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Depuis son entrée dans l’écosystème sportif québécois en 2018, Sport’Aide a entendu et rencontré des milliers de personnes confrontées, comme victime ou témoin, à diverses manifestations de violence. Qu’il s’agisse de négligence, de violence physique, psychologique ou sexuelle, ces personnes voient leur expérience ternie par des comportements que l’on accepte ou banalise malheureusement. Ainsi sacrifiés sur l’autel du sacrosaint sport, ces personnes se heurtent à une approche déshumanisante basée sur la performance et qui inspire la crainte, la méfiance et l’inaction.  

Soumises à des environnements où les pratiques sont parfois discutables, voire abusives, qui sont ces personnes qui finissent par être au service du système sportif alors que c’est à ce dernier qu’il revient d’assurer leur épanouissement et leur sécurité? Pour répondre à cette question, nous nous sommes penchés sur des récits partagés au fil des années afin de donner vie à des profils représentatifs, soit les personas ci-dessous.  Voici donc Amine, Caroline, Luc et Marie, ces personas qui cristallisent les responsabilités et conditions à assurer pour ouvrir le chemin auquel nos acteur.trice.s du milieu sportif sont légitimement en droit de s’attendre.

L’histoire de Luc

Le poids des grandes responsabilités
Viens découvrir l’histoire complète de Luc !

L’histoire de Luc : Le poids des grandes responsabilités

Chapitre 1 — Une inquiétude qui grandit

Luc vient d’être nommé directeur général d’un club sportif de renom. Enthousiaste à l’idée d’apporter un souffle nouveau à l’organisation, il se sent prêt à relever le défi. Pourtant, à peine quelques semaines après son arrivée, une conversation avec un entraîneur adjoint sème le doute dans son esprit. Celui-ci exprime un malaise croissant face à la proximité entre l’entraîneur-chef de l’équipe et une jeune athlète.

L’adjoint, visiblement inconfortable, décrit plusieurs situations qui lui semblent franchir une ligne : des échanges fréquents à des heures tardives sur les réseaux sociaux, des textos pour assurer une heure de coucher raisonnable pour l’athlète ou des discussions extensives sur des sujets très variés entre les entraînements. Une rumeur suggère aussi des week-ends passés au chalet de la famille de l’athlète ou des gestes d’affection qui se prolongent au-delà des compétitions. Plus troublant encore, l’entraîneur semble alterner entre des privilèges accordés à la jeune athlète et des exigences excessives, comme pour masquer un certain favoritisme. Luc sait que ces comportements ne peuvent être ignorés. Ils correspondent aux signaux d’alerte d’un processus de grooming, un mécanisme insidieux par lequel une figure d’autorité gagne progressivement la confiance d’une personne vulnérable.

Luc ressent une tension immédiate. Il sait que cet entraîneur est une figure emblématique du club, apprécié des athlètes, des parents et du conseil d’administration. Plus d’une fois, on lui a vanté son engagement et sa proximité avec ses joueur.se.s, qualifiant son approche de « chaleureuse et humaine ». Mais peut-il encore considérer ces remarques comme anodines ?

Chapitre 2 — Des loyautés contradictoires 

Les jours passent, et Luc se sent pris entre plusieurs formes de loyauté qui le tiraillent. Il veut protéger les jeunes athlètes, garantir leur bien-être et prévenir toute situation à risque. Cela dit, il ne peut ignorer les conséquences potentielles d’une intervention mal perçue. Un scandale affecterait la réputation et, potentiellement, le financement du club, un élément essentiel à son bon fonctionnement. Si des commanditaires se retirent, ce sont tous·tes les jeunes qui en paieraient le prix et Luc refuse d’être la cause d’un tel effondrement.

Par ailleurs, il ressent aussi une certaine loyauté envers l’entraîneur-chef. Ce dernier est une figure centrale du club, respectée et admirée. Luc ne veut pas lui nuire injustement ni émettre des accusations sans preuve formelle. Il est également conscient de son rôle d’employeur : il a une responsabilité légale et éthique face aux agissements de ses employé·e·s et il doit s’assurer que le cadre de travail respecte des normes précises. Entre son devoir de vigilance et la nécessité d’être juste, il hésite encore.

