Faisant suite à la série de blogues publiée dans le cadre de la pandémie liée à la COVID-19, Sport’Aide souhaite vous partager une expérience vécue récemment sur le terrain par un partenaire – Plongeon Québec – qui souhaitait accompagner ses entraîneurs dans ce contexte unique. Laissons donc la place pour le troisième d’une intéressante série de trois blogues résumant cette belle initiative qui mérite d’être connue et – voire même – être reprise ailleurs.
En cette Semaine nationale des entraîneurs, Plongeon Québec aimerait d’ailleurs souligner le travail exceptionnel de ses entraîneurs.
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La création d’un environnement sain et accueillant
La démarche initiée au cours des premiers mois du confinement en collaboration avec Jean-Paul Richard, ex-entraîneur de l’équipe nationale de ski acrobatique et cofondateur du collectif reROOT, s’est avérée une expérience riche en prise de conscience et en partage pour les entraîneurs de plongeon. Rappelons que l’intention de Plongeon Québec avec cette approche collective était de soutenir les entraîneurs dans le but d’augmenter leur bien-être et leur confiance afin qu’ils puissent à leur tour accompagner leurs athlètes au cours des mois à venir. Concrètement, les rencontres virtuelles avec les entraîneurs ont favorisé un processus de réflexion à l’aide d’outils et de mise en action, notamment par l’approche des cercles de coaching, permettant de créer pour les entraîneurs un environnement émotionnellement sécuritaire.
Dans ce troisième article de cette triade, nous vous proposons des témoignages d’entraîneurs qui ont osé se remettre en question lors de cette expérience et se rendre vulnérables en partageant leurs inquiétudes. En choisissant d’être vrais et authentiques, ils ont été en mesure de s’ouvrir à d’autres perspectives, d’augmenter leur compréhension, d’innover et de trouver de nouvelles solutions. Plongeon Québec est fière d’être témoin d’une participation active de ceux et celles qui agissent à titre de mentor pour les jeunes plongeurs et plongeuses afin que ces nouveaux principes de leadership, visant à prioriser le bien-être au service de la performance, aient un impact sur la communauté du plongeon au Québec, et même sur la communauté sportive en générale.
Un souffle nouveau
Depuis un certain temps, une prise de conscience semble prendre forme au sein de la communauté sportive pour redéfinir et donner une nouvelle direction à la performance. Une heureuse orientation qui dépasse le succès, la renommée et le dépassement de ses propres limites : l’atteinte de ses propres buts étant toujours autant importante, cependant pas de n’importe quelle manière ni à n’importe quel prix. Replongeons-nous donc au début de la pandémie où tout s’est précipité et que le chaos prenait place en déstabilisant tout sur son passage. Le monde du sport fut particulièrement ébranlé et les entraîneurs des clubs ne savaient pas trop quoi penser de cette mise sur pause soudaine de leur quotidien. « Lorsque la pandémie s’est concrétisée, il y avait beaucoup de questions sans réponse, beaucoup d’incompréhension, mais surtout beaucoup d’incertitude. Je me demandais si j’allais encore avoir un emploi ou comment mes athlètes allaient réagir à cette situation. », nous a partagé Olivier Duchesneau, entraîneur de plongeon pour ARO, club de plongeon de Québec. « Ce que j’ai trouvé le plus difficile était de savoir ce qu’on allait faire pour le reste de la saison si ce confinement s’éternisait. Mon cerveau travaillait fort pour trouver des façons de garder mes athlètes motivés dans ce moment de confinement. », a-t-il renchéri. Les questions qui revenaient particulièrement souvent de la communauté portaient sur le long terme : qu’adviendra-t-il de la motivation des athlètes? Est-ce que les clubs resteront ouverts? Est-ce que les entraîneurs conserveront leurs emplois? C’est ce sentiment de crainte qui animait, avec raison, de nombreux entraîneurs.
Contrer la solitude par le partage
Les ateliers mis en place par Jean-Paul Richard se sont avérés un moyen de discuter de tous ses changements si abrupts et de réfléchir pour trouver des solutions au quotidien. « Ça a fait du bien de partager, même à distance avec des gens qui vivaient des situations et émotions semblables et d’entendre des points de vue différents vis-à-vis des situations similaires. Ces cercles de coaching nous ont permis de nous ouvrir à des questions que nous ne nous étions pas encore posées nécessairement. Ça nous permettait de poursuivre nos réflexions, mais à voix haute », a commenté l’entraîneure-chef du club de plongeon Gatineau, Mélanie Duff, qui a participé aux ateliers. Les cercles de coaching ont offert une occasion d’ouvrir les discussions afin que les entraîneurs se sentent à l’aise d’aborder des situations qui les inquiétaient et d’en discuter avec leurs pairs de façon très ouverte et sans jugement.
