Comprendre l’intimidation (Partie 2)

Dans le cadre du lancement prochain – ce 16 mai – de notre nouveau programme À l’action! Agissons contre l’intimidation en milieu sportif, nous vous proposons une série de textes qui porteront sur la thématique de l’intimidation.

Le premier texte nous avait enseigné que l’intimidation est le fait de vivre des microviolences à répétition. Cependant, lorsque l’on parle de microviolences, il est pertinent de se poser cette question : Considérant qu’il s’agit de violences de moindre intensité (insulte ou menace), est-ce que les victimes subissent et conservent vraiment des conséquences ?

Victimes

Comme il a été mentionné dans le précédant texte, c’est la répétition qui importe en intimidation. On peut dire que c’est l’équivalent du supplice de la goutte d’eau et que cette technique cause des dégâts.

Conséquences psychologiques et socialesConséquences sportives
Anxiété et dépressionAbandon du sport
Tristesse, colère et honteChangement de sport
Faible confiance en soiDistance par rapport à l’entraineur
Pensés suicidaires et comportements autodestructeursDistance par rapport aux coéquipiers 
Isolement
Retard développemental des habiletés sociales

(Alder, 2014; Parent et al., 2019; Symons et al., 2014)

Certaines personnes devront même vivre avec les conséquences de l’intimidation toute leur vie. En suivant leurs sujets de l’enfance à l’âge adulte, Ttofi et al. (2011) ont bien montré que même 36 ans après les évènements, les personnes ayant été victimes d’intimidation durant leur enfance étaient toujours beaucoup plus à risque de développer des problématiques liées à la dépression.

Si certaines victimes portent les marques psychologiques de l’intimidation toute leur vie, elles sont loin d’être les seules puisque les auteurs aussi en seront marqués.

Auteurs

Les auteurs d’intimidation semblent avoir le beau rôle et subir peu de conséquences. Pourtant, ils ne s’en sortent pas indemnes. En fait, le principal problème avec les intimidateurs c’est qu’ils apprennent à valoriser la violence pour arriver à leurs fins (Galand et al., 2015; Lucia 2015). C’est d’ailleurs pourquoi ils auraient de la difficulté à établir des relations saines avec les autres. De prime abord, ils ne s’entendent souvent pas très bien avec leurs entraîneurs (Evans et al., 2016). Ensuite, s’ils sont populaires auprès de leurs pairs, ils sont rarement très appréciés (Caravita et al., 2009). Tout à fait normal, car qui veut côtoyer une personne qui passe son temps à utiliser la violence pour se valoriser ?

Pire encore, les auteurs d’agressions tendent à développer des troubles agressifs pouvant même les suivre eux aussi tout au long de leur vie. Les études ont montré qu’être auteur de violence pendant son enfance entraînait une multitude de problèmes plus tard dans la vie:

  • troubles agressifs
  • délinquance
  • problèmes avec la justice
  • assaut
  • vol
  • port d’arme
  • violence sexuelle
  • difficultés relationnelles
  • consommation de drogues
  • emplois de bas statut social et
  • chômage

(Farrington et al., 2011; Espelage et al., 2012).

De manière générale, l’intimidation prédit une vie insatisfaisante (unsuccesful life) même 36 ans après les évènements (Farrington et al., 2011). En ce sens, les auteurs subissent eux aussi de graves conséquences en raison de leurs actions.

Témoins

S’il est maintenant établi dans la recherche que les victimes et les auteurs d’agression subissent des répercussions négatives de l’intimidation, les témoins de l’intimidation sont aussi touchés par cette problématique. Plus une personne serait témoin de violence, plus elle aurait tendance à adopter des conduites agressives et antisociales. Les témoins devenant de plus en plus insensibles à la violence observée, pourraient arriver à la percevoir comme un moyen légitime pour se faire respecter (Ng-Mak et al., 2002; Schwab-Stone et al., 1995).