Enfin, une troisième forme de loyauté pèse sur lui : celle qu’il doit à lui-même. Luc est arrivé dans ce club avec la volonté de moderniser certaines pratiques et d’apporter un regard nouveau. Il a des valeurs profondes en lien avec l’éthique sportive et il sait que fermer les yeux irait à l’encontre de ce qui l’a amené à accepter ce poste. Il doit aussi composer avec la réalité d’un environnement qui ne change pas en un jour.

Les doutes s’accumulent. A-t-il assez d’éléments pour agir ? Et s’il se trompe ? Par crainte de se précipiter, il entreprend une démarche discrète : sonder des membres du club avec qui il entretient de bonnes relations, recueillir des avis et valider certaines informations. Cette prudence l’expose aussi à des risques. Discuter de la situation de manière informelle peut entraîner des accusations de diffamation et d’atteinte à la réputation.

Luc sait qu’il doit trouver un cadre d’action clair, un appui extérieur capable de lui offrir un éclairage sans biais ni influence politique. C’est ainsi qu’après quelques recherches, il tombe sur Sport’Aide.

Chapitre 3 — Une voix qui guide face aux incertitudes

Le soir même, après une nouvelle journée marquée par l’incertitude, Luc compose le numéro de la ligne d’aide. À l’autre bout du fil, une intervenante nommée Laurie l’accueille d’une voix posée et bienveillante. Après quelques échanges, elle l’invite à décrire son malaise, à son rythme.

Laurie procède en plusieurs étapes : d’abord, une écoute active, validant les émotions de Luc, sa peur de mal faire, son désir de bien agir sans mettre le club en péril. Puis, elle l’aide à verbaliser ses doutes, à structurer ses préoccupations pour mieux comprendre les enjeux présents.

Elle lui explique ensuite un concept fondamental : la transgression des limites. Contrairement aux cas avérés d’abus, ces comportements existent dans une zone grise, rendant leur gestion délicate. Pourtant, ils ne doivent pas être banalisés afin d’assurer la sécurité de tous·te·s les membres impliqué·e·s dans le sport. Laurie le sensibilise au fait que les transgressions des limites font souvent partie du processus de grooming. Afin de bien guider Luc, Laurie lui explique que le Code de conduite universel pour prévenir et contrer la maltraitance dans le sport (CCUMS) reconnaît toutefois qu’il peut être nécessaire de faire preuve de souplesse dans la manière dont les situations de transgression des limites sont prises en charge et discutées.

Enfin, avec Luc, elle explore des solutions concrètes : Comment aborder le sujet avec l’entraîneur sans créer un affrontement direct ? Comment instaurer des règles claires au sein du club, comme renforcer l’application de la Règle de deux (c.-à-d. éviter qu’un·e entraîneur·e soit seul·e avec un·e athlète) ? Comment sensibiliser les athlètes eux·elles-mêmes à reconnaître les comportements inappropriés ?

Luc raccroche en ressentant, pour la première fois depuis plusieurs jours, un certain apaisement. Il n’a pas encore toutes les réponses, mais il sait désormais comment structurer son action.

Chapitre 4 — Semer la sécurité pour récolter le changement

Fort de cette nouvelle compréhension, Luc prépare une rencontre avec l’entraîneur-chef. Plutôt que de l’accuser et de le mettre sur la défensive, il opte pour une approche fondée sur le dialogue : il expose ses préoccupations et insiste sur l’importance d’un cadre sécuritaire pour tous·tes. Pour appuyer ses préoccupations, il rappelle les lignes directrices du CCUMS.

Loin d’être un affrontement, la discussion permet de poser des bases claires. L’entraîneur, d’abord sur la réserve, semble comprendre qu’il ne s’agit pas de l’accuser, mais de prévenir tout risque futur. Avec le temps, le club met en place des mesures plus rigoureuses : un atelier Sport’Aide obligatoire sur les comportements à risque, des sondages anonymes auprès des athlètes et une vigilance accrue sur le respect des limites professionnelles.

Luc réalise alors quelque chose d’essentiel : en tant que gestionnaire, sa mission n’est pas seulement d’assurer le succès sportif du club, mais aussi d’en garantir l’intégrité. Paradoxalement, la meilleure manière de protéger l’organisation à long terme est d’agir rapidement dès qu’un doute apparaît.

Conclusion

L’histoire de Luc met en lumière les dilemmes auxquels sont confrontés des gestionnaires sportif·ve·s face aux transgressions des limites. Elle illustre aussi l’importance des ressources comme Sport’Aide, qui permettent d’offrir un espace de réflexion et d’action structuré.

