le climat scolaire : pourquoi et comment ? [Vidéo en ligne]. Repéré àhttps://www.youtube.com/watch?v=Oe26RDztvwo .

Durlak, J. A., Weissberg, R. P., Dymnicki, A. B., Taylor, R. D., & Schellinger, K. B. (2011). The impact of enhancing students’ social and emotional learning: A meta‐analysis of school‐based universal interventions. Child development82(1), 405-432

Espelage, D. L., Low, S., Van Ryzin, M. J., & Polanin, J. R. (2015). Clinical trial of second step middle school program: Impact on bullying, cyberbullying, homophobic teasing, and sexual harassment perpetration. School Psychology Review44(4), 464-479.

Pepler, D. et Craig, W. (2014). Prévention de l’intimidation et intervention en milieu scolaire: Fiche d’information et outils. Repéré à:https://www.prevnet.ca/sites/prevnet.ca/files/prevention_de_lintimidation_fiches_outils_2014_fr.pdf .

Poulin, R., Beaumont, C., Blaya, C., & Frenette, E. (2015). Le climat scolaire : un point central pour expliquer la victimisation et la réussite scolaire. Canadian Journal of Education38(1), 1. Repéré àhttps://www.researchgate.net/profile/Catherine_Blaya/publication/280216417_Le_climat_scolaire_un_point_central_pour_expliquer_la_victimisation_et_la_reussite_scolaire/links/570ff91808ae74cb7d9efe91/Le-climat-scolaire-un-point-central-pour-expliquer-la-victimisation-et-la-reussite-scolaire.pdf .

Steffgen, G., Recchia, S., & Viechtbauer, W. (2013). The link between school climate and violence in school: A meta-analytic review. Aggression and violent behavior18(2), 300-309.

[…] en intimidation comme pour toute problématique, il faut agir de manière proactive afin de d’abord prévenir l’apparition des comportements négatifs.

L’excellence en sports

Aujourd’hui, nous allons déborder un peu de l’intimidation en sport pour aborder l’excellence. Lors de mon Baccalauréat en enseignement de l’éducation physique à l’Université Laval, un chargé de cours hors du commun, Benoît Tremblay, demandait : « De quelle excellence parle-t-on dans la célèbre Conquête de l’excellence du Rouge et Or? » Au premier abord, cette question semble évidente : c’est l’excellence sportive. Cependant, il nous faisait remarquer que le sport est un moteur de développement qui dépasse de beaucoup l’atteinte de la seule excellence sportive. D’ailleurs, la nouvelle terminologie de l’entraineur éducateur adoptée par plusieurs sports s’aligne sur cette idée. Nous soulignons de ce fait le débordement des compétences du coach dans la sphère du développement intégral de la personne alors que l’éducateur est perçu comme un vecteur de développement, oui sportif, mais également émotionnel, social et moral. Ce que l’on pourrait résumer par la conquête de l’excellence humaine.

Cette tendance est fondée sur les nombreux avantages de l’acquisition des habiletés socio-émotionnelles. Mais, quelles sont ces habiletés :

« L’apprentissage social et émotionnel (ASÉ) est le processus par lequel les enfants et les adultes comprennent et gèrent leurs émotions, fixent et atteignent des objectifs positifs, ressentent et montrent de l’empathie pour les autres, établissent et maintiennent des relations positives et prennent des décisions responsables. » (Collaborative for Academic, Social, and Emotional Learning, 2019)

En gros, c’est l’apprentissage des habiletés de vie et il appert que ces habiletés offrent un avantage incontestable dans la vie.

Plus de….Moins de …
Comportement social positifProblème de comportement
Attitudes positives envers soiDétresse émotionnelle, dépression ou anxiété
Attitudes positives envers les autresIntimidation et cyberintimidation
Performance académique (11 percentiles de +)Violence verbale homophobe
GraduationDélinquance
Pratiques sexuelles sans risquesViolence sexuelle
Succès sur le marché du travailConsommation d’alcool, drogue ou tabac
Satisfaction dans la vieTroubles alimentaires et obésité

(Durlak et al., 2011; Espelage et al, 2015a, Espelage et al., 2015b; OCDE, 2015; Robbles, 2012; Taylor et al., 2017)

L’excellence sportive oui, mais l’excellence humaine elle ?

Ce sont alors des avantages sur la santé psychologique, sociale, physique et sexuelle, mais aussi sur la réussite scolaire et professionnelle. Et si ceci ne vous convint toujours pas, la recherche a même montré un avantage économique évaluant à 11 dollars les bénéfices retirés pour chaque dollar investi dans un programme d’ASÉ (Belfield et al., 2015). La raison étant que l’ASÉ joue un rôle important dans l’ensemble des sujets chauds de notre époque.

Vous comprenez alors pourquoi il était inévitable d’avoir un outil portant sur ces habiletés dans notre programme À l’action! Agissons contre l’intimidation en milieu sportif. Notre outil Rassembler : pour développer la cohésion vise l’union de nos athlètes dans une mentalité Un pour tous et tous pour un, leur permettant d’apprendre certaines de ces habiletés cruciales au succès (fixation d’objectifs, coopération, communication, responsabilité, etc.), mais aussi prévenant l’intimidation (Parent et al., 2019). En définitive, une équipe qui se tient ne peut se permettre des comportements d’intimidation dans leur propre équipe. Ce serait absurde. Qui plus est, la cohésion étant ainsi liée à la performance sportive (Caron et al., 2002), il n’y a guère de place pour les attitudes égocentristes comme l’intimidation.

