Mercredi dernier, profitant de son passage à Québec pour le tournage de nouvelles capsules promotionnelles pour Sport’Aide et Sportbienêtre.ca (bientôt sur nos écrans!), Chantal Machabée, s’est arrêtée à nos bureaux pour y rencontrer l’équipe de Sport’Aide. Résumé d’un après-midi riche en histoires et en anecdotes. Tantôt comiques, loufoques et improbables, nous avons aussi et surtout eu droit à des histoires inspirantes, lourdes de sens et qui portent à réfléchir.
Au Québec, Chantal est ni plus ni moins qu’une pionnière dans le domaine du journalisme sportif, un domaine plutôt masculin… jusqu’à ce qu’elle ne réussisse à s’y faire une place, et ce, non sans sacrifices. C’est donc forte de ses 35 ans d’expérience en journalisme sportif, qu’elle a généreusement accepté de nous partager certains constats et réflexions découlant de ses propres expériences et alimentés des rencontres faites tout au long de sa vie. Parmi celles-ci, en voici deux qui ont particulièrement retenu notre attention.
« N’acceptons pas l’inacceptable »
Elle vous le dira elle-même, pour réussir à faire sa place dans cette faune médiatique sportive au début de sa carrière, Chantal a dû apprendre à accepter, tolérer, endurer et survivre à une panoplie d’obstacles et de difficultés liés à la mentalité machiste du sport. « C’est en 2016, lorsque j’ai vu passer un reportage d’ESPN (#MoreThanMean – Women in Sports ‘Face’ Harassment), que j’ai décidé que ça devait cesser. Jusqu’à ce jour, je m’étais construit une carapace par ces milliers de messages et commentaires haineux, sexistes et dégradants et j’avais donc appris à vivre avec cette réalité. Par la force des choses et grâce à cette passion inébranlable que j’éprouvais pour les sports, j’en étais venue à banaliser ces comportements en me disant que c’était normal puisque j’étais une femme dans un monde d’hommes », se rappelle Chantal.
« Après avoir visionné ce reportage, je me suis dit que cette réalité malsaine et néfaste n’avait pas sa place et ne devait plus être endurée et encore moins normalisée. Quand je repense aux conséquences et aux impacts négatifs sur ma famille et moi, ces attaques quotidiennes (des dizaines de messages par jour) étaient devenues lourdes à porter. C’est donc à partir de ce moment que j’ai décidé de partager mon expérience afin de sensibiliser le milieu sportif aux difficultés, injustices et mauvais traitements imposés aux femmes en contexte sportif». Depuis cette sortie du placard et la publication récente de sa biographie, il est encourageant de savoir que Chantal ne reçoit maintenant qu’une fraction des messages et commentaires injurieux qu’elle recevait quotidiennement autrefois. Comme quoi la sensibilisation et la conscientisation portent leurs fruits. « Il faut cesser d’accepter l’inacceptable, défendre ses droits et les faire valoir », ajoute cette battante qui a grandement contribué à faire évoluer les mentalités positivement.
La peur est anti-pouvoir
Autre constat que nous a partagé Chantal : la peur joue un rôle important dans notre tolérance de l’inacceptable. « Ce sont souvent nos peurs qui nous empêchent de mettre le pied à terre pour dire que ça suffit! La peur de ne pas être cru, de décevoir, de contrarier ou de se faire des ennemis. La crainte de se faire juger, que rien ne change ou d’en subir les contrecoups éventuels. Bref, les raisons d’avoir peur sont malheureusement nombreuses et, qu’elles soient fondées ou non (nos peurs sont plus souvent irrationnelles que le contraire), nos peurs sont bien réelles et ont toujours comme premier impact de nous paralyser, de nous maintenir dans le statu quo et de nous porter à endurer ou à fuir », explique Chantal qui comprend aussi ce que peuvent vivre des athlètes.
« Avoir le courage de se lever, de parler ou de se défendre lorsque nous faisons partie d’une organisation ou d’un club sportif, ce n’est certainement pas facile, mais ça demeure la meilleure façon de prendre action pour se redonner du pouvoir face à la situation vécue et faire qu’elle cesse. Pour combattre cette peur, il faut d’abord et avant tout oser en parler et demander de l’aide puisque vous n’êtes pas seul et je suis contente de voir qu’une organisation comme Sport’Aide existe maintenant pour fournir ce soutien », termine Chantal.
Nous en profitons donc pour vous rappeler que si vous vivez une situation difficile dans votre environnement sportif, contactez un ou une intervenant de Sport’Aide n’importe quand par téléphone ou via nos plateformes virtuelles. Et si le doute vous habite, inspirez-vous de Chantal qui a réussi à surmonter ses peurs pour réussir à faire changer les choses en étant entourée de bonnes personnes qui l’ont soutenue à travers sa démarche.
En terminant, sachez qu’il est possible pour votre organisation sportive d’inviter Chantal à venir partager son expérience puisqu’elle fait partie des « Ambassadeurs et ambassadrices de l’esprit sportif », un programme lancé en octobre dernier par Sport’Aide et le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur du Gouvernement du Québec.
Merci à toi Chantal pour ton engagement et ta persévérance puisque tu contribues à faire changer les choses!
M.-A. D.
” […] Quand je repense aux conséquences et aux impacts négatifs sur ma famille et moi, ces attaques quotidiennes (des dizaines de messages par jour) étaient devenues lourdes à porter. C’est donc à partir de ce moment que j’ai décidé de partager mon expérience afin de sensibiliser le milieu sportif aux difficultés, injustices et mauvais traitements imposés aux femmes en contexte sportif. ” Chantal Machabée