Parce qu’au-delà des enjeux financiers ou politiques, ce sont avant tout les athlètes et la santé de leur environnement qui doivent primer.

L’histoire de Marie

Le prix invisible de la performance
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L’histoire de Marie : Le prix invisible de la performance

Chapitre 1 La passion mise à l’épreuve

Marie est une entraîneure passionnée. Depuis son premier jour sur un terrain, elle a toujours cru en la puissance du sport pour transformer des vies. Elle veut que ses athlètes, ces jeunes en quête d’accomplissement, trouvent sur le terrain une deuxième maison, un endroit où grandir, s’épanouir et rêver.

Mais dans le club où elle travaille, la performance est reine. « Je ne veux pas savoir comment, mais il faut gagner le prochain match », lui dit souvent le directeur, dans un effort pour rappeler les attentes du club. Marie, qui au départ proposait des activités pour renforcer la cohésion de son équipe ou des ateliers sur la gestion du stress, voit ces idées systématiquement mises de côté au profit de plus d’entraînements. Le message est clair : tout est orienté vers les résultats.

Avec le temps, Marie cède aux attentes du club. Elle pousse ses athlètes à répéter inlassablement des tactiques lors des pratiques. Elle augmente les temps de jeu pour les meilleur·e·s et demande aux autres de rester sur le banc lors des moments décisifs. Chaque victoire est accueillie avec enthousiasme, mais quelque chose se brise. Les sourires s’effacent, les tensions montent, et Marie commence à percevoir une lassitude chez ses athlètes, qui craignent de décevoir.

Chapitre 2 Un système qui épuise

Marie, elle aussi, ressent le poids de ce système. Dans plusieurs réunions avec la direction, on lui rappelle subtilement que ses efforts doivent avant tout servir les résultats immédiats. Elle essaie de plaider pour un climat d’équipe plus sain, mais ses suggestions sont souvent reportées à plus tard, après les échéances cruciales.

Son stress grandit. Les tensions avec certains parents, qui veulent ce qu’il y a de mieux pour leurs enfants, viennent s’ajouter à la pression ambiante. Marie commence à réagir impulsivement lors des entraînements. Elle corrige parfois sèchement des erreurs ou fait des remarques qu’elle regrette plus tard. Elle sent que sa relation avec ses athlètes se dégrade lentement.

Une soirée, seule chez elle, Marie se pose et réfléchit. Elle commence à s’interroger sur son travail. Elle aime son métier, mais à quoi bon si cela va à l’encontre de ses valeurs fondamentales ? Elle sent que la pression collective du système la pousse dans une direction qui ne lui correspond pas.

Chapitre 3 Une voix qui résonne face à des repères ébranlés

Un matin, après un entraînement particulièrement difficile, une collègue lui parle discrètement de Sport’Aide. Elle lui tend un dépliant, en ajoutant : « C’est une ligne d’aide. Ils m’ont aidé l’an dernier. Peut-être qu’ils pourraient t’aider toi aussi. »

Marie hésite quelques jours, puis finit par composer le numéro. L’appel est décisif. La voix de Marc, à l’autre bout du fil, est calme, rassurante. Marc écoute activement Marie sans l’interrompre, sans la juger. Marie parle de tout : de ses doutes, de ses échecs, de cette culture du club qui l’étouffe. Marc reconnaît et légitime ses émotions, qu’elle avait du mal à exprimer jusqu’ici. 

« Vous avez l’impression d’être en train de trahir vos valeurs, non ? », lui dit l’intervenant. Cette phrase résonne en elle. Pour la première fois depuis des mois, Marie se sent comprise. Marc explore avec elle les causes profondes de son malaise et l’aide à envisager des solutions concrètes.

Ensemble, ils discutent de stratégies et de pistes adaptées à sa capacité d’action : Comment ouvrir un dialogue constructif avec la direction ? Comment reconstruire des relations plus positives avec son équipe ? Et surtout, comment prendre soin de sa propre santé mentale ? L’intervenant valorise également ses compétences, l’encourageant à voir tout ce qu’elle a accompli malgré les obstacles.