De plus, l’approche ASÉ répond à une des questions les plus importantes dans l’intervention face à la violence en sport : la question des zones grises. Pour les abus majeurs, convenons que ce qui constitue de la violence ou pas est évident.  Mais, en ce qui a trait aux abus de moindre intensité comme les violences verbales ou psychologiques, il est difficile, même pour des professionnels, de tracer une ligne claire. La violence est une question d’abus de force qui est une question de valeurs et non de faits comme diront les sociologues. Mais une approche visant l’excellence évite cette question hasardeuse. Il faut plutôt s’interroger : est-ce que cette personne peut se comporter mieux ? Y a-t-il place à l’amélioration ? Dans l’affirmative, c’est notre responsabilité en tant qu’éducateur de faire cheminer cette personne pour son bien-être et celui de tous.

Il peut sembler hautain, voire pédant, de juger de la nécessité d’amélioration des autres sur le plan personnel. Toutefois, il est crucial que ce jugement soit d’abord posé sur soi. Moi-même, en tant qu’entraîneur, je me pose toujours la question : Aurais-je pu faire mieux ? En étant parfaitement honnête avec moi-même, la réponse est bien souvent affirmative. Je crois alors que pour mon bien personnel et pour celui de mes athlètes, il est intolérable de me contenter de mon état actuel lorsqu’il y a place à l’amélioration.

Voilà MA conquête de l’excellence !

Alexandre Baril

Chargé de projet – À l’action! Agissons contre l’intimidation en milieu sportif

Sport’Aide.

Pour consulter notre nouveau programme ou demander l’outil Rassembler visitez :

https://contrerlintimidation.sportaide.ca/

Pour plus d’information sur les habiletés socio-émotionnelles consultez :

Boissonneault, J. et Beaumont, C. (2019). Fascicules contre l’intimidation. Repéré à https://cqjdc.org/documents.html .

Médiagraphie

Belfield, C., Bowden, A. B., Klapp, A., Levin, H., Shand, R., & Zander, S. (2015). The economic value of social and emotional learning. Journal of Benefit-Cost Analysis6(3), 508-544.

Collaborative for Academic, Social, and Emotional Learning (2019). What is SEL?. Repéré à https://casel.org/what-is-sel/

Carron, A. V., Colman, M. M., Wheeler, J., & Stevens, D. (2002). Cohesion and performance in sport: A meta analysis. Journal of Sport and Exercise Psychology24(2), 168-188

Durlak, J. A., Weissberg, R. P., Dymnicki, A. B., Taylor, R. D., & Schellinger, K. B. (2011). The impact of enhancing students’ social and emotional learning: A meta‐analysis of school‐based universal interventions. Child development82(1), 405-432.

Espelage, D. L., Low, S., Polanin, J. R., & Brown, E. C. (2015a). Clinical trial of Second Step© middle-school program: Impact on aggression & victimization. Journal of Applied Developmental Psychology37, 52-63.

Espelage, D. L., Low, S., Van Ryzin, M. J., & Polanin, J. R. (2015b). Clinical trial of second step middle school program: Impact on bullying, cyberbullying, homophobic teasing, and sexual harassment perpetration. School Psychology Review44(4), 464-479.

OCDE, O. (2015). OECD Skills Studies: Skills for Social Progress: The Power of Social and Emotional Skills. OECD Publishing.

Parent, S. et D’Amours, C. (2019). Intimidation en contexte sportif. Repéré à https://www.inspq.qc.ca/intimidation/jeunes/intimidation-en-contexte-sportif .

Robles, M. M. (2012). Executive perceptions of the top 10 soft skills needed in today’s workplace. Business Communication Quarterly75(4), 453-465.

Taylor, R. D., Oberle, E., Durlak, J. A., & Weissberg, R. P. (2017). Promoting positive youth development through school‐based social and emotional learning interventions: A meta‐analysis of follow‐up effects. Child development88(4), 1156-1171.

« L’apprentissage social et émotionnel (ASÉ) est le processus par lequel les enfants et les adultes comprennent et gèrent leurs émotions, fixent et atteignent des objectifs positifs, ressentent et montrent de l’empathie pour les autres, établissent et maintiennent des relations positives et prennent des décisions responsables. »

Attention à nos arbitres!

En octobre dernier, un reportage de la Société Radio-Canada (SRC) faisait état d’une pénurie d’arbitres dans le monde du hockey mineur. Les chiffres de Hockey Québec-Chaudière-Appalaches ne mentent d’ailleurs pas alors que le nombre d’arbitres fédérés pour le hockey mineur est passé de 800 à quelque 550 en 5 ans. Selon notre expérience auprès de plusieurs organisations sportives, les autres sports vivent également une problématique similaire. Mais à quoi peut-on donc attribuer ce manque d’arbitres?

Dans ledit reportage de la SRC, François Talbot qui est arbitre en chef régional pour Hockey Québec-Chaudière-Appalaches mentionne que « Chaque année, environ 100 à 125 [nouveaux] officiels se joignent au groupe, mais pour différentes raisons, on en perd 150 à 175 ». Cela signifie donc que la volonté des gens de s’impliquer dans le hockey en tant qu’arbitre est toujours présente… mais qu’en dépit de cette relative bonne nouvelle, il sont encore plus nombreux à abandonner le sifflet. Face à ce problème de rétention de nos arbitres, comment pouvons-nous arriver à garder nos officiels?