Conclusion

Au final, personne ne gagne avec l’intimidation. Au contraire, c’est une situation où tout le monde est perdant. C’est pourquoi il est important d’agir pour éviter qu’une personne ne reste prise avec des conséquences graves tout au long de sa vie ou simplement pour éviter d’avoir un climat négatif dans son équipe.

Notre prochain texte portera sur notre porte-parole : Cindy Ouellet. Vous pourrez en connaitre davantage sur elle et pourquoi elle est toute désignée pour faire partie d’un projet comme le nôtre.

En attendant, consultez notre site contrerlintimidation.sportaide.ca pour y retrouver notre premier outil de prévention de l’intimidation en sports, une série de quatre bandes dessinées intitulée : Les aventures de Cindy.

Alexandre Baril

Chargé de projet – À l’action! Agissons contre l’intimidation

Sport’Aide

Médiagraphie

Adler, A. L. (2014). An Examination into Bullying in the Adolescent Sport Context (Doctoral dissertation).

Caravita, S. C., Di Blasio, P., & Salmivalli, C. (2009). Unique and interactive effects of empathy and social status on involvement in bullying. Social development18(1), 140-163.

Espelage, D. L., Basile, K. C., & Hamburger, M. E. (2012). Bullying perpetration and subsequent sexual violence perpetration among middle school students. Journal of Adolescent Health50(1), 60-65

Evans, B., Adler, A., MacDonald, D., & Cote, J. (2016). Bullying victimization and perpetration among adolescent sport teammates. Pediatric exercise science28(2), 296-303.

Farrington, D. P., & Ttofi, M. M. (2011). Bullying as a predictor of offending, violence and later life outcomes. Criminal behaviour and mental health21(2), 90-98

Galand, B., & Baudoin, N. (2015). Qu’est-ce qui anime les auteurs de harcèlement : Pouvoir, déviance, détresse, protection ou compensation? Dans C. Beaumont, B. Galand et S. Lucia (dir.), Les violences en milieu scolaire ; définir, prévenir et réagir… (p. 49-67). Québec, Les Presses de l’Université Laval : Collection de la Chaire.

Lucia, S. (2015). Auteurs de harcèlement, étude de leur profil et de l’influence du contexte scolaire. Dans C. Beaumont, B. Galand et S. Lucia (dir.), Les violences en milieu scolaire ; définir, prévenir et réagir… (p. 31-48). Québec, Les Presses de l’Université Laval : Collection de la Chaire.

Ng‐Mak, D. S., Stueve, A., Salzinger, S., & Feldman, R. (2002). Normalization of violence among inner‐city youth: A formulation for research. American Journal of Orthopsychiatry72(1), 92-101.

Parent, S. et D’Amours, C. (2019). Intimidation en contexte sportif. Repéré à https://www.inspq.qc.ca/intimidation/jeunes/intimidation-en-contexte-sportif.

Schwab-Stone, M. E., Ayers, T. S., Kasprow, W., Voyce, C., Barone, C., Shriver, T., & Weissberg, R. P. (1995). No safe haven: A study of violence exposure in an urban community. Journal of the American Academy of Child & Adolescent Psychiatry34(10), 1343-1352

Symons, C., O’Sullivan, G., Borkoles, E., Andersen, M. B., & Polman, R. C. (2014). The impact of homophobic bullying during sport and physical education participation on same-sex attracted and gender diverse young Australians’ depression and anxiety levels.

Ttofi, M. M., Farrington, D. P., Lösel, F., & Loeber, R. (2011). Do the victims of school bullies tend to become depressed later in life? A systematic review and meta-analysis of longitudinal studies. Journal of Aggression, Conflict and Peace Research3(2), 63-73.

«Si certaines victimes portent les marques psychologiques de l’intimidation toute leur vie, elles sont loin d’être les seules puisque les auteurs aussi en seront marqués.»

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