Chapitre 4 Une quête vers l’équilibre : un geste à la fois

Les semaines suivantes, Marie applique progressivement ce qu’elle a appris. Elle organise une rencontre avec la direction pour leur expliquer l’importance des activités de cohésion d’équipe. Elle propose des exemples concrets, soutenus par les informations transmises par Sport’Aide. À sa grande surprise, le directeur, bien que sceptique au départ, montre de l’ouverture à ses idées.

Marie commence aussi à interagir différemment avec ses athlètes. Lors d’un entraînement, alors qu’une joueuse manque un tir décisif, elle l’encourage au lieu de la corriger sèchement. Elle prend le temps de discuter avec elle et de lui donner des conseils personnalisés. La joueuse repart sur le terrain avec une énergie renouvelée, et Marie y voit une première victoire.

Peu à peu, l’équipe retrouve son équilibre. Marie, elle, se redécouvre. Elle sait que le chemin est encore long, mais elle sent que ses valeurs reprennent leur place.

Conclusion

L’histoire de Marie montre qu’il est possible de briser la spirale de la pression et de retrouver un équilibre entre performance et bien-être. Parfois, tout commence par un appel, par cette écoute attentive qui ouvre une porte quand on pensait qu’il n’y en avait plus.

L’histoire d’Amine 

Nager entre les lignes
Infographie à venir !
Viens découvrir l’histoire complète d’Amine !

L’histoire d’Amine : Nager entre les lignes

Chapitre 1 — Une rivalité qui change de nature

Amine a dix-sept ans et nage depuis toujours. C’est un athlète investi et passionné, qui a toujours cru que la compétition pouvait être saine, même stimulante. Depuis quelques années, il partage son couloir d’entraînement avec William, un coéquipier avec qui il entretient une rivalité soutenue, mais constructive : ils se spécialisent dans la même nage et cette proximité les pousse à se dépasser.

Mais cette saison, quelque chose a changé. Depuis que le père de William a été nommé au sein du personnel d’entraîneur·e·s, la dynamique entre les deux jeunes s’est transformée. Amine a remarqué une tension. Les commentaires de William sont devenus plus mordants, parfois même humiliants. Lors d’un entraînement, après l’avoir devancé de peu, William lui a lancé, à voix haute: « Tu retrouves enfin la place qui te revient, mon petit papillon. »

Amine a tenté d’ignorer la remarque, mais ce n’était pas un incident isolé. Dans le groupe de discussion de l’équipe, une photo de lui, prise dans le vestiaire sans son consentement, a été partagée à la « blague ». On le voit dans une posture peu flatteuse, et la photo est accompagnée de commentaires à connotation sexuelle. Certains vont jusqu’à insinuer des choses sur son orientation, glissant des remarques comme : « On sait bien que tu rembourres ton speedo pour attirer l’attention des gars. »

D’autres coéquipier·ère·s, sans intervenir directement, commencent à le contourner, à l’ignorer. Un effet de groupe s’installe. Il se sent mis à l’écart. Ce qui le trouble le plus, c’est de constater que ces comportements se produisent parfois en présence des entraîneur·e·s qui demeurent passif·ve·s.

Amine commence alors à douter. Peut-être que ces blagues sont normales, après tout. Peut-être que cette tension fait partie du sport de haut niveau. Les entraîneur·e·s ne semblent pas s’en formaliser. Il se surprend à se dire que s’il n’arrive pas à performer dans ces conditions, c’est peut-être qu’il n’a tout simplement pas le caractère nécessaire pour évoluer à ce niveau.

Pour faire face à ce qu’il croit être une faiblesse personnelle, Amine songe à consulter un·e consultant·e en préparation mentale. Il en a entendu parler, il comprend l’intérêt de développer sa résilience psychologique. Toutefois, il sait aussi que les délais sont souvent longs pour accéder aux services. C’est alors qu’il se souvient d’une publication croisée sur les réseaux sociaux : le service Holistik, de Sport’Aide. C’est un service offert pour faciliter l’accès à des consultant·e·s en préparation mentale. Il songe à contacter Sport’Aide pour avoir plus d’informations, mais se laisse le temps pour y réfléchir. 

Chapitre 2 — Se replier sur soi, chercher une sortie

Les jours suivants, Amine continue de s’entraîner, mais sans le cœur qu’il y mettait auparavant. Il traverse les couloirs avec la seule intention d’en finir, de cocher la case de la séance du jour. Il évite les vestiaires trop peuplés. Il se tient à distance.