L’arbitre philanthrope

Pour répondre à cette question, arrêtons-nous d’abord aux motivations initiales d’une personne qui décide de devenir arbitre. Premièrement, la passion pour le sport alors que beaucoup d’officiels diront qu’ils arbitrent pour redonner et contribuer à leur sport puisque celui-ci leur a apporté beaucoup dans la vie. D’autres personnes décident d’arbitrer afin de demeurer impliqué et de rester en contact avec leur communauté sportive. Hormis les jeunes qui, comme premier boulot, officient des matches en échange d’une modeste rétribution, convenons que l’argent n’est certainement pas la principale motivation d’un arbitre.  Dans ce contexte, considérons plutôt nos arbitres comme des philanthropes; ces personnes généreuses et désintéressées davantage attirées par le genre humain et cherchant à aider les autres par des dons, des œuvres, etc. Bref, cette définition colle bien plus aux arbitres qui, dans leurs conditions, donnent beaucoup d’eux-mêmes et souvent jusqu’à leur propre dignité. Et à cet égard, si nous questionnions nos comportements, comme parents, entraîneurs, joueurs, spectateurs, etc., peut-être réaliserions-nous que cette pénurie d’arbitres nous est en grande partie attribuable.

Disons qu’il est difficile de prétendre le contraire quand on entend des témoignages comme celui de Sonia Clément, arbitre en chef du Hockey Québec région Québec et Chaudière-Appalaches qui, en 2013 après 17 ans dans cette fonction, en venait à ce constat : « C’est comme si nous [les arbitres] n’étions pas des êtres humains. Dans un aréna, tout est permis. Dans une ruelle, la police débarquerait, mais au hockey, c’est différent ». Qui plus est, avec l’arrivée des médias sociaux, elle soulignait les attaques de plus en plus personnalisées que subissent les officiels. Et si vous êtes un habitué des environnements sportifs, vous pouvez certainement témoigner des menaces, du dénigrement et des agressions vécues trop souvent par les arbitres.

«Amusons-nous» un instant à vous imaginer être escorté par la police après votre quart de travail.  C’est pourtant le sort que l’on réserve à des arbitres qui doivent être accompagnés par les forces policières jusqu’à leur voiture – voire même leur domicile – en raison des menaces sérieuses dont ils ont été l’objet dans l’exercice de leur fonction? Inadmissible, mais c’est pourtant ce qui arrive à nos arbitres actuellement. Malheureusement, il s’en trouvera pour dire que ces menaces ne sont pas sérieuses. Et qu’en est-il des sentiments d’insécurité et de peur vécus par les victimes?

D’autres seront tenter de justifier l’injustifiable en affirmant que l’arbitre le méritait en raison des mauvaises décisions appelées. Soit!  Alors demandez-vous comment vous réagiriez si, chaque fois que vous commettiez une erreur, votre patron ou un client vous enguirlandait en souhaitant pratiquement votre mort? Pire encore, imaginez que votre adolescent qui débute un nouvel emploi soit ainsi vilipendé par son patron après quelques erreurs! Le parallèle est pertinent lorsque l’on réalise qu’une grande majorité de nos arbitres dans les ligues mineures sont des adolescents.

Cercle vicieux

En définitive, n’est-ce pas normal qu’un arbitre, peu importe son âge et qui par surcroît en est peut-être à sa première année comme officiel, laisse son sifflet s’il vit régulièrement ce genre de traitement? Comment peut-on réellement espérer que ces personnes décident de revenir l’année suivante alors que leur passion pour leur sport s’en trouve probablement écorchée? Conséquence de ce triste roulement de personnel : des arbitres inexpérimentés qui, naturellement plus à risque de faire des erreurs, subissent des mauvais traitements et des attaques qui les feront abandonner… pour être remplacé par un nouvel arbitre sans expérience.

Ce malheureux cercle vicieux impacte les environnements sportifs d’une autre manière alors que ce manque d’officiels précipite leur développement en les forçant à officier des tournois ou des finales de plus grande importance… où les erreurs sont encore moins tolérées. Inquiétant quand on réalise que, très souvent, même des matchs sans signification prennent des allures de matchs de finale de la coupe Stanley en raison de la charge émotive déployée par certains spectateurs. Ce long plaidoyer en faveur de nos arbitres contribuera, souhaitons-le, à une meilleure reconnaissance, plus de respect et davantage de tolérance envers nos officiels qui jouent un rôle essentiel dans notre communauté sportive.  Ce faisant, ils pourraient retrouver leurs lettres de noblesse et le goût de s’engager.

Pour ce faire, nous devons porter une attention particulière à ces gens qui, plus souvent qu’autrement, choisissent cette fonction par pur altruisme. Il nous revient à TOUS de reconnaître l’importance de leur rôle et la prochaine fois qu’un proche s’en prendra à un arbitre, profitez de l’occasion pour lui faire réaliser que sous ce chandail rayé, se trouve d’abord un être humain. À cet égard, pourquoi ne pas rendre hommage à nos arbitres en se faisant photographier avec eux? #takeapicturewitharef

M.-A.D.