Cette technique utilisée et la création de cet espace sécuritaire psychologiquement lors des ateliers ont permis, selon Jean-Paul Richard, à créer de l’ouverture chez les individus, ce qui a produit un effet de proximité entre les participants et a renforcé le partage puisque ceux-ci se sont sentis accompagnés dans leurs préoccupations et nouveaux défis à relever. L’entraîneur Olivier Duchesneau, d’ARO, explique que « les ateliers m’ont permis de mettre en perspective ce qui se passait autour de moi dans le présent et penser à moi en premier. J’ai l’habitude de mettre les athlètes au premier plan et de tout planifier pour le long terme. Cependant, dans une situation comme celle-ci, je devais penser à mon bien-être et au moment présent pour pouvoir donner mon 100% par la suite aux athlètes durant les entraînements en ligne entre autres. »
Une vulnérabilité essentielle pour mieux avancer
Plusieurs exercices reliés à l’auto-conscience, l’auto-compassion et l’autorégulation ont été organisés. Mais comment les entraîneurs ont-ils concrètement développé leurs outils? Étienne Le Blanc-Brillion, entraîneur au club de plongeon de CAMO, raconte : « Durant le premier atelier, nous avons traité d’auto-conscience en ayant l’opportunité d’entendre d’autres entraîneurs. Cela m’a fait réaliser que d’autres vivaient des problèmes similaires aux miens. Les interactions m’ont permis de reconnaître que ces problèmes existaient et d’accepter que cela était tout à fait normal de les vivre. Pour l’auto-compassion, il était question des émotions dans la gestion et comment elles sont souvent perçues comme néfastes à la prise de bonnes décisions. Toutefois nous nous rendons compte qu’il est impossible pour un humain de se détacher complètement de ses émotions. Il faut au contraire apprendre à se connaître et surtout à reconnaître que certaines émotions peuvent nous habiter selon différents scénarios pour nous amener à prendre de meilleures décisions. » Les exercices d’autorégulation au programme ont, quant à eux, permis de se questionner sur ses valeurs et ses objectifs. Selon plusieurs commentaires d’entraîneurs, ce sont ces trois outils qui leur ont permis de garder le cap vers la destination finale et de savoir comment naviguer, peu importe la tempête qui les secouait.
Selon les études scientifiques, le bien-être chez l’entraîneur a un impact positif direct sur la relation avec ses athlètes, mais pourquoi cela? L’importance du bien-être de l’entraîneur est un concept qui ne se retrouve pas assez souvent au cœur des sujets de discussion et plusieurs personnes pourraient ne pas y accorder beaucoup d’importance. Celles-ci ont même l’habitude de faire passer leurs athlètes en premier, et eux-mêmes en dernier. Pourtant, le succès à long terme avec les athlètes est interrelié à l’équilibre personnel de l’entraîneur et celui de son athlète. Un entraîneur heureux aura des athlètes en général plus heureux et plus motivés, puisque cela créera une relation plus saine et plus équilibrée. « Le bien-être de l’entraîneur, mais surtout le fait que celui-ci ait les outils nécessaires pour s’aider, aura une grande répercussion sur sa performance. Après tout, comment un entraîneur démotivé, épuisé psychologiquement ou frustré par une situation pourra-t-il aider un athlète vivant ces mêmes problèmes », questionnait en terminant Étienne Le Blanc-Brillion, de CAMO.
Avec du recul et en constatant que les athlètes ont traversé le confinement notamment grâce au travail colossal des entraîneurs, on peut dire : mission accomplie ! C’est également grâce au travail de terrain incroyable de Jean-Paul Richard, ex-entraîneur de l’équipe canadienne de ski acrobatique et qui est maintenant consultant et coach en performance, ainsi que la participation active des entraîneurs de plongeon, que ces ateliers et cercles de coaching ont pu se développer. Merci à M. Richard pour son empathie, sa belle collaboration et son engagement. Un merci spécial à Johanne Boivin qui a chapeauté tout le projet de A à Z.
Ces articles sont une belle collaboration signée Plongeon Québec et Sport’Aide.
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Références
The Sport Journal, «The Role of Emotion in Sport Coaching: A Review of the Literature», <https://thesportjournal.org/article/the-role-of-emotion-in-sport-coaching-a-review-of-the-literature/>, 12 mai 2020.
Fowler. Susan (2019). Master your motivation : Three Scientific Truths for Achieving Your Goals. Oakland : Berrett-Koehler Publishers, Inc. 192 p.
« Le bien-être de l’entraîneur, mais surtout le fait que celui-ci ait les outils nécessaires pour s’aider, aura une grande répercussion sur sa performance. Après tout, comment un entraîneur démotivé, épuisé psychologiquement ou frustré par une situation pourra-t-il aider un athlète vivant ces mêmes problèmes. »