Il ne parle pas de ce qu’il vit à ses parents. Il se replie, même auprès de ses ami·e·s hors du sport. À la maison, il est plus irritable. Le soir, le sommeil devient difficile. Les images de la journée reviennent en boucle, les mots blessants aussi. Il repense aux entraîneur·e·s, à leur silence. Il se demande s’il a mal compris; sûrement, il « overreact », comme lui dirait ses ami·e·s.

Il en vient à cette conclusion étrange, mais de plus en plus solide dans son esprit : ce n’est peut-être pas les autres le problème. C’est peut-être lui. C’est peut-être lui qui n’est pas assez fort mentalement.

Chapitre 3 — Un premier appel : briser le silence

Il compose le numéro de Sport’Aide. Une voix calme et posée lui répond. C’est Rose-Marie.

Elle prend le temps de l’écouter. Il lui dit, un peu maladroitement, qu’il cherche à « devenir plus fort mentalement ». Elle ne se précipite pas. Elle lui demande ce qui l’amène à cette conclusion, ce qu’il vit exactement. Petit à petit, à travers les questions ouvertes qu’elle lui pose, Amine met des mots sur sa réalité.

Il raconte la rivalité avec William. Les commentaires, la photo partagée, les silences autour. Il explique qu’il se sent seul, que plus ça avance, plus il se demande s’il n’est pas juste en train de tout dramatiser.

Rose-Marie l’écoute, puis reformule, avec délicatesse, mais clarté. Elle lui partage que ce qu’il vit ne semble pas relever d’une simple rivalité sportive. Elle l’invite à réfléchir à la distinction entre une pression normale en sport et des comportements qu’on peut associer à de la violence psychologique. Elle l’informe, sans imposer, sur les mécanismes de harcèlement dans le sport, les dynamiques de groupe et le rôle que peuvent jouer les adultes présents.

Amine se tait un instant. Puis il parle du reste. L’insomnie. Le retrait. La perte de plaisir. Il dit que ça lui donne envie d’arrêter. Rose-Marie l’accueille, sans minimiser. Elle lui dit que ces réactions sont normales dans un tel contexte. Que ce n’est pas dans sa tête. Que ces impacts sont réels et méritent d’être pris au sérieux. Elle l’interroge doucement sur ce qu’il serait prêt à faire. Amine lui répond qu’il ne se voit pas en parler à son entraîneur, encore moins porter plainte au club. Le père de William est dans l’équipe d’entraîneur·e·s. Il a peur que rien ne se passe, que la situation ne soit pas prise au sérieux et qu’elle ne soit pas gérée adéquatement. 

Rose-Marie lui explique alors qu’il existe un mécanisme indépendant : l’Officier des plaintes. Cette entité, extérieure au club, peut recevoir un signalement et juger de la recevabilité de la plainte de manière impartiale. Elle précise que même si ce mécanisme est le mieux placé pour gérer la situation de manière indépendante et professionnelle, c’est normal d’avoir des craintes. Amine reste prudent, méfiant. Il n’est pas prêt. Ils conviennent ensemble de se reparler.

Lorsqu’il raccroche, Amine n’a pas encore pris de décision, mais il sent qu’il n’est plus seul. Il a désormais des repères pour comprendre ce qu’il vit.

Chapitre 4 — Rester debout, même quand le courant est fort

Quelques jours passent. Amine continue de réfléchir à tout ce que Rose-Marie lui a partagé. Il se surprend à revivre certains moments de leur conversation dans sa tête : la façon dont elle avait nommé les choses sans juger, sa façon de valider ce qu’il ressentait.

Il repense aussi à ce qu’elle a dit sur le mécanisme indépendant. À la possibilité de porter plainte sans nécessairement passer par le club. Il doute encore, mais une partie de lui pense que ce serait peut-être une façon de se réapproprier un peu de contrôle et de ne pas laisser la situation lui glisser entre les doigts.

Il se sent prêt à en parler de nouveau, à faire un 2e appel.

Lorsqu’il rappelle, Rose-Marie prend de ses nouvelles avec la même attention. Il lui dit qu’il aimerait aller de l’avant. Qu’il ne sait pas exactement comment ça va se passer, mais qu’il veut au moins déposer une plainte. Elle prend le temps de lui rappeler les étapes, de répondre à ses questions. Elle lui explique comment préparer son dossier et à quoi s’attendre au fil du processus. Ce soutien, explicite et constant, apaise Amine. Il envoie sa plainte quelques jours plus tard.