Références

Reportage de Jean-Philippe Martin, le vendredi 19 octobre 2018

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1130563/officiel-hockey-mineur-baisse-quebec-chaudiere-appalaches

«[…] la volonté des gens de s’impliquer dans le hockey en tant qu’arbitre est toujours présente… mais [en] dépit de cette relative bonne nouvelle, il sont encore plus nombreux à abandonner le sifflet.»

Génération internet, santé mentale et activité physique

Dans la foulée de notre programme « À l’action ! Agissons contre l’intimidation en milieu sportif » lancé en mai dernier, nous travaillons présentement sur la cyberintimidation. Lors de nos consultations documentaires, nous nous sommes arrêtés au livre Génération internet de Jean M. Twenge professeure en psychologie à l’Université de San Diego. À la suite de cette lecture, nous éprouvions le besoin de vous en faire un petit compte-rendu considérant qu’elle aborde à certains endroits le lien entre le bien-être, le temps d’écran et l’activité physique.

Le cœur de son argumentaire repose sur la démocratisation du téléphone intelligent et ses impacts pour la génération suivant les milléniaux. En effet, si nous reculons de quelques années aux États-Unis, nous pouvions encore percevoir des différences selon les origines ethniques et les classes sociales dans l’utilisation d’internet. Par contre, en 2015, ces différences se sont complètement effacées. Pour reprendre le propos de Twenge, internet est devenu une expérience universelle. Ce pourquoi il devient alors pertinent de se questionner quant aux effets de cette démocratisation sur la génération ayant grandi avec un téléphone intelligent vissé à leurs mains.

L’une des conséquences considère l’effet marqué sur la santé mentale. Nos jeunes, et plus particulièrement nos jeunes filles, seraient de plus en plus à risque de présenter des symptômes dépressifs. Nous parlons ici de 10% de jeunes filles de plus présentant des symptômes dépressifs en 8 e, 10e et 12e années (l’équivalent ici des secondaires 1er, 3e et 5e).

Si les garçons semblent moins touchés au niveau des symptômes dépressifs, ils le sont tout de même lorsque l’on parle de dépression majeure ou d’autres variables comme la solitude, la satisfaction de vie et les taux de suicide (voir le livre de Twenge).

Cela dit, les jeunes filles demeurent plus à risque dans cette nouvelle ère numérique comme le confirme d’ailleurs le taux d’hospitalisation pour automutilation qui a triplé depuis 2009 pour les filles de 10-14 ans, passant de 100 par 100 000 à 300 par 100 000.

Toutes ces statistiques suivent de très près l’évolution des technologies. Et pour ceux qui se posent la question, elles ne suivent pas du tout les données de la récession économique.

Il y aurait donc un lien inverse entre l’exposition aux nouvelles technologies et le bien-être. Mais, pourquoi est-il important que les acteurs du milieu sportif soient sensibilisés à cette situation? Simple. L’activité physique et sportive a été identifiée comme étant un excellent facteur de protection contre le risque d’être malheureux, de se sentir seul et de développer des symptômes dépressifs alors que le temps d’écran représente un facteur de risque significatif pour toutes ces variables.

Une étude (méta-analyse) de Rodriguez-Ayllon et al.(2019) confirme d’ailleurs un lien positif entre l’activité physique et la santé mentale. Toutefois, cette même étude souligne que si l’activité physique est une avenue intéressante en relation avec cette problématique, cela dépend grandement de la qualité du contexte de pratique et que dans certains cas l’activité physique peut même entraîner l’effet inverse et empirer la situation.

Ce qui n’est pas sans rappeler le blogue sur la santé mentale des étudiants-athlètes que nous avons publié il y a quelques mois ou les statistiques marquantes de l’étude récente de Kerr et al. (mai 2019) portant sur le lien entre les mauvais traitements (abus et violence) dans les équipes sportives nationales et la santé des athlètes qui notaient que 13% des athlètes actifs et 20% des athlètes retraités admettent avoir eu des pensées suicidaires.

En résumé, nous devons retenir que la santé mentale est une problématique devant être adressée dans les années à venir puisqu’elle semble être exacerbée par l’apparition et la démocratisation des nouvelles technologies, dont les téléphones intelligents. Nous devons aussi retenir que nous avons tous un rôle important à jouer dans ce défi alors que l’activité physique est un facteur de protection déterminant. Cependant, il demeure de notre ressort et de notre responsabilité de créer des environnements positifs exempts d’abus et de violence afin que le sport puisse vraiment être aidant dans cette problématique.

Pour du support ou des conseils sur le sujet, n’hésitez pas à contacter notre service d’écoute au 1-833-211-AIDE (2433).

Alexandre Baril

Chargé de projet – À l’action ! Agissons contre l’intimidation en milieu sportif

Sport’Aide

Pour mieux comprendre les intrications entre le bien-être et le temps d’écran, ou pour savoir pourquoi les jeunes filles sont à risque que les garçons, je vous invite à lire le livre Génération internet de Jean M. Twenge.

Pour des conseils pratiques sur la gestion du temps d’écran, je vous invite à lire Jeunes connectés, parents informés de Cathy Tétrault du Centre Cyber-Aide.

Pour une introduction aux problèmes de santé mentale en sport je vous invite à prendre connaissance de notre blogue Étudiant-athlètes et santé mentale : une réalité méconnue .

