Crédit photo: Marc-André Donato, Photographe
Récemment de passage à Québec pour rencontrer des étudiants-athlètes de niveau collégial, Patrice Bernier en a profité pour s’arrêter aux bureaux de Sport’Aide pour nous y partager son parcours, les obstacles qu’il a rencontrés et le message qu’il adresse aux jeunes à titre d’Ambassadeur de l’esprit sportif.
Croire en ses rêves sans omettre la réalité
Bien que Patrice ait débuté sa pratique du sport à l’âge de 4 ans, ce n’est qu’à 14 ans qu’il a réellement cru au potentiel qu’il avait de devenir un athlète élite et possiblement de vivre un jour de sa passion… sans toutefois savoir dans quel sport il réaliserait son rêve. Patrice est un bel exemple d’athlète qui s’est développé dans une pratique multisport puisqu’en plus du soccer, l’ancien capitaine de l’Impact de Montréal s’est rendu jusqu’à la ligue de hockey junior majeure du Québec (LHJMQ). Mais avant d’en arriver là, plusieurs éléments ont fait la différence dans son parcours.
D’abord ses parents qui bien entendu ont joué un rôle important dans son développement d’athlète. « Comme de nombreux parents, les miens m’ont inscrit tôt dans le sport, car j’avais déjà beaucoup d’énergie à dépenser et à canaliser positivement », débute Patrice. « Mes parents, qui ont immigré d’Haïti, m’ont toujours encouragé à m’épanouir dans le sport. Et malgré mon talent naturel, ou le fait que mon père était un grand partisan de hockey, mes parents ne m’ont jamais imposé de pression afin que j’opte pour un sport en particulier… et encore moins pour que je vise à tout prix une carrière comme athlète professionnel », ajoute Patrice qui est lui-même père de trois enfants.
Patrice est catégorique : ces décisions ont toujours été les siennes et ses parents l’ont toujours respecté et encouragé. « C’est à 18 ans que j’ai pris la décision d’opter pour le soccer, et ce, malgré une période où le Québec suscitait beaucoup l’intérêt des dépisteurs de la LNH avec les Vincent Lecavalier, Brad Richard, Marc Denis, Alex Tanguay, Simon Gagné et Mike Ribeiro qui faisaient alors la pluie et le beau temps dans la LHJMQ. D’un autre côté, les jeunes de soccer professionnel québécois se comptaient sur une main, et encore plus rares ceux qui réussissaient à traverser l’océan Atlantique pour y rejoindre les ligues européennes… sans oublier le parti pris de mon père pour le hockey », rappelle Patrice.
Faisant fi de ces réalités, Patrice a donc décidé de suivre sa passion et son rêve pour le soccer. Nous connaissons la suite, une carrière professionnelle de près de 20 ans dont presque la moitié dans les ligues européennes. Néanmoins, bien qu’il estime essentiel de croire en ses rêves, Patrice tient à être réaliste avec les jeunes qu’il rencontre. « Au niveau professionnel, il y a beaucoup d’appelés mais peu d’élus et c’est pourquoi il faut travailler très fort avec persévérance et passion afin d’optimiser nos chances d’atteindre nos rêves. Aussi le succès pour se rendre au niveau élite ne consiste pas à amasser les trophées, titres et médailles, mais bien de surmonter les obstacles sans abandonner », précise Patrice.
L’enjeu de l’intégration sportive et le développement humain
Pour Patrice, le sport, au-delà des performances sportives, est d’abord un excellent moyen de se développer sur le plan humain puisqu’il favorise la transmission des valeurs comme, par exemple, l’ouverture sur les autres et l’intégration. D’origine haïtienne, Patrice a d’ailleurs souvent dû composer avec la réalité de représenter une minorité, particulièrement au hockey. « Comme bien d’autres avant moi, j’ai été victime de comportements discriminatoires, de commentaires racistes ou de faux compliments du genre : Finalement, tu es meilleur que je pensais pour un… ».
À l’inverse, son parcours lui a permis de croiser quelqu’un qui lui a indiqué la route à suivre lorsqu’exposé à ces tristes réalités. « J’ai pu réussir grâce à M. Green qui était mon entraineur au hockey durant ma jeunesse. J’en ai eu des entraîneurs, mais lui, il a fait toute une différence dans ma vie. Sa sensibilité accrue pour les athlètes qui, comme moi, représentaient une minorité, m’a beaucoup aidé à surmonter les périodes difficiles. J’avais confiance en M. Green et encore aujourd’hui je considère qu’il a eu un impact indiscutable sur ma carrière », ajoute Patrice.
Enfin, l’ancien capitaine de l’Impact a aussi été confronté à la réalité d’être un étranger lors de ses années en Europe. Pour lui, le succès d’une intégration réussie passe par sa propre attitude. « Être ouvert face à la nouveauté, faire passer l’équipe avant l’individu, donner son 100% et contribuer aux succès collectif facilitent toute intégration. Néanmoins, l’organisation, l’entraîneur et les coéquipiers peuvent également aider à l’intégration tout comme d’avoir une personne qui agit comme pilier, mentor ou parrain auprès d’un nouveau coéquipier », termine celui qui a joué au Danemark, en Norvège et en Allemagne.
Au final, Patrice Bernier réitère que la transmission des valeurs humaines contribue à développer le sport sainement et le motive lui, dans son rôle d’Ambassadeur de l’esprit sportif.
M.-A. D.
«Pour Patrice, le sport, au-delà des performances sportives, est d’abord un excellent moyen de se développer sur le plan humain puisqu’il favorise la transmission des valeurs comme, par exemple, l’ouverture sur les autres et l’intégration.»