Lettre à la petite Geneviève

NDLR : Geneviève Jeanson est une cycliste québécoise ayant fait carrière en vélo de route

Chère Geneviève,

 Je tiens à t’écrire ces quelques mots pour te parler.  Question de te conseiller et, t’en fais pas, surtout pas te faire la leçon. En fait, à ton âge, il aurait fallu que quelqu’un me dise ces choses-là.

Toute jeune, il y a plusieurs années, j’ai pratiqué un sport que j’adorais à mes débuts. Le vélo. Les premières années, je pédalais, je pédalais et je pédalais encore.  Simplement parce que j’aimais cette sensation que me procurait chaque sortie… même quand il pleuvait ou il ventait 😉 Avec le mois de septembre qui débute, je ne peux que me souvenir de ce bon temps.  L’arrivée de l’automne, la fin de la saison et ces dernières randos, l’air plus frais du matin, ces montées qui activent nos pulsations… et les trous et crevasses qui gardent nos réflexes en éveil.  J’aimais tellement monter mon vélo que, tranquillement, je me suis tournée vers les compétitions où j’ai rapidement confirmé un certain talent.  Bref, la voie s’ouvrait pour moi… avec tous les rêves que la réussite peut laisser miroiter.

 «Fais-toi confiance»

J’avais encore du plaisir, mais tranquillement ma passion a pris un autre sens, en raison des obligations et des pressions qui s’imposaient soudainement.  Parce que comme tu le sais, lorsque l’on se démarque jeune dans un sport, on nous place rapidement sur un piédestal où l’on peut facilement être exposé à des envies, des projets ou des tentations qui ne sont pas toujours indiqués pour soi.   C’est à ce moment précis où je veux t’inviter à la prudence.  Tu verras, tu seras tentée de dévier de tes valeurs et de tes choix personnels, simplement parce que tu voudras écouter ceux qui t’entourent alors qu’ils ne te feront voir que les bons côtés de la gloire, des podiums, des médailles et de la victoire à tout prix.  Si tu n’es pas prudente, tu pourrais même en venir à privilégier la performance coûte que coûte et à t’imposer certaines choses… simplement parce que l’on t’aura convaincue que c’est ce que tu dois faire, car selon ton entourage c’est ce qu’il y a de mieux pour toi.  Je te le dis Geneviève, fais-toi confiance et fais TES propres choix.  Crois en toi et questionne-toi.  Et surtout, n’oublies pas d’éprouver d’abord du plaisir.  Avoir du plaisir, ça ne t’empêchera jamais de performer.  Au contraire!

Quand j’y repense, après toutes ces années, le plaisir c’est tout ce qui doit compter.  Chaque jour. Si non, à quoi bon bouffer de l’asphalte? Si tu pleures le soir, que tu n’es pas heureuse ou que tu as peur, ce n’est pas normal.  Quoi que l’on te dise.  Aucune victoire, aucun trophée ne devrait porter atteinte à ton envie et ton plaisir de t’amuser ou de pédaler.  Si tu n’as plus envie de faire ce que tu aimes, ce n’est pas normal Geneviève. Tu dois en parler et demander de l’aide.  Si on t’isole et que tu te sens seule, ce n’est pas normal.  Tu dois avoir des allié∙e∙s et des ami∙e∙s à qui parler et faire confiance. Si tu as peur de parler de ce que tu vis à tes parents ou à tes proches, ce n’est pas normal… même si on n’a pas toujours envie de se confier à ses parents.  Si ton entraîneur∙e te demande de dépasser certaines limites ou te demande de faire des choses que tu ne te sens pas à l’aise de faire, ce n’est pas normal et ce n’est SURTOUT pas bon pour toi. Ton entraîneur∙e doit te respecter et demeurer ton entraîneur∙e, pas plus. Et ce, même s’il∙elle tente de te convaincre que sans lui∙elle tu n’es rien et ne réussiras rien.

«J’aurais dû demander de l’aide»

C’est important que tu te respectes et que tu te sentes bien.  Tout le temps! Si t’as une boule dans l’estomac, le cœur lourd ou l’esprit embrouillé, ce n’est pas normal.  Crois-moi Geneviève, rien de tout ça n’est normal.  Je peux t’en parler, car je l’ai malheureusement vécu pour les mauvaises raisons. Ça et cette maudite obsession de gagner. J’ai fait confiance. J’en étais même venue à accepter et, pire encore, penser que tout ça était acceptable. On te dira peut-être que j’ai fait de mauvais choix.  Oui, c’est vrai.  Mais quelle autre solution avais-je? J’étais seule. J’avais peur que personne ne me croit et j’avais aussi peur de tout perdre. J’avais tellement peur de tout et de perdre mon entraîneur que j’en étais même venu à me souhaiter un accident à vélo! Bref, j’aurais dû demander de l’aide, mais j’étais enfermée dans une coquille et c’était devenu impossible pour moi de me confier en toute quiétude.

 Aujourd’hui, avec le recul, je sais que je n’ai pas emprunté le bon parcours… tout simplement parce que mes motivations d’alors n’auraient pas dû être celles de mon entourage.  Des années plus tard, j’en paie encore le prix et c’est pour cette raison que je voulais t’écrire. J’aurais aimé que l’on me parle de ces choses-là plus jeune. Je le sais ce que tu pourrais vivre et ressentir Geneviève si tu t’oublies.  Tu dois te faire confiance et tu ne dois pas avoir peur.

 Si tu vis quelque chose de difficile et que le plaisir n’est plus au rendez-vous, tu dois demander de l’aide et ne pas avoir honte. NOUS te croirons.  Je te le dis Geneviève, les choses peuvent changer. La passion pour ton sport doit demeurer ton seul carburant.

N’oublie pas Geneviève, t’es jamais toute seule et MOI, je te crois.

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