Références

Kerr, G., Willson, E., et Stirling, A. (2019). Prevalence of Maltreatment Among Current and Former National Team Athletes. Repéré à https://athletescan.com/sites/default/files/images/prevalence_of_maltreatment_reporteng.pdf

Rodriguez-Ayllon, M., Cadenas-Sanchez, C., Estévez-Lopez, F., Munos, N. E., Mora-Gonzalez, J. et al., (2019). Role of Physical Activity and Sedentary Behavior in the Mental Health of Preschoolers, Children and Adolescents: A Systematic Review and Meta-Analysis. Sport Medecine, Apr 16. doi: 10.1007/s40279-019-01099-5.

Twenge, J. M. (2017). IGen: Why today’s super-connected kids are growing up less rebellious, more tolerant, less happy–and completely unprepared for adulthood–and what that means for the rest of us . Simon and Schuster.

Nos jeunes, et plus particulièrement nos jeunes filles, seraient de plus en plus à risque de présenter des symptômes dépressifs. Nous parlons ici de 10% de jeunes filles de plus […]

Patrice Bernier – Un leader né!

Patrice Bernier en compagnie de son père

Patrice Bernier en compagnie de son père

Récemment de passage à Québec pour rencontrer des étudiants-athlètes de niveau collégial, Patrice Bernier en a profité pour s’arrêter aux bureaux de Sport’Aide pour nous y partager son parcours, les obstacles qu’il a rencontrés et le message qu’il adresse aux jeunes à titre d’Ambassadeur de l’esprit sportif.

Croire en ses rêves sans omettre la réalité

Bien que Patrice ait débuté sa pratique du sport à l’âge de 4 ans, ce n’est qu’à 14 ans qu’il a réellement cru au potentiel qu’il avait de devenir un athlète élite et possiblement de vivre un jour de sa passion… sans toutefois savoir dans quel sport il réaliserait son rêve. Patrice est un bel exemple d’athlète qui s’est développé dans une pratique multisport puisqu’en plus du soccer, l’ancien capitaine de l’Impact de Montréal s’est rendu jusqu’à la ligue de hockey junior majeure du Québec (LHJMQ). Mais avant d’en arriver là, plusieurs éléments ont fait la différence dans son parcours.

D’abord ses parents qui bien entendu ont joué un rôle important dans son développement d’athlète.  « Comme de nombreux parents, les miens m’ont inscrit tôt dans le sport, car j’avais déjà beaucoup d’énergie à dépenser et à canaliser positivement », débute Patrice. « Mes parents, qui ont immigré d’Haïti, m’ont toujours encouragé à m’épanouir dans le sport. Et malgré mon talent naturel, ou le fait que mon père était un grand partisan de hockey, mes parents ne m’ont jamais imposé de pression afin que j’opte pour un sport en particulier… et encore moins pour que je vise à tout prix une carrière comme athlète professionnel », ajoute Patrice qui est lui-même père de trois enfants.

Patrice est catégorique : ces décisions ont toujours été les siennes et ses parents l’ont toujours respecté et encouragé. « C’est à 18 ans que j’ai pris la décision d’opter pour le soccer, et ce, malgré une période où le Québec suscitait beaucoup l’intérêt des dépisteurs de la LNH avec les Vincent Lecavalier, Brad Richard, Marc Denis, Alex Tanguay, Simon Gagné et Mike Ribeiro qui faisaient alors la pluie et le beau temps dans la LHJMQ. D’un autre côté, les jeunes de soccer professionnel québécois se comptaient sur une main, et encore plus rares ceux qui réussissaient à traverser l’océan Atlantique pour y rejoindre les ligues européennes… sans oublier le parti pris de mon père pour le hockey », rappelle Patrice.

Faisant fi de ces réalités, Patrice a donc décidé de suivre sa passion et son rêve pour le soccer. Nous connaissons la suite, une carrière professionnelle de près de 20 ans dont presque la moitié dans les ligues européennes. Néanmoins, bien qu’il estime essentiel de croire en ses rêves, Patrice tient à être réaliste avec les jeunes qu’il rencontre. « Au niveau professionnel, il y a beaucoup d’appelés mais peu d’élus et c’est pourquoi il faut travailler très fort avec persévérance et passion afin d’optimiser nos chances d’atteindre nos rêves. Aussi le succès pour se rendre au niveau élite ne consiste pas à amasser les trophées, titres et médailles, mais bien de surmonter les obstacles sans abandonner », précise Patrice.

L’enjeu de l’intégration sportive et le développement humain

Pour Patrice, le sport, au-delà des performances sportives, est d’abord un excellent moyen de se développer sur le plan humain puisqu’il favorise la transmission des valeurs comme, par exemple, l’ouverture sur les autres et l’intégration. D’origine haïtienne, Patrice a d’ailleurs souvent dû composer avec la réalité de représenter une minorité, particulièrement au hockey. « Comme bien d’autres avant moi, j’ai été victime de comportements discriminatoires, de commentaires racistes ou de faux compliments du genre : Finalement, tu es meilleur que je pensais pour un… ».

À l’inverse, son parcours lui a permis de croiser quelqu’un qui lui a indiqué la route à suivre lorsqu’exposé à ces tristes réalités.  « J’ai pu réussir grâce à M. Green qui était mon entraineur au hockey durant ma jeunesse.  J’en ai eu des entraîneurs, mais lui, il a fait toute une différence dans ma vie. Sa sensibilité accrue pour les athlètes qui, comme moi, représentaient une minorité, m’a beaucoup aidé à surmonter les périodes difficiles. J’avais confiance en M. Green et encore aujourd’hui je considère qu’il a eu un impact indiscutable sur ma carrière », ajoute Patrice.