Le soir même de l’envoi, une forme d’angoisse le rattrape. Un vertige. Maintenant que c’est fait, il a peur de ce qui va suivre. Il ne sait plus exactement qui sera mis au courant. Il craint de perdre le peu de contrôle qu’il sentait encore avoir sur la situation.

Il rappelle Rose-Marie pour une troisième fois.

Elle prend le temps de le rassurer, une étape à la fois. Elle lui décrit les délais possibles et les prochaines communications qu’il pourrait recevoir. Puis, elle s’arrête et lui demande simplement : Et toi, Amine, comment tu te sens, là, en ce moment ?

Cette question, si simple, le ramène à l’essentiel. Il se rend compte qu’il a besoin de parler, pas juste du processus, mais de ce qu’il vit. Il lui parle de son stress, de ses doutes, mais aussi de ce petit soulagement, d’avoir enfin agi.

Rose-Marie lui rappelle que son bien-être est aussi important que l’issue de la plainte. Que même si le processus suit son cours, lui, il peut continuer d’exister autrement que dans cette attente. Elle lui propose de réfléchir à des personnes de confiance dans son entourage qui pourraient devenir des repères pendant les prochaines semaines. Ensemble, ils identifient quelques figures possibles : un parent, un ami d’un autre sport, un professeur.

Pour la première fois depuis longtemps, Amine ne voit pas la situation uniquement comme un mur. Il commence à entrevoir la possibilité de traverser tout ça, accompagné.

Chapitre 5 — En eaux troubles, malgré le courage

Le dépôt de la plainte a marqué un tournant pour Amine. Pendant quelques jours, il a senti une sorte de fierté discrète, celle de ne pas rester passif. Il n’en a parlé à personne dans son entourage, mais intérieurement, il avait l’impression d’avoir fait la bonne chose.

Mais lorsque les recommandations de l’Officier aux plaintes sont transmises au club, l’énergie retombe. On l’informe que certaines mesures seront mises en place, mais dès les premiers signaux, il sent que les choses ne seront pas prises aussi sérieusement qu’il l’espérait. Les administrateur·rice·s du club lui font comprendre qu’ils auraient préféré qu’il s’adresse à eux pour gérer le tout à l’interne. Malgré tout, les sanctions proposées sont atténuées, interprétées de manière avantageuse pour William, le fils de l’entraîneur. Aucune reconnaissance claire du tort causé, encore moins des impacts sur Amine.

Il est écœuré. Il a envie d’abandonner. Il se demande à quoi bon traverser tout ça.

Il rappelle Sport’Aide. Un 4e appel.

Ce n’est pas une demande d’information. C’est un appel de colère, de déception. Rose-Marie le comprend tout de suite. Il lui raconte comment le club a traité les recommandations. Comment le comportement de William est minimisé, présenté comme de simples maladresses de jeunesse.

Rose-Marie l’écoute attentivement. Puis, elle lui rappelle, calmement, mais avec fermeté, qu’il a le droit de retourner vers l’Officier aux plaintes. Que ce mécanisme prévoit un suivi lorsqu’une organisation ne respecte pas ce qui a été proposé. Que même si l’Officier aux plaintes ne peut qu’émettre des recommandations au terme du processus d’évaluation d’un signalement, il revient dans ce cas-ci à la fédération et à l’organisation locale de les faire appliquer et qu’elles ne peuvent ni les détourner ni les interpréter à son détriment.

Elle prend soin de souligner qu’il n’est pas obligé de porter tout ça seul. Qu’il peut se permettre d’être fatigué, de ressentir ce qu’il ressent, mais aussi qu’il peut encore choisir de poursuivre, à son rythme, selon ses limites. Amine se sent soulagé de pouvoir se confier à une personne, malgré un sentiment d’impuissance et de découragement. À ce moment, il pensait abandonner les démarches et son sport, mais il a repris espoir en apprenant que l’Officier aux plaintes a la responsabilité de s’assurer du respect des recommandations. Bien que les résultats ne soient pas nécessairement ceux escomptés jusqu’à présent, Amine gagne confiance et prend conscience de l’importance d’agir pour faire changer les choses.  

