Le présent blogue, premier d’une série de deux, trouve son origine dans l’implantation de la Politique de protection de l’intégrité en milieux sportifs lancée le 1er février 2021. Après plus d’un an d’existence, l’équipe de Sport’Aide jugeait pertinent d’aborder les réactions et les comportements des diverses parties prenantes, en lien avec l’instauration de cet outil mis à la disposition de la communauté sportive québécoise.
Vous êtes entraineureur.e, parent, bénévole, sportif.ve, administrateur.trice, etc.?
Peu importe votre statut au sein de votre organisation ou fédération sportive, il est possible qu’un jour vous soyez contacté.e par l’Officier aux plaintes ou un.e membre d’un comité d’intégrité vous avisant qu’une plainte vous concernant a été déposée. Il est fort probable qu’après le choc de cette annonce, un millier de questions et d’émotions vous envahissent. Voici donc un blogue destiné à vous aider à naviguer à travers cette annonce.
D’emblée, sachez que cette réaction serait tout à fait normale. Beaucoup peuvent n’avoir jamais réellement entendu parler de la politique, règles et procédures en matière de protection de l’intégrité qui fût instaurée au printemps 2021. Qui plus est, ils ne savent pas exactement que cette politique a permis d’adopter un nouveau processus de traitement des plaintes indépendant qui s’applique à tous les sports fédérés au Québec. Donc, c’est possiblement la première fois que vous vous retrouvez dans une situation de la sorte (vide de l’inconnu); il vous est difficile d’évaluer les impacts que tout cela pourrait avoir sur vous (l’impression de se sentir menacée); et ne savez pas ce que vous pouvez faire dans le contexte (manque de contrôle). Ainsi rassemblés, ces éléments contribuent fort probablement à vous créer beaucoup d’anxiété.
Comment surmonter ce sentiment qui vous habite? Eh bien sachez d’abord que vous pouvez contacter Sport’Aide pour vous exprimer en toute confidentialité et sans jugement, vous permettant ainsi d’être accompagné.e durant ce processus qui peut s’étaler sur quelques semaines.
Faire cesser les comportements répréhensibles
Mais tentons tout d’abord de revenir à la base de la situation. Le but premier d’une plainte est de signifier à une personne que certains comportements ou absence de comportement (dans le cas de négligence par omission), sont jugés problématiques ou inacceptables en créant des conséquences néfastes ou des préjudices chez la(les) personne(s) victime(s) de la situation. Le premier obstacle lorsque l’on est ciblé.e par une plainte est d’essayer de ne pas prendre le tout comme une attaque et, conséquemment, comme une menace. Bien qu’à la fin d’un processus complet menant jusqu’à un comité d’intégrité, celui-ci peut effectivement recommander une sanction allant de la réprimande (un avertissement) jusqu’à l’expulsion. À cet égard, il importe de rappeler que le but de la politique consiste à faire cesser les comportements d’abus, de violences, d’harcèlements ou de négligences. Cela ne veut pas dire que vous êtes accusé.e d’avoir délibérément et consciemment agi de la sorte dans une intention malveillante, pas plus que cela ne vise votre personne dans sa globalité et vous enlève toutes vos qualités et vos accomplissements antérieurs.
De plus, ce n’est pas parce qu’à ce stade-ci l’Officier aux plaintes ait décidé de retenir la plainte, puisque jugée recevable, que vous êtes de facto considéré.e coupable. Souvent, dans une telle situation, il peut arriver que votre égo se retrouve fortement confronté craignant ce que les gens pourraient penser ou que cela puisse menacer votre carrière, votre passion et/ou votre réputation. La réaction naturelle lorsque l’on perçoit le tout comme une menace sera donc un mécanisme de défense. Pour certain.e.s, cela peut passer par le déni en refusant ne serait-ce que d’envisager que cela soit possible, puisque leurs intentions ont toujours été bonnes et nobles. D’autant que vous estimez probablement aussi qu’il existe de nombreux.ses athlètes (ancien.ne.s ou actuel.le.s) et parents qui voudraient confirmer votre souci du bien-être de vos protégé.e.s ou de vos coéquipier.ère.s tout en soulignant vos compétences d’entraineur.e ou de coéquipier.ère.
Convaincu.e de votre sans fautes, vous dites possiblement la vérité, mais cela ne veut pas dire qu’il est impossible dans un contexte X d’avoir mal agi ou réagi – vous êtes humain.e après tout – ou encore d’avoir eu des paroles ou des comportements qui ont été perçus ou reçus autrement par la personne indépendamment de vos intentions initiales. Il faut se rappeler que beaucoup de situations problématiques peuvent avoir été causées essentiellement par un manque, une absence ou une mauvaise communication. Dans ces cas, comme le prévoit la politique et si les deux parties y consentent, il est possible d’avoir accès à un processus de médiation pour parvenir à ouvrir un dialogue avec l’aide d’un.e médiateur.trice indépendant.e. Le tout dans le but d’essayer d’arriver à une entente qui conviendra aux deux parties, après que chacun ait eu l’occasion d’exprimer sa vision de la situation problématique et surtout après avoir exploré ensemble des solutions qui mettront fin aux préjudices vécues ou perçues de part et d’autres.
Hormis le temps requis et quelques efforts de communication, vous n’avez rien à perdre à tenter l’expérience puisqu’advenant le cas où la médiation échoue, rien de ce qui aura été dit durant celle-ci ne pourrait être utilisé contre vous advenant que le processus doive se poursuivre via l’audition devant le comité d’intégrité.
Le but de cette audition étant de permettre à chaque partie de pouvoir être entendue dans un cadre neutre pour exprimer sa perception de la situation considérée problématique, le tout en s’assurant que les droits de tou.te.s soient respectés selon les principes de justice naturelle. Ce qui est dit précisément est et restera confidentiel dans les limites prévues par la loi bien entendu. L’information que vous ou des témoins partagerez servira aux trois membres du comité d’intégrité pour évaluer si, objectivement, les comportements reprochés sont considérés inadéquats et préjudiciables et, auquel cas, ce qui devrait être fait pour réparer si possible les torts causés et s’assurer que cela ne se reproduise plus. C’est d’ailleurs pourquoi les sanctions dites réparatrices (ex. lettres d’excuses) ou éducatives (ex. suivre une formation en lien avec le comportement problématique) sont souvent privilégiées par les comités d’intégrité lorsqu’applicables.
Donc, une personne qui est en mesure de mettre ses peurs de côté face au processus en se montrant ouverte à comprendre ce qu’elle a pu faire ou dire pour qu’une personne en vienne à porter plainte pourra tirer des apprentissages faisant d’elle un.e meilleur.e entraineur.e ou coéquipier.ère et aussi tirer du positif d’une expérience qu’elle jugeait à priori fortement négative.
NOTES
* Officier aux plaintes : Étant complètement indépendant des organisations sportives, son rôle est de recevoir les plaintes d’abus, de harcèlement, de négligence ou de violence en vertu de la politique d’intégrité. Aussi, il voit à offrir son soutien au plaignant et à juger de la recevabilité de la plainte.
* Comité de l’intégrité : Composé de 3 personnes indépendantes sélectionnées par l’Officier aux plaintes, son rôle est de procéder au traitement de la plainte via une procédure d’audition indépendante et impartiale et d’offrir ses conclusions et recommandations sur la situation.