Enfin, l’ancien capitaine de l’Impact a aussi été confronté à la réalité d’être un étranger lors de ses années en Europe. Pour lui, le succès d’une intégration réussie passe par sa propre attitude. « Être ouvert face à la nouveauté, faire passer l’équipe avant l’individu, donner son 100% et contribuer aux succès collectif facilitent toute intégration. Néanmoins, l’organisation, l’entraîneur et les coéquipiers peuvent également aider à l’intégration tout comme d’avoir une personne qui agit comme pilier, mentor ou parrain auprès d’un nouveau coéquipier », termine celui qui a joué au Danemark, en Norvège et en Allemagne.

Au final, Patrice Bernier réitère que la transmission des valeurs humaines contribue à développer le sport sainement et le motive lui, dans son rôle d’Ambassadeur de l’esprit sportif.

M.-A. D.

Violence sexuelle dans le sport… parlons-en!

De tristes nouvelles telles l’accusation récente pour des infractions d’ordre sexuel portée à l’endroit d’un athlète québécois de calibre international en gymnastique ont souvent l’effet d’une bombe dans le monde sportif, et avec raison. Cependant, souhaiter que de telles situations ne soient jamais dévoilées au grand jour serait encore plus dommage, puisque cette réalité est bien présente dans l’univers sportif québécois et des comportements abusifs comme ceux-ci doivent être dénoncés haut et fort. D’ailleurs, nous désirons saluer la bravoure des victimes qui ont eu le courage de demander de l’aide ainsi que la bienveillance de tous les intervenants qui les ont crues et qui n’ont pas cherché à protéger un individu malgré une feuille de route professionnelle impressionnante. Vraiment, BRAVO!!

Cela dit, ce type d’événement regrettable nous permet de discuter de sujets délicats – inconfortables pour certains – et de réfléchir aux mesures à mettre en place ainsi qu’aux attitudes à adopter afin d’agir en prévention. Nous vous présentons donc le premier blogue d’une série de trois, qui visent à faire l’état de la situation ; à mettre certains éléments en perspective ; et à discuter des mesures à instaurer afin de favoriser un environnement sportif sain et sécuritaire – exempt de violence sexuelle, plus particulièrement.

Un phénomène réel… et documenté

Février 2018, vous vous souviendrez peut-être de cette enquête qui avait fait les manchettes sur les ondes de Radio-Canada et de la CBC [1] – celle où l’on rapportait qu’au cours des 20 dernières années, 340 entraîneurs du sport amateur avaient été accusés d’un délit sexuel au Canada. Cette enquête mettait en lumière que de ces 340 entraîneurs accusés, 222 avaient été condamnés alors que l’on dénombrait un total de 603 victimes mineures. Il est à noter que ces statistiques concernent seulement les victimes connues : on estime que le taux de dénonciation s’élève généralement à un faible 5 % [2]. De plus, il est nécessaire de rappeler qu’aucun sport n’était épargné. Ensuite, quelques mois plus tard, une étude menée par la chercheuse québécoise Sylvie Parent de l’Université Laval, une sommité internationale dans le domaine de la violence dans le monde du sport, mettait en relief l’état de la situation au Québec en ce qui concerne la violence sexuelle dans le sport [3].

Ainsi, parmi 1055 jeunes athlètes âgés de 14 à 17 ans ayant participé à cette étude, 297 avaient rapporté avoir vécu au moins un épisode de violence sexuelle au cours des 12 derniers mois, ce qui équivaut à près de 29 % des participants à l’étude. Cette réalité était aussi présente chez les garçons (N = 74) que chez les filles (N = 223). Il s’agit d’une particularité importante à reconnaître, puisque dans la population en générale, nous retrouvons de toutes autres statistiques. De fait, ce sont les femmes qui sont majoritairement les victimes d’infractions sexuelles, à 84 %[4].

Un autre aspect nécessite une attention particulière, car il engendre souvent confusion et/ou inattention : violence sexuelle n’équivaut pas à abus sexuel. En fait, dans le spectre de la violence sexuelle, on y retrouve un continuum de gestes qui s’élève en gravité. Reprenons l’étude de Parent (2018) où l’on constate que 29 % des jeunes athlètes interrogés ont été victime d’au moins un épisode de violence sexuelle au cours des 12 derniers mois. Ici, il peut y avoir des gestes qui passent du harcèlement (c.-à-d. comportements à caractère sexuels tels que des paroles ou des gestes qui sont répétés dans le temps et qui ont des conséquences négatives chez les victimes) jusqu’aux gestes qui se rapportent à un abus avec contact physique (c.-à-d. rapport sexuel avec pénétration sans consentement, tentative de rapport sexuel avec pénétration sans consentement ou attouchements/contacts sexuels sans consentement). Conscients de cette information, nous pouvons mieux comprendre les statistiques évoquées par les différentes études et enquêtes menées.