Conclusion 

Amine ne sait pas encore ce qu’il décidera à long terme. Il continue à nager, plus lentement, mais avec plus de distance. Il observe le club, les dynamiques, les entraîneur·e·s, avec un œil plus lucide. Il n’a pas repris totalement confiance envers son milieu, mais il a retrouvé une confiance essentielle : celle de savoir qu’il peut agir pour se protéger. Qu’il peut demander de l’aide. Et surtout, qu’il y a des personnes qui peuvent l’écouter, le croire et l’accompagner, sans jugement.

L’histoire d’Amine n’est pas une ligne droite vers la résolution parfaite, mais elle illustre le pouvoir de quelques gestes bienveillants. D’un service qui répond. D’une intervenante qui prend le temps. Et d’un jeune qui, malgré la tempête, a su tracer sa propre trajectoire dans l’eau.

L’histoire de Caroline

La 12e joueuse, celle dans les gradins
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L’histoire de Caroline : La 12e joueuse, celle dans les gradins

Chapitre 1 — Une ambiance inquiétante dans les gradins 

Caroline est la mère d’un jeune joueur de soccer. Son fils vient d’être accepté dans un programme sport-études. Pour elle, c’est une belle opportunité : une activité qu’il aime, un environnement stimulant et une façon de développer des compétences utiles pour toute sa vie.

Elle n’a jamais fait de sport de compétition. Elle n’est donc pas très familière avec l’intensité qui accompagne parfois ce monde. Son conjoint, lui, a un tout autre regard : il a pratiqué du sport de haut niveau pendant plusieurs années et ce qu’elle observe autour du terrain ne le surprend pas. Quand elle lui parle de certains comportements, il les banalise. Il dit que c’est courant, que « ça fait partie du sport ».

Mais Caroline ne s’y fait pas.

Dès les premières semaines, elle remarque l’attitude de certains parents : contestation constante des décisions de l’arbitre; remise en question régulière des choix de l’entraîneur; blâme direct envers certains joueurs, souvent suivi de commentaires dénigrants à leur égard. Des parents parlent même d’ajouter des entraînements punitifs à la maison après de mauvaises performances. 

Caroline commence à en discuter avec d’autres parents avec qui elle a tissé des liens. Elle réalise qu’elle n’est pas la seule à ressentir un malaise. Plusieurs n’aiment pas que leurs enfants évoluent dans un climat aussi négatif… mais se sentent impuissants.

Elle décide alors d’aborder la situation avec l’entraîneur-chef.

Il l’écoute et reconnaît que certains parents sont effectivement très intenses. Il lui dit que l’équipe se sent un peu démunie. Pourtant, le code de conduite est envoyé à tous les parents en début de saison et tous l’ont signé. Cela n’empêche pas qu’une certaine proportion de parents continue d’adopter des comportements limites et inappropriés. Le désir de gagner à tout prix semble tout emporter; lors des matchs, les émotions fortes changent des parents.

Chapitre 2 — Le basculement : la goutte de trop

À la mi-saison, Caroline commence à remarquer des changements chez son fils. Il répète certaines expressions entendues de la bouche des autres parents. Il commence à blâmer ses coéquipiers après les défaites. Il devient plus agressif dans ses propos, plus tendu la veille d’un match. Caroline est préoccupée. Elle souhaite que le sport soit une expérience positive et enrichissante. Un espace pour grandir, apprendre de bonnes valeurs, créer de belles relations.

Puis survient un tournoi. Et là, la situation dégénère.

L’ambiance sur place est électrique. Dans le stationnement, tôt le matin, Caroline aperçoit des parents en train de consommer de l’alcool. D’autres en boivent pendant les matchs. Plusieurs dépassent largement les limites de ce qui devrait être acceptable.

Cette énergie est loin d’être positive dans les gradins. Certains parents y vont haut et fort avec des propos dénigrants comme « À voir leurs shapes on dirait plus des U11 que des U13, à moins que ce soit une équipe de filles ? », ou « Ils devraient commencer par leur apprendre à faire une passe et à courir tant qu’à y être », tous des commentaires dis à la blague, mais empreints de mépris pour l’adversaire. Plus la partie avance, plus l’attitude devient hostile, presque guerrière : les adversaires sont considérés comme des ennemis à abattre. Certaines réactions sont marquées par l’agressivité et même les parents de l’équipe adverse sont pris pour cible. 

Caroline est bouleversée. C’est à ce moment qu’elle se rappelle d’une affiche vue dans le centre sportif. Une affiche de Sport’Aide. Elle y avait lu qu’en cas de situation de violence en sport, il est possible de demander de l’aide. Intriguée, et surtout à bout de ressources, elle décide de faire le pas.

