Violence sexuelle dans le sport (3) – Leur sécurité, NOTRE responsabilité!

Lors de notre plus récent blogue, nous discutions du processus de grooming des abuseurs sexuels en contexte sportif, plus spécifiquement des personnes en position d’autorité. Nous mentionnions alors que certains individus étaient plus à risque de subir de la violence sexuelle. En ce sens, nous poursuivons aujourd’hui en élaborant sur les facteurs de risque liés à ce type de violence. Enfin, nous présentons ce que chacun des acteurs sportifs devraient faire pour prévenir, autant que possible, de telles situations. Précisons que l’ensemble des informations discutées dans ce texte sont tirées du chapitre 8 du Rapport Québécois sur la Violence et la Santé de l’Institut National de la Santé Publique du Québec (Parent & Fortier, 2018).

Débutons en mentionnant qu’un facteur de risque se traduit, en général, par une caractéristique individuelle, organisationnelle ou socioculturelle augmentant la vulnérabilité d’une personne, dans ce cas-ci, à la violence sexuelle. Il importe de souligner que ce n’est pas parce que de tels éléments sont présents qu’il se produira nécessairement une situation sexuelle abusive – l’objectif ici étant d’être conscientisé à ces signaux d’alarme et ainsi augmenter notre vigilance en tant qu’acteur sportif.

Les facteurs de risque

Les facteurs de risque individuels liés à la violence sexuelle envers les jeunes sportifs de la part d’une personne en position d’autorité sont principalement liés au fait que l’adolescence constitue une période marquée de transitions et de changements augmentant la vulnérabilité. De plus, selon des récits d’athlètes féminines abusées, certains profils d’athlètes possiblement à risque peuvent être mis de l’avant : ceux ayant une faible estime de soi, des troubles de comportement alimentaire et une très grande dépendance envers l’entraîneur.

Ensuite, les facteurs de risque organisationnels font référence à la relocalisation des jeunes à l’extérieur du milieu familial en raison des centres d’entraînement centralisés; au fait que le sport pratiqué comporte parfois de nombreuses occasions de se retrouver seul avec l’entraîneur (p. ex. voyages sans supervision ou faible supervision, douches, vestiaires, transport, séjours dans les hôtels); et au fait que l’accès aux parents est parfois restreint, voire interdit, alors que peu d’explications leur sont données sur le cheminement de leur enfant ou encore que les liens des jeunes avec l’extérieur (p. ex. relations sociales) soient limités. Somme toute, ces facteurs ou conditions favorisent une certaine forme d’isolement chez les jeunes sportifs à l’intérieur de la structure, les rendant ainsi plus vulnérables aux situations abusives.

Enfin, à plus grande échelle, on y retrouve les facteurs de risque socioculturels. La normalisation et la tolérance de la violence en contexte sportif par les acteurs du système sportif, par les médias et par la population en général est le facteur de risque socioculturel le plus documenté. Les jeunes sportifs vivent dans un environnement où des situations considérées comme violentes ou anormales dans d’autres contextes sont parfois justifiées par la nécessité de performance ou de résultats. De plus, le respect de l’autorité, le contrôle de la vie des athlètes, la conscience de la hiérarchie et l’obéissance aux demandes des entraîneurs sont des situations communes et valorisées au sein de la pratique sportive. Elles constituent pourtant des conditions pour l’oppression et la violence. Il n’est donc pas surprenant de voir qu’il existe un certain « code du silence » entourant la victimisation découlant, en quelque sorte, de cette culture de dépendance et d’obéissance des jeunes sportifs envers l’entraîneur.

Une responsabilité partagée

À la lumière de ces propos, il est évident que nous avons tous une responsabilité et que nous faisons tous partie du problème – et de la solution – face à la violence sexuelle dans le sport. Premièrement, les administrateurs des organisations et clubs sportifs devraient : (a) annoncer et afficher publiquement et à la vue de leurs membres l’importance qu’ils accordent à des environnements sains et sécuritaires; (b) instaurer un processus de sélection robuste notamment basé sur des critères et attentes afin de recruter des individus de confiance (p. ex. entrevue de sélection, filtrage des bénévoles, prise de références, vérification des antécédents judiciaires, demande de déclaration volontaire, etc.); (c) cesser de prioriser le « savoir-faire » des individus et leur palmarès reluisant pour aussi considérer le « savoir-être » de ces derniers; et (d) développer les connaissances de leurs jeunes sportifs afin qu’ils soient capables d’identifier les bonnes et les mauvaises pratiques des intervenants qui les côtoient.

Deuxièmement, les parents : (a) ont la responsabilité d’être présents dans l’environnement sportif de leurs enfants; (b) doivent s’intéresser à ceux et celles qui encadrent et développent leurs enfants (p. ex. prendre le temps de discuter avec les entraîneurs et les administrateurs, connaître l’entourage et l’environnement); (c) doivent – s’ils sont témoins – demander de l’aide ou signaler toute situation problématique; et (d) doivent être à l’écoute des signaux provenant de leur enfant (p. ex. perte de plaisir, perte de motivation, désintérêt au sport et/ou abandon, isolement, changements de comportements, etc.). À cet égard, nous vous invitons à visionner cette courte vidéo traitant de l’importance comme parent d’écouter nos jeunes sportifs.

Enfin, prenons le temps de rappeler qu’il est important que nos jeunes sportifs demandent de l’aide et ce, qu’ils soient victimes ou témoins. D’ailleurs, si le club ou l’organisation affiche ouvertement que des mesures strictes sont mises en place pour le bien-être de leurs jeunes athlètes et que cette culture est réellement prodiguée, les victimes ou témoins de violence sexuelle – ou autre type de violence – n’hésiteront pas à demander de l’aide car ils sauront que leur organisation les écoutera et les supportera.

J.T.

(…) nous avons tous une responsabilité et que nous faisons tous partie du problème – et de la solution – face à la violence sexuelle dans le sport.

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