En ce sens, discuter de telles statistiques aident à contrer des mythes tels que celui-ci : « les statistiques sont beaucoup trop élevées, c’est certain qu’il y a de fausses accusations là-dedans ». À ce sujet, l’Institut National de Santé Publique du Québec [5] a révélé, il y a quelques années, que sur près de 7 700 signalements de mauvais traitement investigués dans les centres de protection de l’enfance au Canada, seulement 35 % de ceux-ci s’avéraient non fondés. De plus, de ce 35 %, seulement 6 % ont été jugés comme de fausses allégations ayant été fabriquées intentionnellement en ce qui concerne les cas d’agressions sexuelles. Ce n’est pas tout : de ce 6 %, aucune ne provenait de mineurs. Il s’agit donc d’une preuve qui appuie de manière importante ce discours que nous devons adopter : nous devons croire les victimes et leur offrir notre aide – ce n’est pas à nous de juger de la validité de leur témoignage.

En terminant, il est nécessaire de relativiser l’état de la situation en mentionnant une dernière statistique issue de l’étude de Parent (2018).  Ce ne sont pas seulement les entraîneurs qui sont auteurs de violence sexuelle et c’est pourquoi il ne faut pas s’adonner à une chasse aux sorcières et commencer à soupçonner tout individu qui s’implique auprès des jeunes. Ainsi, selon les résultats de l’étude, près de 60 % des jeunes disent avoir été victime d’un autre athlète, alors que 20 % concernait les entraîneurs. Alors, contrairement à ce que nous rapportent les médias, soit principalement des cas d’entraîneurs, il importe de ne pas généraliser pour ne pas associer cette problématique seulement à ces derniers.

Rappelons-nous que nous comptons sur près de 100 000 entraîneurs au Québec qui, pour la très grande majorité, accomplissent un travail exceptionnel. C’est donc notre devoir d’être vigilants des comportements de tous les acteurs du monde sportif. En ce sens, nous sommes privilégiés au Québec puisque cette situation est prise au sérieux par les décideurs et les différents partenaires, incluant le gouvernement québécois (l’actuel et l’ancien) qui priorisent tous cet enjeu. À cet égard, il importe de dire que la communauté sportive québécoise est mobilisée et que de précieuses ressources sont d’ailleurs à la disposition des différentes parties prenantes (jeunes sportifs, parents, entraîneurs, administrateurs, officiels, bénévoles, etc.), notamment la plateforme SportBienÊtre.ca et l’organisme Sport’Aide.

Cette mobilisation qui fait l’envie à l’extérieur du Québec, nous la devons à tous les partenaires (Sports Québec, les fédérations sportives québécoises, les Unités régionales de loisirs et de sports, l’Institut national du sport du Québec, le Réseau du sport étudiant du Québec, l’Association québécoise du loisir municipal, etc.) qui collaborent pour un environnement sportif sain et sécuritaire, exempt de violence psychologique, émotionnelle, physique et sexuelle. Ce pourquoi il faut continuer à dénoncer haut et fort les comportements abusifs et supporter les victimes. Il ne faut plus tourner la tête. C’est notre responsabilité à tous.

J.T.

[1] Radio-Canada. (2018, 10 février). 340 entraîneurs accusés de délits sexuels au Canada en 20 ans, plus de 600 victimes. https://ici.radio-canada.ca/sports/1151877/enquete-entraineurs-canada-accusations-delits-sexuels-athletes-mineurs

[2] Secrétariat à la condition féminine du Québec. (2014). Violence sexuelle – quelques statistiques. http://www.scf.gouv.qc.ca/violences/agressions-sexuelles/quelques-statistiques/

[3] Parent, S., Vaillancourt-Morel, M-P., & Corneau, M. (2018). Capsule infographique #5 : La violence sexuelle en contexte sportif. Centre de recherche interdisciplinaire sur les problèmes conjugaux et les agressions sexuelles (CRIPCAS), Université de Montréal, Montréal, Québec.

[4] Secrétariat à la condition féminine du Québec. (2014). Violence sexuelle – quelques statistiques. http://www.scf.gouv.qc.ca/violences/agressions-sexuelles/quelques-statistiques/

[5] Cyr, M. et Bruneau, G. (2007). L’évaluation des fausses allégations d’agression sexuelle chez l’enfant. Dans M. St-Yves et M. Tanguay (dir.), Psychologie de l’enquête criminelle: La recherche de la vérité (pp. 221-254). Cowansville, QC: Éditions Yvon Blais. (Consulté sur le site de l’Institut National de Santé Publique du Québec, 2020).

(…) il faut continuer à dénoncer haut et fort les comportements abusifs et supporter les victimes. Il ne faut plus tourner la tête. C’est notre responsabilité à tous.

Violence sexuelle dans le sport (3) – Leur sécurité, NOTRE responsabilité!

Lors de notre plus récent blogue, nous discutions du processus de grooming des abuseurs sexuels en contexte sportif, plus spécifiquement des personnes en position d’autorité. Nous mentionnions alors que certains individus étaient plus à risque de subir de la violence sexuelle. En ce sens, nous poursuivons aujourd’hui en élaborant sur les facteurs de risque liés à ce type de violence. Enfin, nous présentons ce que chacun des acteurs sportifs devraient faire pour prévenir, autant que possible, de telles situations. Précisons que l’ensemble des informations discutées dans ce texte sont tirées du chapitre 8 du Rapport Québécois sur la Violence et la Santé de l’Institut National de la Santé Publique du Québec (Parent & Fortier, 2018).