Chapitre 3 — De l’impuissance à l’influence

Elle compose le numéro de Sport’Aide.

Au bout du fil, Rosalye, une intervenante. Caroline lui décrit la situation en détail : les comportements observés chez certains parents de son équipe, les changements chez son fils, le malaise qui persiste depuis le début de la saison. Rosalye prend le temps d’écouter. Ensemble, elles identifient un premier besoin fondamental : celui d’être rassurée. Caroline veut comprendre si son malaise est justifié, si elle exagère.

Rosalye valide pleinement ses émotions. Non, ce qu’elle ressent n’est pas excessif. Oui, c’est normal d’être troublée par ce qu’elle a vu et entendu. Pour démontrer que les sentiments de Caroline ne sont pas excessifs, elles prennent le temps de revoir le code de conduite du parent, celui présenté en début de saison par l’équipe. Caroline reconnaît qu’il y a effectivement plusieurs infractions au code, mais elle ne souhaite pas faire une plainte officielle à son association régionale contre les 4 ou 5 parents concernés. Elle ne veut pas créer de conflit ou envenimer les choses.

Rosalye lui propose donc une approche plus subtile et plus stratégique qui répond mieux à sa capacité d’action.

Ensemble, elles analysent les actions que Caroline a déjà posées, pour évaluer le risque d’escalade. Avec Rosalye, Caroline se demande si ses réactions actuelles risquent d’envenimer la situation. En effet, lorsque Caroline ventile avec d’autres parents qui partagent son malaise, dénigre les fautif·ve·s ou participe à la création d’une clique de parents, elle prend la chance d’une escalade de la situation en accentuant le conflit. Caroline comprend qu’elle s’engageait peu à peu dans une dynamique qui pourrait devenir contre-productive.

À l’inverse, Rosalye l’amène à identifier ce qu’elle contrôle réellement. Rosalye lui parle donc d’une stratégie concrète et accessible pour Caroline : la pression positive par les pairs. Elle l’encourage à adopter des comportements positifs de façon délibérée et assumée, devant les autres parents — surtout ceux qui posent problème. Créer une ambiance différente en applaudissant les bons coups, en félicitant les jeunes peu importe le résultat et en saluant les parents adverses. Si elle réussit à le faire avec les parents qui partagent son malaise, cela peut générer un effet d’entraînement.

Elles discutent également de son fils. Rosalye lui suggère d’avoir une discussion ouverte avec lui. De nommer les comportements inappropriés, de l’aider à les reconnaître, de l’encourager à rester aligné avec ses valeurs. Parce qu’être témoin de ce type de situations, c’est aussi une occasion d’apprentissage.

Avant de conclure, Rosalye rappelle à Caroline une chose essentielle : si elle est témoin d’un geste de violence physique d’un parent envers un jeune, elle a la responsabilité légale de faire un signalement à la DPJ.

Enfin, elle lui propose deux guides pratiques, disponibles via Sport’Aide, et conçus pour renforcer la communication et favoriser un climat plus sain avec les parents. Elle l’invite à les transmettre aux entraîneur·e·s pour qu’ils·elles puissent mettre en place des activités de groupe avec les parents.

Chapitre 4 — Reprendre sa place

En raccrochant, Caroline ne se sent pas comme une spectatrice impuissante. Elle est rassurée. Ses préoccupations sont légitimes. 

Quand elle va dans un match, elle se sent comme la 12e  joueuse; son terrain de jeu, c’est les gradins. Elle se sent plus confiante quant aux actions qu’elle peut poser pour protéger son enfant et influencer positivement la dynamique de l’équipe. Elle réalise qu’elle peut agir sans alimenter les conflits, qu’elle peut contribuer à des changements, même modestes, mais durables.

Elle comprend qu’en tant que parent, même depuis les gradins, elle peut avoir un rôle actif à jouer.

Conclusion

L’histoire de Caroline nous rappelle que même depuis les gradins, les parents ont un rôle essentiel à jouer. En choisissant de s’impliquer autrement, de poser des gestes positifs et de rester fidèles à leurs valeurs, ils peuvent transformer l’environnement sportif de leurs enfants. Parfois, il suffit d’un regard lucide et d’une écoute bienveillante pour passer de l’impuissance à l’influence.

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