Au cours des dernières semaines, combien de fois avons-nous entendu que « rien ne serait plus pareil » ; que « les habitudes ou les processus seraient à revoir » ; ou que « les organisations allaient devoir se réinventer » ? Dans ce concert de remises en question, qu’en est-il de nos jeunes sportifs qui, habitués à des rythmes effrénés dictés par leurs agendas, attendaient de reprendre le collier ? Sont-ils tous contents de ce retour à la « normale » ? Un de nos intervenants avait envie de s’adresser à eux.
Environ un mois s’est écoulé depuis l’annonce de la ministre Charest quant à la reprise des activités sportives. Que cette nouvelle a fait du bien au moral ! Enfin, nous pouvions revoir nos coéquipiers, nos amis et nos entraîneurs. Enfin, nous pouvions à nouveau nous activer comme « avant » et pratiquer la discipline qui nous anime tant. Enfin, il nous était possible de reprendre l’entraînement intensif et de consacrer toutes ces heures à peaufiner nos techniques. Enfin, nous étions en mesure de refaire des tonnes de sacrifices et de compromis pour exceller dans notre sport et atteindre des standards de performance recherchés. N’étais-tu pas aussi emballé par cette reprise ?
Non ? Tu n’as pas vécu cette « fébrilité » comme les autres et ça te laisse perplexe ?
Tu as le droit et j’ai presque envie de te dire que c’est normal. Comme tu l’as toi-même vécu, le confinement et l’arrêt complet des activités sportives nous ont amenés à réfléchir sur notre mode de vie, parfois même à le remettre en question. Il nous a permis de consacrer notre temps à d’autres occupations, d’autres passions ou d’autres passe-temps. Par exemple, tu as peut-être donné un coup de main à tes parents pour l’aménagement paysagé ; fait de la menuiserie avec le beau-père ; peut-être t’es-tu initié au monde culinaire avec tes frères et sœurs. Pour d’autres, ce temps a peut-être simplement servi à se reposer, à se retrouver. Bref, à prendre du temps pour soi. En ce sens, qu’importe la manière que tu l’as vécue, cette « pause sportive » t’as peut-être permis de revoir la valeur du sport et la place que le sport occupe dans ta vie. Au lendemain de cette période de pause, il pourrait arriver que tu recherches davantage un équilibre avec d’autres sphères de ta vie, avec d’autres centres d’intérêt. Pourquoi pas?
À l’inverse d’une majorité d’athlètes qui était soulagée de retrouver un rythme pré-COVID-19, d’autres comme toi sont portés à réfléchir sur ce qu’ils veulent réellement ou sur ce qui les anime. En effet, l’essence même de la pratique sportive et les raisons pour lesquelles ils y évoluent peuvent avoir changé. Ainsi, un jeune athlète auparavant axé uniquement sur la performance et les résultats, pourrait désormais envisager son sport ou sa pratique sportive comme un levier efficace lui permettant de développer une multitude d’habiletés interpersonnelles et intrapersonnelles et ce, qu’importe son âge et le niveau de son jeu. En ce sens, il s’agit pour certains de percevoir désormais le sport comme un moyen de se développer en tant qu’individu plutôt que de se développer en tant qu’athlète. Par ailleurs, d’autres accorderont davantage de place à leurs autres passions : ils continueront de pratiquer leur sport qu’ils aiment tant, sans toutefois mettre tous leurs œufs dans le même panier.
L’objectif de la réflexion que je vous partage aujourd’hui est de normaliser avec vous le fait que certains athlètes n’aient pas sauté de joie en sachant que l’horaire chargé et toutes les autres occupations connexes à leur sport allaient reprendre. Je m’adresse donc à toi, l’athlète qui désire s’épanouir dans son sport sans toutefois éprouver cette envie de consacrer à nouveau autant de temps, de sacrifices et d’énergie vers la poursuite de l’excellence. Tu as le droit de te sentir ainsi. Tu n’as pas à te sentir mal. Tu peux continuer à vouloir t’épanouir dans ton sport sans viser la perfection. Tu as le droit de te concentrer sur tous les bienfaits et les bénéfices que le sport fournit à ton bien-être à long terme ainsi qu’à ta santé physique et psychologique. Tu as le droit de rechercher un équilibre et d’accorder plus de temps à d’autres passions. Tu as le droit de rester actif pour ton simple plaisir sans t’imposer une pression de performance. Cette transition peut cependant être difficile à concrétiser puisque tu subis peut-être de la pression de la part de ton entourage à exceller dans ton sport et tu te questionnes peut-être aussi sur ce que les autres vont penser de ta décision. Bref, il importe de penser d’abord à toi ainsi qu’aux valeurs qui t’animent… et si tu as besoin d’en parler, tu peux nous contacter. N’hésite pas, nous allons t’accompagner !
Enfin, pour les autres qui débordez d’enthousiasme et qui trépignez à l’idée de reprendre vos activités sportives, profitez-en et continuez de vous épanouir… tout en vous assurant de respecter les différentes consignes émises par vos organisations respectives en lien avec les orientations de la santé publique ! Bon été ☺ ☺
J.T.