Débutons en mentionnant qu’un facteur de risque se traduit, en général, par une caractéristique individuelle, organisationnelle ou socioculturelle augmentant la vulnérabilité d’une personne, dans ce cas-ci, à la violence sexuelle. Il importe de souligner que ce n’est pas parce que de tels éléments sont présents qu’il se produira nécessairement une situation sexuelle abusive – l’objectif ici étant d’être conscientisé à ces signaux d’alarme et ainsi augmenter notre vigilance en tant qu’acteur sportif.

Les facteurs de risque

Les facteurs de risque individuels liés à la violence sexuelle envers les jeunes sportifs de la part d’une personne en position d’autorité sont principalement liés au fait que l’adolescence constitue une période marquée de transitions et de changements augmentant la vulnérabilité. De plus, selon des récits d’athlètes féminines abusées, certains profils d’athlètes possiblement à risque peuvent être mis de l’avant : ceux ayant une faible estime de soi, des troubles de comportement alimentaire et une très grande dépendance envers l’entraîneur.

Ensuite, les facteurs de risque organisationnels font référence à la relocalisation des jeunes à l’extérieur du milieu familial en raison des centres d’entraînement centralisés; au fait que le sport pratiqué comporte parfois de nombreuses occasions de se retrouver seul avec l’entraîneur (p. ex. voyages sans supervision ou faible supervision, douches, vestiaires, transport, séjours dans les hôtels); et au fait que l’accès aux parents est parfois restreint, voire interdit, alors que peu d’explications leur sont données sur le cheminement de leur enfant ou encore que les liens des jeunes avec l’extérieur (p. ex. relations sociales) soient limités. Somme toute, ces facteurs ou conditions favorisent une certaine forme d’isolement chez les jeunes sportifs à l’intérieur de la structure, les rendant ainsi plus vulnérables aux situations abusives.

Enfin, à plus grande échelle, on y retrouve les facteurs de risque socioculturels. La normalisation et la tolérance de la violence en contexte sportif par les acteurs du système sportif, par les médias et par la population en général est le facteur de risque socioculturel le plus documenté. Les jeunes sportifs vivent dans un environnement où des situations considérées comme violentes ou anormales dans d’autres contextes sont parfois justifiées par la nécessité de performance ou de résultats. De plus, le respect de l’autorité, le contrôle de la vie des athlètes, la conscience de la hiérarchie et l’obéissance aux demandes des entraîneurs sont des situations communes et valorisées au sein de la pratique sportive. Elles constituent pourtant des conditions pour l’oppression et la violence. Il n’est donc pas surprenant de voir qu’il existe un certain « code du silence » entourant la victimisation découlant, en quelque sorte, de cette culture de dépendance et d’obéissance des jeunes sportifs envers l’entraîneur.

Une responsabilité partagée

À la lumière de ces propos, il est évident que nous avons tous une responsabilité et que nous faisons tous partie du problème – et de la solution – face à la violence sexuelle dans le sport. Premièrement, les administrateurs des organisations et clubs sportifs devraient : (a) annoncer et afficher publiquement et à la vue de leurs membres l’importance qu’ils accordent à des environnements sains et sécuritaires; (b) instaurer un processus de sélection robuste notamment basé sur des critères et attentes afin de recruter des individus de confiance (p. ex. entrevue de sélection, filtrage des bénévoles, prise de références, vérification des antécédents judiciaires, demande de déclaration volontaire, etc.); (c) cesser de prioriser le « savoir-faire » des individus et leur palmarès reluisant pour aussi considérer le « savoir-être » de ces derniers; et (d) développer les connaissances de leurs jeunes sportifs afin qu’ils soient capables d’identifier les bonnes et les mauvaises pratiques des intervenants qui les côtoient.

Deuxièmement, les parents : (a) ont la responsabilité d’être présents dans l’environnement sportif de leurs enfants; (b) doivent s’intéresser à ceux et celles qui encadrent et développent leurs enfants (p. ex. prendre le temps de discuter avec les entraîneurs et les administrateurs, connaître l’entourage et l’environnement); (c) doivent – s’ils sont témoins – demander de l’aide ou signaler toute situation problématique; et (d) doivent être à l’écoute des signaux provenant de leur enfant (p. ex. perte de plaisir, perte de motivation, désintérêt au sport et/ou abandon, isolement, changements de comportements, etc.). À cet égard, nous vous invitons à visionner cette courte vidéo traitant de l’importance comme parent d’écouter nos jeunes sportifs.

Enfin, prenons le temps de rappeler qu’il est important que nos jeunes sportifs demandent de l’aide et ce, qu’ils soient victimes ou témoins. D’ailleurs, si le club ou l’organisation affiche ouvertement que des mesures strictes sont mises en place pour le bien-être de leurs jeunes athlètes et que cette culture est réellement prodiguée, les victimes ou témoins de violence sexuelle – ou autre type de violence – n’hésiteront pas à demander de l’aide car ils sauront que leur organisation les écoutera et les supportera.

J.T.

(…) nous avons tous une responsabilité et que nous faisons tous partie du problème – et de la solution – face à la violence sexuelle dans le sport.

Sortie rapide
Sport'Aide

5055, Boulevard Wilfrid-Hamel (Suite 200)
Québec (Québec)
G2E 2G6
CANADA
Ligne d'écoute : 1-833-211-2433 (AIDE) 1-833-245-4357 (HELP) | Bureaux administratifs : 418-780-2002

Politique integrite

©2024, Sport'Aide. Tous les droits sont réservés.